Les délires d'Akakia

jeudi, février 25, 2010

Lucien Bouchard, le retour du curé !

Réaction aux propos de Lucien Bouchard sur la hausse des frais de scolarité pour combler le sous-financement chronique des universités québécoises.

Puisqu’ils sont semble-t-il, lui-même et ses cosignataires de si bons apôtres de la lucidité, du réalisme et du devoir d’état, que ne demandons-nous pas à ce pasteur et à tous ses congénères bénéficiaires des largesses de l’État québécois en matière d’accessibilité et de supports financiers (prêts et bourses) depuis la révolution tranquille de donner l’exemple et de contribuer au premier chef de leurs pécules – qu’ils ont pu accumulés grâce aux sacrifices et à la lucidité de leurs aïeux – à un fonds de redressement pour financer le manque à gagner de nos institutions universitaires. En effet pourquoi ne demande-t-on pas aux anciens universitaires québécois, avocats médecins, notaires, administrateurs scientifiques ou autres qui ont réussi et réalisé de belles et fructueuses carrières grâce au modèle québécois en matière d’éducation et de formation, de mettre l’épaule à la roue et de contribuer - puisque comme ils supputent pour les générations futures d’universitaires - ils en ont certainement les moyens aujourd’hui, au mieux être de la société québécoise. Seront-ils capables de donner pour une fois, au lieu de prendre?

Ou serait-il préférable que ce Monsieur se taise?

Richard Harvey

L’Ascension, Lac St-Jean

dimanche, février 07, 2010

Épigramme pour une pierre tombale / De Chicoutimi à Saguenay...

Le site de la Maison-Crevier, rue Racine à Chicoutimi, en 2006 (photo Jeannot Levesque)

Le site de la Maison-Crevier, rue Racine à Chicoutimi, en 2008 (photo Russel Bouchard)

Bonjour Catherine,
J'ai lu sans étonnement, dans Le Progrès-Dimanche d'aujourd'hui 7 février, ton texte sur la mort imminente de la Société historique du Saguenay. C'est là le symptôme de l'effondrement de notre société régionale qui s'est recroquevillée dans les remparts empoisonnés d'une seule et même ville : SAGUENAY. SAGUENAY qui, manifestement, n'a pas été à la hauteur des espérances que nous avons mis en elle. Sans culture, sans histoire, sans mémoire archivistique, sans connaissance de nos racines, nous ne sommes plus que ce que les autres veulent que nous soyons par rapport à eux. Nous ne sommes plus rien ! Nous méritons la mort. Nous sommes déjà dans la liste des peuples oubliés.

Nous avons perdu, une après l'autre, les usines de bois de sciage. Nous avons fermé villes et villages en les fusionnant sous prétexte de la rentabilité administrative. Nos ressources naturelles appartiennent aux étrangers et nous nous félicitons quand ces étrangers acceptent d'engager nos enfants comme gardiens d'enclos (l'été !). Nous apprenons l'anglais et oublions le français. Nous fermons école après école parce qu'on nous dit que nous ne faisons plus d'enfants. Et on s'étonne de voir que nos enfants vont en faire ailleurs, là où il y a des écoles et des services. Quand ce n'est pas à Montréal, c'est dans des pays étrangers, là où il y a l'expression d'une culture.

Nous fermons église après église ; changeons le nom des lieux fondateurs, des quartiers et des rues pour faire disparaître toutes traces de ce que nous avons été. Nous vidons les rayons de nos bibliothèques publiques pour sauver des espace tablettes alors que nos ancêtres et nos parents se sont morfondus sur des terres de roches et dans le poison des usines pour en combler les rayons. Ils se disaient : si nous, nous ne savons pas lire ni écrire, au moins nos enfants sauront. Cet espoir a été trahi. Plus rien ne tient.

J'ai bien essayé de vous sensibiliser à cet affouillement sociétal depuis les deux dernières décades, mais personne ne m'a écouté. J'aurais donc voulu avoir tort sur toute la ligne !

N'ayant pas eu la présence d'esprit et la vaillance de sauver notre mémoire, n'ayant pas eu le courage de conserver notre patrimoine historique, que nous reste-t-il ? Où sont nos points de repères ? Nos enfants et petits-enfants sont condamnés, par notre individualisme crasse, par notre paresse intellectuelle et par notre médiocrité à recevoir en héritage la mémoire des arrivants. Nous ne construisons plus rien. Nous sommes fiers de nos défauts et nous nous accrochons à l'intelligence des autres. Je me surprends presque à envier le combat que mènent pour la vie les Haïtiens. Eux, au moins, malgré toutes leurs souffrances, ils savent qu'ils existent ! Ils ont le goût de vivre !

On reproche à notre ville de n'avoir rien fait pour sauver la Société historique du SAGUENAY. J'en suis ! Et dire que Ville Saguenay a reçu le mandat de se faire et belle et culturelle pour l'année en cours, avec la reconnaissance et l'octroi fédéral de « Saguenay ville culturelle canadienne ». Trente deniers, le prix de notre abandon. Du cynisme de la pire eau ! Culturelle mon cul ! SAGUENAY, une boniche qui se met une robe de carnaval sur les épaules pour tapiner les touristes et les subventions de la déchéance, d'une mer à l'autre.

Je suis en colère ! C'est tout ce qui me raccroche à ma dignité...


Russel