Les délires d'Akakia

dimanche, septembre 27, 2009

Parfum d'automne, au coeur de Chicoutimi


Dans un pli de granite rouge oublié des hommes, au coeur de la cité de Chicoutimi, un jet d'eau qui chante la beauté du monde. Les deux clichés ont été pris ce dimanche matin, 27 septembre 2009, au fil de ma marche matinale. Quelle ville au monde peut se vanter, aujourd'hui, de détenir un tel joyaux ? Ne le dites à personne, l'endroit n'est connu que de moi et d'à peine une dizaine de personnes. C'était par là, au temps de mon enfance, que nous passions pour accéder au bois environnant afin d'y cueillir les fruits sauvages. La seconde photo montre le flan sud de la ville qui se laisse apercevoir du pied de la chute.

Akakia

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lundi, septembre 21, 2009

« CHICOUTIMI… Un nom qui n’a pas de prix ! »



Pour ceux et celles qui croient que le débat sur le nom de Chicoutimi est un débat inutile et classé, pour le maire de… Saguenay, Jean Tremblay, qui dit que l’affaire est classée définitivement, et pour la morning woman Myriam Ségal qui prétend du haut de sa chaire que ce « débat est périmé », je vous invite à prendre connaissance de ce texte publié, en 2002, dans le journal Le Soleil. L’auteur de ce texte, Jean Boivin, n’est pas rien dans le monde de l’économie et dans celui des chercheurs. Il suffit d’aller voir son CV, à la fin de sa lettre ouverte, pour mesurer à quel point les élus, les fonctionnaires et les citoyens qui les ont laissés faire, se sont tirés dans le pied.


« CHICOUTIMI… Un nom qui n’a pas de prix ! »

« De New York, je m’intéresse au débat sur le nom de la ville fusionnée au Saguenay. Notre école, le Columbia Business School, a été confrontée au même débat. Le printemps dernier, un riche homme d’affaires a offert une centaine de millions de dollars pour que notre école porte son nom. Après réflexion, le recteur de l’Université Columbia, le doyen de notre école et d’autres décideurs en sont venus à la conclusion que même un montant astronomique, sans précédent, ne pouvait justifier un changement de nom. La raison ? « Columbia Business School », son nom actuel, est connu à travers le monde. D’après eux, changer de nom diluerait la réputation de l’école tout en impliquant des coûts directs énormes pour publiciser le nouveau nom.

Intéressant, n’est-ce pas ? Et il s’agit d’une école de commerce où l’intérêt financier est souvent primé. Cette décision a été prise sur une base purement pragmatique, même si des millions de dollars auraient pu être obtenus en échange. La tentation de gains monétaires à court terme aurait bien motivé un changement de nom.

Dans le cas de « CHICOUTIMI », un nom également connu à travers le monde, ces millions de dollars n’étaient même pas en cause. Non seulement l’a-t-on laissé partir pour rien mais encore faudra-t-il investir beaucoup d’argent pour faire connaître le nouveau nom. Sans même compter la perte de repères historiques, géographiques et identitaires, des coûts non tangibles mais importants.

Les dirigeants qui ont pris cette décision n’ont pas su évaluer l’impact économique de leurs actions ou inactions. Ils auraient bien besoin d’un cours d’économie 101. »

Jean Boivin


Note
* « Jean Boivin est professeur titulaire à l’Institut d’économie appliquée depuis le 1er juin 2006 et titulaire de la Chaire en politique monétaire et marchés financiers depuis le 23 octobre 2008. Il a débuté sa carrière à la Graduate Business School de Columbia University, où il enseigne toujours au MBA exécutif (EMBA). Ses recherches, abondamment citées et publiées dans les plus prestigieuses revues scientifiques dans son domaine, telles que The American Economic Review et The Quarterly Journal of Economics, portent principalement sur la politique monétaire, les prévisions économiques et la finance. Ses recherches sont subventionnées par plusieurs organismes, dont la National Science Foundation aux Etats-Unis, le Conseil de la Recherche en Sciences Humaines du Canada et l’Institut de Finance Mathématique de Montréal. Il est éditeur associé au Journal of Business Economics and Statistics, Canadian Journal of Economics, Journal of Economic Dynamics and Control and Macroeconomic Dynamics. En 2007 et 2008, il fut élu professeur de l’année par les étudiants du MBA, à la fois dans les catégories tronc commun en anglais et cours au choix.

M. Boivin a agi à titre de consultant pour la Banque du Canada et la Banque Centrale Européenne. En 2007, il était membre du groupe de travail du Ministère des Finances du Québec portant sur l’investissement privé au Québec.

