Les délires d'Akakia

vendredi, janvier 23, 2015

Sauvegarde du patrimoine au Saguenay–Lac-Saint-Jean – Il faut un plan de conservation blindé !


Quelle ville au Québec et au Canada  aurait pu se vanter d'avoir encore la maison de son fondateur ? Si les décideurs et l'élite intellectuelle qui prétendent tout connaître avaient eu un peu de discernement doublé d'un peu de courage, Chicoutimi, aurait pu devenir cette perle rare. Malheureusement, en 1951, ces mêmes administrateurs et cette même élite acceptèrent, au nom d'un sacro saint développement, la démolition de cette maison construite dans les premières heures de la colonisation, en 1842. Dans une indifférence sociale crasse, elle fut ainsi donc remplacée par un vulgaire poste à essence qui n'existe plus aujourd'hui (tout un développement messieurs-dames les développeurs !!!) suivi d'un édifice à logements qui souille un site historique sacré et un paysage magnifique. Quel Gâchis !


Depuis le temps que je me désole de voir disparaître, année après année, tous ces points de repères de notre histoire et de notre culture, qui pourrait me reprocher de ne pas y aller avec le dos de la cuillère ? Le résultat est patent et peut se vérifier d’un bout à l’autre de la région. Aucune municipalité n’y échappe. De La Doré à Petit-Saguenay en passant par Roberval, Alma et Saguenay, notre héritage patrimonial est un terrain de ruines et une désolation sans nom ! À quelques exceptions près, les plus beaux morceaux porteurs de sens ont disparu. Et le petit peu qui a survécu de ce carnage vit sur du temps emprunté. Le malaise est donc total et la suite me semble, hélas, toute indiquée !
On dirait que nous avons perdu notre conscience et la fierté d’être ce que nous sommes par l’histoire, par notre culture, et par notre volonté de survivre. Nous ne respectons plus rien ! Patrimoine bâti quel qu’il soit, patrimoine immatériel et naturel, bibliothèques publiques qu’on vide des ses vieux livres pour faire place au virtuel sans avoir étudié le fond de la question, sans en avoir débattu au préalable. Noms de localités et noms de rues rayés du dictionnaire toponymique, églises et maisons ancestrales, rien n’est à l’abri. Tout ce qui contribue à définir notre caractère identitaire est comdamné à court terme. En raison de l’indifférence de tous, nous sombrons dans une mer d’insignifiance.
Malgré ce triste résultat, je reste d’avis que ce qui a survécu de cette hécatombe patrimoniale régionale mérite qu’on s’y attarde. Je me désole, mais je ne jette pas encore la serviette. La solution n’est pourtant pas bien compliquée. Elle relève de la conscience de tous et d’une volonté politique affirmée. Et elle se résume à un plan de gestion patrimoniale assorti d’un calendrier de conservation et de règles souveraines qui baliseraient nos choix et dicteraient la marche à suivre. Au Québec et au Canada, cela se fait déjà dans le cas des archives publiques, et je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas nous en inspirer. C’est la logique du bon sens, l’orchestration d’un sain développement à définir autour de trois ou quatre questions pourtant bien simples, pour peu qu’on accepte de se les poser avec le souci de l’engagement :
Que reste-t-il à conserver ? Qu’est-ce qui mérite d’être conservé ? Qu’est-ce qui doit être conservé coûte que coûte et qu’est-ce qui peut être sacrifié sur l’autel du développement ? Quels sont les critères sur lesquels il faut baser nos choix et quels sont les efforts que nous acceptons de faire pour les respecter ? Cela vaut pour le patrimoine sous toutes ses formes, pour tout ce qui relève des prérogatives et responsabilités des ministères concernés, pour tous les conseils municipaux et pour notre Église diocésaine qui, manifestement, est débordée par le contexte difficile qu’elle traverse.
Cette demande pourtant bien simple, je l’ai déposée régulièrement sur la place publique depuis le début des années 1990. J’ai essayé de soulever le débat à de multiples reprises, mais je n’ai pas réussi. Vingt-cinq ans déjà, et toujours rien ! Pas étonnant qu’on se demande encore si on doit conserver ou pas les malheureux restes de l’église Fatima, abandonnée comme tant d’autres témoins aux meurtrissures du temps. Dans un cas comme dans l’autre, l’improvisation mène le bal, le temps supplée au laxisme politique. Tant que les institutions responsables du patrimoine sous toutes ses formes ne s’arrêteront pas pour débattre de la question qui aboutira sur un plan de gestion blindé, c’est foutu ! Le massacre va se poursuivre et ce qui reste est condamné à disparaître. Encore une ou deux générations et ça y sera ! Les derniers murs qui portent encore les traces de notre passé se seront écroulés. Nous aurons alors mérité de ceux qui vont nous succéder, à la fois l’oubli et le mépris…

Akakia

samedi, janvier 10, 2015

L'après tuerie chez « Charlie Hebdo » — La Liberté dans le colimateur !




