dimanche, juillet 17, 2011

Chicoutimi et ses escaliers publics en décrépitude / encore un hiver ou deux et ça y sera !...

Ne vous méprenez pas, la scène se passe à 235 km au sud de Ville-Saguenay. Il s'agit, plus exactement, de l'escalier Casse-Cou, qui unit la basse ville à la haute ville de Québec depuis 1660. Voilà ce qu'on peut faire avec une rupture de pente au centre d'une ville qui est fière de son histoire !

Des Chicoutimiens trop bon prince

« On sait tous que Chicoutimi est la ville idéale pour héberger les touristes du Saguenay sauf qu'il ne faut pas le dire trop fort ; ça risque de choquer le monde de Jonquière et de La Baie ». Propos extrait de la chronique de Roger Blackburn (« Chicoutimi laissée pour compte »), publiée dans le Progrès-Dimanche du 17 juillet 2011.

Effectivement, ça risquerait, de réveiller les échevins des quartiers de Chicoutimi qui ne sont là que pour opiner du chapeau quand le maire donne un mot d'ordre. Difficile de dire plus juste ! Pendant qu'on investi plus d'un million de dollars dans le seul Musée de La Baie pour une seule exposition sur les petits poissons qui nagent en eaux troubles, pendant qu'on s'applique à reconstruire à Jonquière le moindre petit escalier public comme cela doit se faire dans une ville dynamique qui fonce tête première vers son avenir, pendant que les échevins font chorus pour hisser Arvida au patrimoine mondial de l'Unesco, à Chicoutimi, plus rien ne va en matière patrimoniale. L'ancienne « Reine du Nord », l'ex métropole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, continue de couler dans la vase de Ville-Saguenay et fait des « balounes » comme un noyer qui attend qu'on le tire de sa mortelle position.

Quand vient le temps de consacrer une enveloppe budgétaire pour mettre en valeur le patrimoine des ex-villes de Jonquière et de La Baie, le Maire et son conseil trouvent toujours les bons mots pour en justifier les coûts. Dans ces cas-là, les Chicoutimiens, trop bon princes, se disent qu'il faudra bien que ce soit un jour leur tour ! Mais, il faut bien le reconnaître, depuis la fusion de février 2002, ce jour n'arrive jamais... et ne semble pas prêt d'arriver. Au rythme où vont les choses, puisque les élus de l'ex-Chicoutimi n'ont manifestement pas la stature et le courage pour ce faire, sans doute aurions-nous plus de succès si nous demandions aux échevins de Jonquière et de La Baie de venir défendre le petit capital patrimonial du centre-ville de Chicoutimi qui n'a pas encore été emporté dans le bouillon de la fusion ?


Les derniers escaliers de Chicoutimi sur les fesses...

La semaine dernière, après ma dénonciation de l'état lamentable de nos monuments historiques, un journal de la région nous apprenait que trois escaliers du centre-ville de Chicoutimi avaient été condamnés par ordre. Ces artefacts, dont la construction remonte au début du siècle dernier, n'avaient manifestement pas trouvé de défenseurs à la table du conseil. Faute d'une simple voix plus dégourdie que les autres, ces lieux témoins ont été mis en quarantaine, en attendant, laissait-on sous-entendre, que le conseil municipal statue définitivement sur leur sort.

Dans le langage de Ville-Saguenay, cela veut dire plus justement qu'il nous faudra attendre encore un hiver ou deux, le temps que la nature finisse son job et que la sécurité publique le commande, pour en justifier la démolition pure et dure. Au nom de l'intérêt commun, les élus sont rois et maîtres là où ils l'entendent ! Rappelons-nous seulement à cet égard les démolitions de la maison du Docteur Angers, du théâtre Capitol, de la Bonne-Ménagère, de la maison Crevier, pour ne nommer que les derniers sacrifices infligés à notre patrimoine bâti. Tout petit enfant, je me souviens du temps où il me fallait emprunter à l'aller retour le grand escalier de la rue Lafontaine pour atteindre le Colisée, le parc Rosaire-Gauthier et le haut de la ville. Pour nous, cet escalier, si simple et si banal soit-il, nous rapprochait des quelque trente escaliers historiques qui relient la haute ville à la basse ville de Québec.