Il est fellow du National Bureau of Economic Research (Cambridge, MA) et du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) ainsi que membre régulier du Centre interuniversitaire sur le risque, les politiques économiques et l'emploi (CIRPÉE). Il siège au Conseil de la Politique Monétaire de l’Institut C.D. Howe, qui comprend 12 économistes provenant des milieux financier et académique et qui a pour but de faire une recommandation périodique et indépendante sur la conduite de la politique monétaire canadienne.»

jeudi, septembre 17, 2009

Chicoutimi / Et si on reprenait nos billes, pour reprendre notre dignité ?!

Portion d'une carte exceptionnelle de l'Amérique Septentrionale, dessinée par le cartographe Jean-Baptiste-Louis Franquelin, en 1688 (image du bas). On y remarque : deux rivières, Nicabeau (Ashuapmushuan) et Péribonka ; la région du Lac-Saint-Jean ; et deux lieuxdits, CHICOUTIMI et TADOUSSAC. Je répète que nous sommes en 1688, et que son auteur n'a pas cru bon préciser la rivière Saguenay, qui coule pourtant de source. En ce temps là, Chicoutimi est déjà dans le mythe du Nouveau-Monde. C'est tout dire !



Bonjour M. Néron*.
Je prends une minute de ce merveilleux matin d'automne pour vous remercier d'avoir publié ma lettre ouverte adressée à Daniel Côté à propos du monument Price. Se pourrait-il que vous l'ayez confondue avec ma lettre ouverte adressée à Myriam Ségal ? Cette lettre aurait eu le mérite de faire contre-poids aux insultes de Mme Ségal et à la lettre très complaisante de ce monsieur de Port-Alfred qui, dans Le Quotidien de ce jour, lui dit « bravo à chacune de [ses] phrases, à commencer par le titre ») voulant que le mémoire que nous avons déposé soit l'expression d'« Un comportement hautain typique de Chicoutimi ») (sic !)

Les propos de M. Girard et de Mme Ségal témoignent d'une haine refoulée, d'un ressentiment qui n'a pas sa place dans notre société. Détester les Chicoutimiens, c'est comme détester les Noirs, les Indiens, les homosexuels, etc... Je ne me sens pas confortable avec cette sorte de lapidation xénophobe. J'ai pourtant prouvé, par la somme de mes écrits et publications, à quel point j'aimais cette région, son histoire et ses localités. Je ne pensais pas que l'auteur André Girard (un écrivain talentueux pour lequel j'ai du reste beaucoup d'admiration et de respect) pensait cela de moi et des Chicoutimiens ! J'avoue être confondue ! Ce n'est pas comme ça que je conçois un débat sain et respectueux des arguments des autres...

Que M. Girard privilégie le nom de Saguenay est son droit le plus strict. Mais je n'accepte pas qu'on me serve du ressenti comme principal argument pour défendre une option. En écrivant des invectives de la sorte à l'encontre de ceux et celles qui défendent l'option « CHICOUTIMI », Mme Ségal et M. Girard nous (me) réduisent à un clocher, qui plus est petit dans son esprit et à courte vue.

J'ai écrit sur La Baie, Jonquière, Chicoutimi, le Lac-Kénogami, Chicoutimi-Nord, Shipshaw et Canton Tremblay (des anciennes localités qui sont aujourd'hui regroupées dans Ville Saguenay). J'ai toujours témoigné d'un amour sans bornes et sans frontières pour tout un chacun, sans jamais faiblir à cette tâche. Mes écrits font toujours l'éloge de ces hommes et de ces femmes qui ont construit ce pays, leur esprit d'abnégation, leur courage et leur ténacité. Dans mon esprit, nous faisons partie d'un seul et même peuple. Un beau peuple. Le Peuple né de la rivière. Mais qu'on le veuille ou non, ce Peuple a pris racines à... CHICOUTIMI qui est le trait d'union entre la rivière Saguenay et le lac Saint-Jean. C'est là que cette région, le SAGUENAY, est venue au monde et c'est par là, en passant par Chicoutimi, écrasée ou pas sous la haine et les épithètes, que l'histoire va s'écrire de toute façon.

