Les délires d'Akakia

jeudi, mars 31, 2016

Projet de loi 64 / Les anti-registres reçoivent un appui de taille dans l'élection complémentaire de Chicoutimi

La question du projet de loi 64 sur l'enregistrement des armes à feu d'épaule prend une tournure majeure dans la campagne électorale pour le comté Chicoutimi. M. Legault et la candidate de la CAQ, Hélène Girard, acceptent les trois exigences que je leur ai soumises pour leur donner mon appui dans l'élection complémentaire de Chicoutimi .

Nous avons réussi à percer la carapace de cette anti-démocratie qui domine sans partage l’institution parlementaire à Québec. Avec cette double annonce de M. Legault et de sa candidate dans Chicoutimi, l’unanimité totalitaire qui gangrène notre Parlement, est rompue. Il faut maintenant élargir la brèche et c’est pourquoi je demande à ceux et celles qui sont solidaires de ma position contre le registre des armes à feu, de voter pour Hélène Girard.

Comprenons bien que cet appui et ce vote ne valent que pour l’élection complémentaire dans Chicoutimi et que je reste en tous points un électron libre, sans allégeance partisane.

À défaut de l'inconfort, des embêtements et de l’humiliation qu’il crée auprès des propriétaires légitimes d’armes à feu, le projet de loi 64 aura eu à tout le moins le mérite de mettre en évidence la décadence désolante du système parlementaire du Québec qui permet au premier ministre de s’emparer de cette ultime institution pour exercer un pouvoir exclusif en son propre nom et au profit du Parti libéral. Ce parti arrogant qui méprise le peuple des régions, mérite d’être remis à sa place ! Ensemble, payons-nous un moment de dignité et de courage, et allons exprimer notre refus lors du vote de la fin de semaine.

M. le premier ministre, nous nous souviendrons du tort que vous nous avez créé lors de l’élection générale que vous ne pourrez éviter. Et nous vous donnons rendez-vous pour 2018 !...

Akakia

vendredi, mars 18, 2016

L’imposture du suicide au Québec et la loi 64 sur l’enregistrement des armes à feu d’épaule

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Ce graphique est publié avec d'autres données, dans le Mémoire de 27 pages que j'ai rédigé en réponse au projet de Loi 64. Il est actuellement disponible sur le site « Les Classiques des Sciences sociales » (voir le lien, en bas du présent texte)
 Dans un court texte titré « L’enregistrement des armes pour prévenir le suicide » (in Le Devoir, 18 mars 2016), M. Jérôme Gaudreault, Directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (aqps.info) déclare que « L’ensemble des mesures fédérales adoptées à la suite de la tuerie de Polytechnique, dont l’enregistrement de toutes les armes, a été associé à une baisse phénoménale des suicides par arme à feu. Au Québec, dit-il encore, « nous avons constaté une baisse de 60% de suicides par armes à feu entre 1995 et 2008, et ce, sans indice de substitution avec d’autres moyens. » C’est là tout l’argumentaire déployé par ces professionnels qui utilisent la tribune de la prévention du suicide au Québec pour épaissir l’enveloppe budgétaire qui leur est allouée par l’État, et pour permettre à l’État policier d’étendre sa férule au nom de la protection du public.

Pour répondre à ce sophisme de premier ordre utilisé par tous les groupes pro-registre (entendons le lobby des policiers et policières du Québec, le lobby féministe du Québec et le lobby de la « Prévention du suicide » du Québec) ; pour connaître, dis-je bien, l’état réel du suicide au Québec, il suffit de savoir deux petites choses bien simples et de reprendre les données du directeur Jérôme Gaudreault qui n’a même pas eu la décence de citer ses sources et de bien traduire les chiffres du tableau officiel qu’il a lui-même utilisé, soit le tableau no 1 publié par l’Institut national de Santé Publique du Québec, en page 5 de son « Rapport » sur « La mortalité par suicide au Québec : 1981 à 2010 (mise à jour 2013) ».