Contrairement aux autres ex-municipalités qui forment le grand tout défaillant de Ville-Saguenay, Chicoutimi se déploie en amphithéâtre, comme s'il eut été d'une cité romaine, avec ses colonnes, ses jardins fleuris, ses arcs de triomphe et ses arènes. Ses côtes et ses coulées naturelles, qui remontent à la dernière glaciation dite du Wisconsin, font sa personnalité, découpent ses traits de caractère intrinsèques, témoignent des charmes naturels par où s'est écrite son histoire. Les escaliers publics de Chicoutimi font partie de ce patrimoine qui mérite d'être sauvegardé ; non seulement pour la mémoire qu'il évoque, mais également pour l'utilité publique qui s'en trouverait dégradée si le centre-ville en était privé.

Qu'on en juge par ces photos prises ce jour-même de l'escalier de la rue Lafontaine, unissant la rue Jacques-Cartier à la rue Racine. Sans vouloir faire grand et beau comme Québec ou le Montmartre, ne pourrait-on pas faire le minimum pour sauvegarder le patrimoine urbain d'une ville qui a tant donné depuis dix ans à ses consoeurs fusionnées ?

Akakia



5 Comments:

Anonymous Gervais Villeneuve
dit :

C'est tout l'arrondissement Chicoutimi qui est en décrépitude. Quelle ironie, Chicoutimi qui est réduite au rang "d'arrondissement". Par définition, un arrondissement c'est: "... subdivision administrative de certaines grandes villes." Chicoutimi est donc une "subdivision"... Quand on pense que ce nom remonte à des temps immémoriaux, que celui qui règne en calif sur cette dernière joue à l'apprenti historien. J'ai hâte que les autochtones se réveillent et revendiquent enfin que ce nom rempli d'histoire reprenne sa place et son lustre. Peut-être réussiront-ils là ou TOUS les politiques ont échoué.

Enfin, comme c'était la sortie du dernier Harry Potter cette fin de semaine, je me surprends à rêver à cette baguette magique qui nous permettrait de sortir Chicoutimi de la fusion imposée et de la libérer de cette condamnation à la médiocrité.

Gervais Villeneuve
Chicoutimi

7:20 a.m.  
Anonymous Russel Bouchard
dit :

Voir se dégrader la ville de Chicoutimi sans cesse est une souffrance perpétuelle.

Dans cette fusion de coquins, c'est la seule ville du lot qui y a perdu au change. Je me mets à rêver de l'avènement d'un Rosaire Gauthier à la mairie. D'un maire qui redonnera tout son lustre à notre ville.

Ce que les petit monde de la table du conseil ne semble pas savoir, c'est qu'en faisant subir jour après jour cette humiliante déconfiture à Chicoutimi, en la laissant se dégrader pierre par pierre, c'est la clé de voûte de l'édifice de Ville Saguenay qu'ils sont en train d'effriter. C'est le point d'encrage de la structure qu'ils affaiblissent...

Akakia

7:50 a.m.  
Anonymous Russel Bouchard
dit :

À ceux et celles qui lisent et participent plus ou moins ouvertement aux Délires d'Akakia :

Comme d'habitude, quand il est question de Chicoutimi, je reçois des dizaines et des dizaines de commentaires par courriels. À 99%, tous témoignent de leur total désaccord et de leur grande inquiétude eu égard à la déchéance de Chicoutimi. Chacun, à sa manière, déplore la situation exécrable de la démocratie municipale à Saguenay et s'attriste de la déchéance de Chicoutimi au sein de la grande ville fusionnée.