Et si, M. Girard de Port-Alfred, on reprenait nos billes, pour reprendre notre dignité et en finir avec ce dénigrement injuste ?! Nous vous laisserions les 40 M$ de dollars investis pour le quai d'escale et tout le reste pour lesquels les Chicoutimiens ont grandement souscrit. Nous vous souhaiterions bonne route au pied de vos clochers, en espérant le meilleur pour vous et vos enfants. Nous reprendrions notre destinée en main et consacrerions notre butin à notre développement qui souffre énormément de cette fusion forcée, et à l'épanouissement de notre ville (Chicoutimi) qui est la grande perdante de ce regroupement empoisonné. Et qui sait, seules, et côte à côte, nous pourrions peut-être nous remettre à nous respecter simplement pour ce que nous sommes. Celui-ci Port-Alfrédien avec sa belle Baie des Ha ! Ha ! qui lui lave les pieds ; celui-là Arvidien, avec son magnifique Carré Davis à l'américaine qui fait son orgueil ; et cet autre, Chicoutimien avec son mythe, son histoire et son patrimoine pour lesquels vous ne semblez avoir ni respect ni considération ?...

Akakia,
Qui est aussi Russel-A. Bouchard

* Carol Néron est éditorialiste au journal Le Quotidien.

Pour lire la chronique de Myriam Segal, il suffit de cliquer sur la photo

dimanche, septembre 13, 2009

Débat sur le nom de Chicoutimi / Quand une journaliste débarque de ses bottines !

Chicoutimi, l'entrée du Bassin et la chapelle de la vieille mission jésuite, en 1840. À cette époque, c'est toujours le grand lieu d'occupation humaine et de rassemblement entre Tadoussac et Métabetchouan. La Baie des Ha ! Ha ! ne prendra son nom qu'en 1838, et le Canton Jonquière qu'en 1847 ; ces deux derniers font partie du territoire de Chekoutimis, comme le démontre la carte sortie de la Proclamation royale de 1763 (photos ci-jointe)


Cette lettre est une réplique à l’éditorial de Myriam Ségal, titré « Un comportement hautain, typique de Chicoutimi » , et publié dans le journal Le Quotidien du 11 septembre 2009

Mme Ségal.
J’ai pris connaissance de votre chronique… éditoriale publiée dans Le Quotidien du 11 septembre et dans laquelle vous prenez vivement partie contre un groupe de citoyens qui, dans un mémoire très consciencieux et très respectueux des avis contraires, demandent de rouvrir le débat sur le nom de « CHICOUTIMI » en lieu de celui, totalement inapproprié, de… « Saguenay ». D’accord avec vous quand vous prenez à partie le député de Chicoutimi, Stéphane Bédard, l’un des signataires du mémoire à qui vous reprochez d’avoir été en poste quand son gouvernement du Parti québécois a outrageusement forcé les fusions municipales, voilà déjà dix ans. Cela est un fait historique indéniable et je vous rappellerai que j’ai été personnellement de ceux et celles qui le lui ont reproché à cette époque.

Mais prendre prétexte de l’errance passée de ce co-signataire politique pour nous sermonner collectivement sur un « débat périmé » (sic) et pour clamer tout le mal que vous en pensez, vous obligeait derechef à parler des 89 autres co-signataires qui ont pris sur eux d’y consacrer –bénévolement– de leur temps. Parmi ces noms, il y a, notamment, le mien, Chicoutimienne de naissance et d’appartenance. Le mien, que je ne vous autorise pas du reste à mettre dans le clan politique des Bédard, ni dans l’épithète des… « acolytes d’André-R. Gauthier » et des « fanatiques », ni dans la fagot des signataires qui, comme vous le qualifiez si outrageusement dans le gros titre de votre factum, témoignent d’ « un comportement hautain, typique de Chicoutimi ».

Je n’accepte pas de telles insultes publiques ! Je n’accepte pas d’être réduite à si peu ! Et je dénonce votre manière de qualifier si péjorativement ceux et celles qui secondent et appuient avec beaucoup de modestie l’esprit de cette démarche citoyenne. Ce n’est pas ce que je suis en droit d’attendre d’une chronique éditoriale mesurée et respectueuse des opinions, d’une chronique qui stimule les idées au lieu de les écraser d’épithètes et d’injures.

Parmi ces 89 autres signataires, vous l’avez vu dans le mémoire puisque vous en causez avec beaucoup de fougue, il y a aussi, et notamment, les noms de l’historien Denys Vaugeois (de Sillery), du sociologue Gérard Bouchard (un citoyen de Jonquière anciennement), de Lucien Choudin (président de la Fondation Voltaire à Ferney), de Denys Tremblay (de Falardeau), de Réjean Tremblay (journaliste à La Presse, originaire de Falardeau et vivant à Sainte-Adèle), de Jean Delage (de Laterrière), de Yvon Bernier et Lily Martel. Ces deux derniers, plus précisément, étaient et sont toujours des citoyens de l’ancienne ville fusionnée de La Baie ; des citoyens respectables, je vous le rappelle, qui avaient pris partie contre le nom de Chicoutimi à l’époque où le conseil de ville intérimaire imposé par la ministre Harel n’avait pas les coudées franches pour gérer la situation dans le meilleur intérêt de l’ensemble des contribuables.

