vendredi, novembre 08, 2013

Mine de phosphore du lac à Paul, Arianne Phosphate tente une percée vers l'Anse-à-Peltier, le diamant vert du Saguenay


L'Anse-à-Peltier, le diamant vert du fjord du Saguenay.


« Arianne Phosphate s'est heurtée à un véritable mur d'opposition populaire à Saint-Fulgence lors de la soirée d'information convoquée par la minière, mardi soir. Plus de 200 citoyens de Saint-Fulgence ont participé à la rencontre. L'émotion était palpable tout au long de la séance. Des résidents inquiets ont défilé au micro pour interroger les dirigeants de l'entreprise à propos de son projet de construction d'un port de mer. Le minerai y serait acheminé par voie terrestre avant d'être expédié par bateau. Le port serait aménagé près de l'Anse-à-Pelletier, un secteur prisé pour sa quiétude et son panorama. Les citoyens croient que l'entreprise devrait plutôt utiliser le port de Grande-Anse, situé juste en face. Les dirigeants d'Arianne Phosphate affirment avoir pris bonne note des commentaires des résidents. Ils souhaitent maintenant trouver un terrain d'entente.
Saint-Rose-du-Nord
De son côté, le maire de la municipalité voisine, Sainte-Rose-du-Nord, Laurent Thibeault, se dit ouvert à discuter avec Arianne Phosphate. Il affirme avoir l'appui de ses citoyens [sic]. La rencontre de mardi soir avec la minière est loin de l'avoir découragé. Dans les aménagements qu'ils nous ont présentés hier, il n'y avait rien qui pouvait déranger le caractère bucolique de Sainte-Rose-du-Nord. [re-sic]. Le maire prévient la population de Saint-Fulgence et celle de son propre village qu'il ne faut pas véhiculer des informations non fondées. Il préconise les discussions avec l'entreprise. » [re-re-sic]




À M. Laurent Thibeault,
Maire de Sainte-Rose-on-the-Saguenay 

Monsieur le maire, je vous ai écouté défendre le projet Arianne, à l'émission de Doris Larouche, Radio-Canada (matin du 6 novembre). J'ai eu l'impression de réécouter la vieille cassette de l'ex-ministre Jean-Pierre Blackburn défendant la vente de l'Alcan à Rio-Tinto, de l'usine Saguenay et de sa consoeur Novalis. Rappelons-nous, ce qu'il prédisait à cette époque où il était le gardien du bien public ? À l'écouter vaticiner sur ce qu'il ne connaissait pas, ce devait être le meilleur de notre avenir collectif que cela préparait !  En une seule phrase où il prédisait l'avenir, il s'est trompé trois fois, preuves à l'appui, le pauvre garçon. Ce résultat pathétique lui a mérité la vie de château et les honneurs qu'il ne méritait pas, en France. Et on a vu la suite...

Dans le contexte des décisions que vous aurez à prendre prochainement pour préparer la venue du projet Arianne, je vous invite à bien relire la troisième partie de mon texte d'histoire qui sera publiée dans le prochain numéro de la revue Saguenayensia, une revue dont vous êtes justement le rédacteur en chef. Tout est là, noir sur blanc. Votre manière de voir l'avenir de votre municipalité fait partie du problème. C'est un brouillage des ondes et une lénification de la problématique qui vient de nous être soumise. Comme tous les autres élus avant vous qui prennent le micro au nom du bien commun avec un quelconque pouvoir politique (si petit soit-il), vous confondez développement et richesse et vous gérez cette importante question du développement régional comme un gérant de garage ! Arianne n'a pas besoin de s'ouvrir d'avantage les cuisses pour vous convaincre (vous et votre collègue de Saint-Fulgence) de ses largesses ; vous salivez déjà à l'idée de ce que vous imaginez et de ce que vous allez gérer au cours de votre prochain mandat... 

Vu que vous n'avez manifestement pas lu mon texte, je me reprends :  Dans la réalité des faits, la « création de la richesse » telle qu’évoquée dans notre système économique, c’est ce qui s’en va s’il n’y a pas de règles édictées par l’État pour qu’il en reste une juste proportion là où elle est produite, et que le développement c’est ce qui reste, c’est notre avenir collectif, c’est ce qui détermine si une région va croître ou décroître. Quand la richesse quitte sans égard aux communautés et à la terre sacrée qui la produisent, on crée alors le… « sous-développement ». Au lecteur d’évaluer où se situe le Saguenay–Lac-Saint-Jean de 2013, avec ce que laissent, de moins en moins en région, les gros exploiteurs de la fôret (PFR), les gros exploiteurs de l’hydroélectricité, Rio-Tinto-Alcan (RTA) et Hydro-Québec, et les États provincial et fédéral par où passe le gros de l’industrie des services (santé, éducation, services administratifs, commerces en tous genres). 

On dirait le jour de la marmotte ! Rien ne change dans ce pays. D'un premier coup d'oeil, en regardant agir les gens sur le parvis de leur église, un étranger qui venait tout juste de débarquer chez nous, Louis Hémon, l'auteur de « Maria Chapdelaine », avait déjà tout compris : « Autour de nous des étrangers sont venus qu'il nous plaît d'appeler les barbares ! Ils ont pris presque tout le pouvoir ! ils ont acquis presque tout l'argent... » Je vois déjà le défilé de ministres qui vont débarquer au cours des deux ou trois prochaines années pour nous prédire notre avenir et repartir avec le lavabo pour se laver les mains de la suite qu'il n'auront pas à gérer. Donner notre montagne à des étrangers en espérant d'être engagé comme gardien, le draveur Menaud, le maître draveur de Savard, n'avait pas eu besoin de fréquenter les universités pour comprendre son présent...

Akakia
L'émotion était palpable, lors de la rencontre du 5 novembre, à Saint-Fulgence. Le moins que l'on puisse dire c'est que les deux maires présents, Laurent Thibeault (Sainte-Rose-du-Nord) et Gilbert Simard (Saint-Fulgence), n'avaient pas la cote auprès de leurs électeurs qui ne se sont pas faits prier pour dénoncer leur attitude...