Pour un, de 1995 à 2000, le taux de suicides au Québec, au lieu de baisser comme l’annonce, urbi et orbi, M. Gaudreault, a tout simplement continué de monter, passant alors de 20,2 par 100,000 habitants en 1995, à 22,2 par 100,000 habitants en 1999. Et pour deux, il faut savoir qu’à compter de 2001, l’État du Québec, gêné d’exposer l’un des plus hauts taux de suicides au monde, par le biais d’une nouvelle directive inscrite dans la Loi des coroners (cf. « L’Investigation «), a modifié la définition du suicide chez nous en ajoutant, aux « critères objectifs » universellement acceptés (entendons qu’un suicide est quelqu’un qui s’enlève la vie volontairement), des « critères subjectifs ». Par ce subterfuge, l’État a ainsi permis de classer plusieurs suicides dans la colonne des accidents et, le cas échéant, de faire baisser artificiellement la courbe du taux de suicides à une norme plus près de la norme canadienne qui se situait, en 2008, à environ 11,6 par 100,000 habitants.

Si vous voulez savoir comment le Québec a triché et triche encore sur les chiffres pour faire baisser la courbe du taux de suicides, à compter de 2001, avec l’aide des bonzes de l’Association québécoise de la prévention du suicide. Si vous voulez savoir comment l’État du Québec s’emploie à masquer la faillite monumentale de ses politiques en matière de justice, de santé publique, d’économie et de déficit démographique en détournant l’attention du peuple vers le faux problème des armes à feu. Si vous voulez en savoir plus sur cette imposture d’État, je vous suggère de lire le Mémoire que j’ai rédigé en prévision de la Commission parlementaire devant siéger sur le projet de loi 64. Pour ceux et celles qui veulent comprendre et faire l’effort pour y arriver, il suffit donc de vous reporter au site « Les Classiques des sciences sociales » de l’UQAC, et de prendre le temps de lire le document titré « Immatriculation des armes à feu, un projet de loi qui foule au pied la réalité du Québec profond, qui vise la mauvaise cible et qui mine les bases de notre démocratie ».

Russel-Aurore Bouchard
Historienne
Chicoutimi

samedi, mars 12, 2016

Être Femme ou ne pas Être

Lettre ouverte à la journaliste Patricia Rainville,
Le Quotidien, Chicoutimi

Bonjour Patricia.
J'ai évidemment lu ta chronique de ce matin dans laquelle on cause de moi. Sur la féminitude, sur la notion d'être Femme avec un grand F, je suis entièrement d'accord avec toi. Le genre n'est pas un choix ! S'il en eut été, j'aurais choisi de rester comme la biologie me l'avait imposée à la naissance. Cela aurait été infiniment plus facile de rester ainsi, de faire mon petit bonhomme de chemin, d'autant plus que j'étais, dit-on, bel homme, qui plus est attirant, le mâle parfait quoi !

Mais voilà, ce n'était qu'une image, qu'une obligation biologique incontournable que m'avait donné la vie, ce qui a fait tout mon malheur.

Aujourd'hui, quand on me regarde à partir de mon acte de baptême, j'ai 67 ans d'âge. Mais, en fait, je n'ai que neuf ans, car j'ai commencé à être pleinement moi quand, rendue à l'extrême de cet inconfort, j'ai su trouver la force de l'affirmer avec tout ce que cela implique. Pas facile d'Être en avant de son temps. Mais pour que les choses avancent, il faut des précurseur(e)s, des gens qui osent défoncer les interdits, sonder l'inconnue, écrire des inédits. Je crois que le courage et la liberté c'est un peu ça ; être soi-même, digne et authentique, en toutes circonstances, malgré le prix à payer.

Après ce coup de théâtre Shakespearien, il m'a fallu tout reconstruire, retrouver mon centre, récupérer mes espaces publiques, féminiser mon corps grâce aux avancées de la médecine moderne, faire changer mon statut d'homme à femme dans l'État civil du Québec, faire la preuve que j'étais le même être, flamboyant, authentique, sensible, rebelle. Pour poursuivre ma destinée d'écrivaine, il a fallu que je persiste plus que je ne l'avais jamais encore fait, que je travaille encore plus fort, que je fasse de meilleurs livres. Et c'est sans compter les trois fois où j'ai été physiquement attaquée par des hommes : les deux premières fois par des groupes de jeunes ados (des deux sexes) ; et la troisième fois par un jeune homme de 27 ans qui a voulu me tuer pour ce que je suis et que j'ai dû amener devant les tribunaux avec tout ce que cela implique pour une femme, avec la crainte de ne pas être prise au sérieux, d'être jugée sinon d'être tenue responsable de ma propre agression.