Cette réalité qu’on nous impose de part et d’autre

Il y aurait beaucoup à dire sur les événements tragiques qui ont déferlé sur la France en ce début d'année 2015. L’affaire est tellement grosse, tellement démesurée pour ne pas dire surréaliste, qu’on ne sait plus par quel bout commencer ! On aura beau mettre en garde le bon peuple contre les dangers des amalgames et la stigmatisation d’une communauté par rapport à une autre en raison de sa religion. On aura beau en appeler au calme et à la civilité de tous, il n'empêche que l'affaire à de quoi émouvoir tous les mécréants et les apostats qui risquent de se retrouver, un jour ou l'autre, devant un ou deux illuminés  qui leur tirent dans le bide au nom de leur prophète. Le fait est bien connu, une balle tirée par une Kalashnikov (manipulée ou pas par un fanatique de l'islam) n'a pas de religion et n'a qu'un but, tuer l'autre à défaut de le soumettre !

Oui, comme l’a souligné le président Hollande dans son discours qui a suivi la tuerie de Paris, « nous sommes en guerre contre la barbarie ». C’est un peu troublant de le dire ainsi, mais c’est une réalité qu’on nous impose. L’État Islamique, AlQuaïda et leurs fanatiques ne nous laissent plus le choix.  Et dans ces circonstances, il faut neutraliser l’ennemi partout où il se trouve, affirmer notre détermination à vaincre et rester solidaires quand il est temps d’intervenir.

Mais comment se prémunir contre une telle folie déployée au nom d’Allah ? Est-il possible d’y arriver sans sombrer dans les travers d’une répression accrue au nom de la Liberté, un principe que d’aucuns ne se priveraient pas d’écorcher par les voies démocratiques, pour accroître leurs pouvoirs personnels et leurs ascendances sur le pays tout entier. « À situation extrême, mesures extrêmes » dit-on en pareille circonstance. Bien que je sois d’accord avec la précarité du moment et la nécessité d’agir efficacement et avec scélérité contre ces débris de l’humanité qui nous tirent dessus avec des armes d’assaut, je ne suis pas d’accord avec ce sophisme régulièrement évoqué depuis le début des attentats de Paris. La démocratie qu’on dit vouloir défendre en haut des tribunes, c’est justement la nuance entre les deux extrêmes, la mesure dans la démesure. Et dans les circonstances que nous connaissons présentement, la précipitation ne m’apparaît surtout pas comme une option souhaitable.

Par nos lois, nous sommes déjà armés d’un puissant arsenal pour combattre le fléau du terrorisme chez nous. Je ne dis pas qu’on ne doit pas ajuster certaines règles aux nouvelles circonstances ; je dis simplement qu’il ne faut pas sombrer dans l’hystérie de l’après 11 septembre 2001. Car je n’oublie pas que c’est au nom de la Liberté et de la Démocratie que les Américains et leurs alliés ont ensuite envahi l’Irak en justifiant leurs actions par des mensonges, qu’ils ont chauffé l’enfer à Abou Ghraib et à Guantanamo, foulé aux pieds les Droits de l’Homme et justifié l’emploi de la torture dans des centres de détentions outrageusement exclus du parapluie constitutionnel.


« Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »

Le jour de l’attentat, avant que les corps des douze martyrs de Charlie Hebdo soient vidés de leur sang, le premier ministre Harper n’a pas perdu de temps pour prendre les Canadiens à témoin et affirmer ses intentions. Il a mentionné que son gouvernement cherchait déjà « à accorder des pouvoirs additionnels aux agences de sécurité afin qu'elles puissent cerner les menaces terroristes potentielles et détenir des personnes si cela est jugé nécessaire ». Voilà de quoi nous inquiéter ! D’autant plus qu’à ce jour personne n’a pris le temps de relever l’impair !
S'il y a un autre danger qui nous guette tous autant que nous sommes par les temps qui courent, c'est que le débat soit déjà récupéré par une intelligentsia à la langue de bois qui parle bien et qui dit peu, par les politiciens et par les exégètes qui parlent au nom d'une rectitude politique susceptible d'étouffer le débat plutôt que de le stimuler dans le bon sens. Si on veut avoir une chance de régler définitivement le problème du terrorisme qui infecte ce début de millénaire dans les quatre coins de la planète sans y perdre au change sur les principes fondamentaux qui justifie ce va-t-en-guerre. Si on veut réellement trouver une solution pérenne et viable pour tous et éviter de souscrire à l'opportunisme des politiciens qui salivent déjà de l'occasion qui s’offre à eux pour durcir les lois à la faveur de cet innommable chaos, il faut rendre le débat accessible au plus grand nombre. Il faut cesser d'avoir peur de parler avec les mots qui sont les nôtres, et il faut se donner le courage de dire les choses comme elles doivent être dites, entendons par là avec le souci de comprendre ce qui nous échappe, de partager ce que nous croyons comprendre et de jouer à bon escient notre rôle de citoyens dans le choix des moyens à prendre.

La Liberté que nous réclamons au nom de tous, commence par notre capacité de penser, d'exprimer et de se tromper. S'il y a une crainte qui subsiste, c'est que le politique profite de la circonstance pour faire des lois dans la précipitation, des lois inopportunes et mal songées qui grugent encore dans nos libertés au nom même de la Liberté et de la sécurité publique. Si je dis craindre cela, c'est que je ne voudrais pas que le Canada se retrouve avec un « Patriot Act » à l’Américaine, une loi qui, sous prétexte de la nécessité du temps, piétine depuis lors la Liberté, écorche la Démocratie et méprise les Droits de l’Homme. Si je dis cela, c’est que j’entends déjà la voix de ceux et celles qui réclament le retour de la peine de mort… « pour les cas de terrorisme » (dans un premier temps s’entend !), c’est que je crains les arrestations arbitraires et la surveillance accrue des citoyens.

 Il faudrait être naïf de croire que les politiciens n’essaieront pas de tirer profit de la situation pour voter en catimini des lois répressives et régressives qui nous rapprocheront de la Loi des Mesures de Guerre votée en 1970 par le gouvernement Trudeau dans le contexte d’une crise outrageusement amplifiée. Si nous laissons faire et si cela arrive, nous aurons alors collectivement cédé à la peur, et les tueurs de Charlie Hebdo ne seront pas partis les mains vides. Nous aurons perdu sur toute la ligne…

Akakia

vendredi, janvier 09, 2015

Le retour d'Akakia

Bonjour à vous tous. Si je n'ai pas été très présent ces derniers mois dans ces pages, ce n'est pas par paresse ou par panne d'idées mais bien parce que je n'avais plus accès à mes blogues et que je n'en voyais plus l'utilité dans le contexte de nullité sans borne dans lequel s'émoustille la planète, tous régimes et tous systèmes politiques confondus. Les événements tragiques des derniers jours à Paris, les assauts meurtriers livrés à la liberté de presse, et mon incapacité de participer au débat en cours sur une question aussi grave et aussi déterminante m'ont poussé à faire le nécessaire pour sortir de l'impasse.

À très bientôt,

 Akakia

Nous avons tendance à oublier que ce sont les idées et leur libre circulation qui font avancer l'humanité, non pas les armes et la violence ! Les cinq derniers millénaires en portent les multiples cicatrices et toutes les preuves. Au-delà de l'horreur que suscite l'attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo et les tueries qui ont suivi les jours suivants, c'est l'échec des radicaux qui l'ont parrainé, orchestré et perpétré que je perçois. Nous avons là la preuve que la lutte pour la Liberté est un combat de tous les instants. 

Ces gens ont semé la mort, la souffrance et l'affolement au nom d'une idéologie dénaturée. Il faut leur répondre par notre refus indéfectible de nous laisser soumettre ainsi, par notre détermination à éradiquer le cancer de l'intolérance et par notre solidarité dans le refus de souscrire à l'inacceptable.

 Aujourd'hui, je suis Charlie Hebdo