Malheureusement, à une ou deux exceptions près, les commentaires que je reçois portent sensiblement la même mention disant : « ne pas publier, car le maire pourrait m'en faire payer le prix » !!!

Quand la pensée citoyenne d'une ville est ainsi refoulée aux portes de la cité par la crainte de subir les foudres de son premier magistrat, il n'y a plus de cité, la démocratie municipale n'est plus qu'un vain mot que le prince utilise pour dominer sur le nombre par la peur, la médiocrité, les privilèges consentis et les faveurs par où se consume la faiblesse de tous.

Dans ces circonstances, il ne reste plus, à l'honnête citoyen (ne), que le pouvoir de ne pas souscrire à un tel régime

Russel-A. Bouchard

10:36 a.m.  
Anonymous Gervais Villeneuve
dit :

Évidemment, refuser d'être publié relève en partie de la peur, mais aussi du fait que des gens souhaitent que leur entourage ne subisse pas les effets de leur opinion. Je comprends cette attitude, mais il est vrai que craindre les conséquences que nos idées peuvent provoquer, c'est accepter de donner plein pouvoir aux politiques sur nous-mêmes.

Par définition, un politique (lire politicien) doit se placer en position de service; tout comme le policier, l'enseignant, le médecin et bien d'autres. Le problème apparaît quand une personne qui occupe un poste de service décide de se mettre en position de pouvoir. C'est connu, c'est la réaction des faibles. Ceux qui doutent deux-mêmes préfèrent exercer un pouvoir sur les autres. Prenons les conjoints jaloux par exemple, ils craignent d'être incapables de s'affirmer en entretenant des relations harmonieuxes et être au service des autres. Ils assurent donc leur pouvoir par la force et la violence. On a tous déjà rencontré un policier compréhensif qui préfère faire de la prévention et de l'éducation. Avec cette approche, même s'il nous sert une contravention, nous acceptons la situation et assumons nos gestes. Le portrait est tout autre quand on rencontre un faible qui choisit de faire de la répression et s'adresse à nous de façon inadéquate.

Je crois que notre Conseil de ville, et plus précisément notre con-seil d'arrondissement, est totalement dysfonctionnel. L'annonce d'un mouvement politique pour contrer cet état de chose m'a fait sourire. Je salue le courage de ces gens, mais ils s'engagent dans une mission impossible. Ils devront d'abord contrer Promotion Saguenay, organisme qui place chacun des élus en perpétuelle campagne électorale. Petite subvention ici et là, photo dans le journal en présence de l'organisme subventionné, remise officielle de trophées et autres, bref: tout est bon pour montrer le côté mécène de nos élus quand, dans le fond, c'est seulement une redistribution d'une partie de nos taxes.

À propos des taxes justement, as-tu une idée des coûts moyens des réparations à nos véhicules qu'engendre l'état lamentable de notre réseau routier? Par souci d'apparence de saine gestion et d'un bas taux de taxation, on laisse dépérir volontairement toutes nos infrastructures routières et sous-terraines. Un jour, il faudra bien payer. On fera de la grande ville fusionnée, une mini-Montréal, la risée de tout le Canada.

Gervais

1:32 p.m.  
Anonymous Jean Gagné
dit :

Ça fait mauditement plaisir de voir tout ce déballage d'émotivité dans le coin, où mon père empruntait cet escalier pour se rendre à son nouveau chez lui. C'était aussi par ce passage que votre humble serviteur essayait d'apercevoir sa belle Hélène Pagé pour tenter de l'inviter à aller au cinéma Cartier, voir le dernier Elvis. Plus d'entretient municipal et nos histoires quotidiennes périclitent dans le néant.

Russel beau combat.

C'est fou comme la référence à la ville de Québec dans ton texte est un coup de baquette magique. Je continue à croire que vous êtes toujours l'âme de nos vifs souvenirs, au plaisir.

Jean Gagné, le cinéastre.

1:37 p.m.  

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