Qu'est-ce qu'une femme ? Qu'est-ce qu'un homme ? Bien malin celle ou celui qui peut donner une réponse sans nuances à une telle question. Depuis ma sortie du printemps 2007, j'ai eu le temps d'y méditer. Quand on passe par le chemin que j'ai dû emprunter pour poursuivre ma route, on ne peut faire autrement que de sombrer dans des moments d'incertitude et d'hésitation. Mais j'ai finalement compris que cette incertitude ne vient pas de soi, qu'elle vient du regard inquisiteur des autres, de ce refus tel qu'exprimé par ton interlocuteur qui renvoie à la seule maternité le fait d'être ou de pas être une femme.

De la naissance à la mort, on ne nous apprend qu'à ne pas être ! Les tabous, les lois, les interdits, les préjugés, les religions, les idéologies, ce qu'on a ou ce qu'on n'a pas entre les deux cuisses, tout ça nous oblige à rentrer dans le rang dès la sortie de l'utérus et à ne jamais en sortir. Nous sommes ce que la société fait de nous, m'a déjà dit un ami français très vif d'esprit. De fait, personne ne nous apprend à être libre. C'est une découverte, un dépassement qui ne peut venir que de soi et qui n'appartient qu'à ceux et celles qui osent se rendre au-delà de ces frontières. C'est ce que j'ai fait de ma vie et la Femme que je suis n'aura jamais été qu'un véhicule qui me permet d'apprécier ce que c'est d'être libre. Et le genre n'a absolument rien à y voir...

Russel-Aurore Bouchard
Chicoutimi


mercredi, mars 09, 2016

Enregistrement des armes à feu au Québec : à propos de ce fameux « héritage du registre » fédéral !

Pour agrandir le graphique, cliquer sur l'image.

Dans une lettre d'opinion publiée le 9 mars 2016, dans le journal Le Devoir, l'auteur, Benoît Laganière, fustige « la propagande du lobby des armes à feu », et annonce que le registre des armes d'épaule aurait coûté « environ 200 M$ et non un milliard [qui se veut] un mythe continuellement propagé par les opposants au registre » (sic). Ici encore, aucune source crédible et vérifiable n'apparaît en note en bas de page ou entre parenthèses. Bonjour la crédibilité ! Une manie dans la République de Poly !

Vu que ces supporteurs du mouvement Polysesouvient sont tout à fait incapables d'expliquer comment ils en viennent à de telles conclusions,  je vais prendre une bien petite minute de mon temps pour leur rappeler que le coût total du Programme du registre canadien des armes à feu, à la fin de l'exercice pour l'année 2005, a coûté, au minimum, 1,044 milliards $. Ces chiffres ne viennent pas de nulle part ! Ils sont tirés du « Chapitre 4 » du « Rapport de la vérificatrice générale du Canada », lequel a été déposé en mai 2006. 

Après cette date, le gouvernement fédéral ne fournit plus de données à cet égard et on comprendra pourquoi en lisant la suite...

De fait, lors du dépôt de son mémoire, la Vérificatrice générale a avoué qu'elle a dû « interrompre la vérification de l'information financière sur le Programme parce que les données n'étaient pas fiables ». Pour être bien certaine que l'histoire ne pourra l'accuser de s'être fourvoyée dans ce dossier fumant et pour qu'on sache bien à qui imputer la faute, elle rajoute (point 4.4 de son Introduction) « que le ministère de la Justice Canada n'avait pas présenté fidèlement le coût net du Programme » et indique qu’il « n'avait pas donné assez d'informations au Parlement pour permettre un examen satisfaisant du Programme ou pour expliquer la hausse vertigineuse de ses coûts ». Et ce n'est pas tout ! Au point 4.6 de l'Introduction de ce fameux « Rapport », le Secrétaire du Conseil du Trésor, bien mal pris dans cet étau financier dont il a pourtant la garde au premier chef, prend la plume et tente de justifier ses manquements en soulignant que la mise en oeuvre d'un programme de cette ampleur « représentait des défis importants pour le ministère de la Justice » et indique « qu'il avait toujours su que les estimations d'origine devraient être révisées en fonction des besoins qui allaient survenir au cours de sa mise en oeuvre ». 

En 2012, à la fin du programme fédéral, le ministère de la Justice du Canada n'avait toujours pas répondu aux questions formulées par la Vérificatrice générale. Mais qu'importe ! Nous le savons tous très bien, au Québec, le premier ministre Couillard nous l’assure et son ministre du Conseil du trésor n’a rien à redire à cet égard ; qu’importe, ici on a appris des erreurs du Fédéral et on fera les choses différemment, à notre manière (sic), avec une fleur de lys placardée bien haut dans le front ! Et c'est sans doute parce que nous savons faire les choses si différemment dans cette Belle province du Dominion que, de 1996 à 2007, le poids Démographique du Québec dans l'univers Canadien est passé de 29% à 23,7% ;  le poids de l'Emploi, de 28% à 23,5% ; le poids du Revenu personnel disponible, de 26% à 21,6% ; et le poids du Produit intérieur brut, de 26% à 19,6% (Sources : STATCAN).

Et je ne vous ai pas encore parlé de la question du suicide ! Une parenthèse que je me réserve dans le Mémoire que j’ai rédigé en prévision de la Commission parlementaire devant siéger sur le projet de loi 64. Lancement à venir, le 16 mars prochain, devant les membres du Cercle de Presse du Saguenay…

Akakia

lundi, mars 07, 2016

La vérité sur le coût du registre des armes d'épaule au Québec : 690 M$, au minimum pour dix ans

Selon l'article paru ce matin, 7 mars 2016, dans le Journal de Montréal, sous la plume de Jean-Nicolas Blanchet et Geneviève Lajoie (texte titré :« L'explosion des coûts du registre ») ; selon ces deux journalistes, le registre des armes à feu coûtera deux fois plus que prévu et se situera, pour dix ans, à environ 62 M$. Les auteurs de cet article se plaignent d'ailleurs du fait que le Gouvernement n'a pas voulu expliquer ces chiffres ni lui dire s'ils étaient fondés.

Et pour cause ! On comprendra pourquoi simplement après avoir lu ce qui suit...

M. Blanchet et sa collègue n'avaient effectivement pas à aller si loin pour trouver le résultat le plus probant possible. Une équation mathématique bien simple aurait pu faire tout le décompte. En fait, nous savons que le registre Canadien des armes à feu d'épaule à coûté entre 2 et 3 milliards de dollar$ échelonnées sur une douzaine d'années. Nous savons également que la population du Canada se chiffre à 35,7 millions d'habitants et que le Québec en compte 8,2 millions. Le poids démographique du Québec compte ainsi donc pour un peu plus de 23% de la population canadienne. Ce ratio est formel et nous indique la suite !

Sachant cela, si nous retenons le chiffre minimal de 2 milliards de dollars pour le registre canadien et que nous le reportons à 23% qui est le poids démographique du Québec dans l'univers canadien, nous arrivons donc à un montant minimal d'environ 460 M$ pour le même nombre d'années. Et si nous prenons le maximum de 3 milliards de dollars comme plusieurs commentateurs l'ont estimé, nous montons alors la facture à quelque 690M$.

Et nous n'avons pas encore calculé la baisse de la valeur du dollar canadien, plus le coût d'inflation, plus le chaos de l'informatique au Québec dont les coûts n'en finissent pas d'exploser.

C'est à frémir ! Car ce montant, ce sont les régions ressources qui meurent à petit feu, le système de santé publique, les soins de santé, l'éducation, les universités, les retraités, etc. qui vont en payer le prix...

Akakia