L’occasion est bonne pour le rappeler, à l’époque les émotions étaient encore trop vives pour en discuter sereinement. Il y avait de l’animosité dans l’air, de la colère et de la suspicion ! De la violence était à craindre. Dans cette atmosphère, la démocratie perd tous ses droits. Pour régner sur nos décombres, plus d’un ne se privaient pas d’attiser les haines historiques sévissant, depuis l’ouverture du Saguenay à la colonisation en 1842, entre villes, villages et paroisses. Intéressés qu’ils étaient dans leurs propres commerces et industries, ces gens surent utiliser cette animosité viscérale en réduisant l’esprit de la population de Chicoutimi à celui des intérêts mercantiles de la seule rue Racine.

Dans cette confusion, le maire et son conseil (qui n’était pas des plus héroïques, il faut bien dire) ne pouvaient rien faire. Ils avaient les mains et les pieds liés à leurs devoirs et aux impératifs du temps qui augurait bien mal. L’impératif était alors de calmer le jeu, de soulager l’atmosphère et d’assurer l’unité du nouveau territoire. Le bâillon signa la fin de la discussion à laquelle nous avions pourtant droit de part et d’autre ! Ces élus en avaient déjà plein les bras, je comprenais cela, et je me disais qu’il y aurait un moment plus approprié pour reprendre la discussion entre nous.

Sans prendre le temps de fournir à vos lecteurs les côtés forts du mémoire (il doit bien y en avoir un ou deux ?), vous dites que « ce débat est périmé », que les co-signataires sont des « fanatiques » (dixit Churchill que vous citez bien mal à-propos pour nous réduire tant que vous pouvez !) et qu’ils se rendent « responsables d’une perte de temps et d’énergie ». Pour une journaliste qui gagne son pain quotidien et qui a établi sa crédibilité en débattant de la sorte depuis 1992 à… Chicoutimi, votre admonestation surprend triplement. Au lieu d’ouvrir à la discussion, vous l’écrasez de tout votre poids et sans ménagement.

En quelle qualité pouvez-vous juger et décider qu’un débat public peut ou ne peut avoir lieu ? Me faut-il craindre à des représailles à votre micro du matin ou dans votre prochaine chronique éditoriale puisque je ne dis pas comme vous ? Depuis quand, de quel droit et selon quelle science une journaliste expérimentée comme vous peut-elle établir qu’un débat public est… « périmé » et irresponsable, que ce débat est une perte de temps et d’énergie, et que ceux qui le proposent sont des… « fanatiques » ?

À lire votre propos de ce matin, je vois qu’il reste encore du travail à faire pour détendre les esprits sur la question controversée du nom de Chicoutimi et amener à des échanges où le meilleur pourrait encore sortir. Je souscrits à votre droit le plus strict d’exprimer sans entraves votre opinion, mais ce droit vous est assorti de devoirs auxquels vous ne pouvez vous soustraire compte tenu de vos responsabilités et de la position privilégiée que vous occupez au sein de notre collectivité. Si la campagne électorale municipale qui s’éveille n’est pas un temps approprié, comme me l’a si injustement reproché un échevin dans les minutes qui ont suivi le dépôt de notre mémoire à l’hôtel de ville ; si le temps n’y est pas encore après dix ans d’attente, à quel moment, selon vous et si vous nous le permettez (!), pourrons-nous en discuter sans risquer pour autant d’en payer le prix au pied de votre tribune et de la table du conseil de ville où les échevins sortants semblent totalement convaincus d’être reportés à leur place, le soir du scrutin, le 2 novembre prochain ?

Avec tous les risques que cela comporte, comprenez que je reste,

Akakia,
Qui est aussi Russel-A. Bouchard

Pour lire la chronique de Myriam Segal, il suffit de cliquer sur la photo

Déménagement du monument Price et rétablissement du nom de Chicoutimi, un seul et même combat

Le monument Price et son environnement, à l'époque de l'âge d'or de Chicoutimi, début du XXième. Qu'est-ce qui a changé dans nos têtes pour que cela ne soit plus pertinent ?

Cette lettre ouverte est une réponse à l'excellente chronique du journaliste Daniel Côté (« Une erreur monumentale »), dans laquelle il questionne à juste titre la pertinence (pour le conseil de ville sortant) de ressortir le projet du déménagement du monument Price, à Chicoutimi. La chronique de Daniel Côté a été publiée dans le Progrès-Dimanche, édition du 13 septembre 2009.



Déménagement du monument Price et rétablissement du nom de Chicoutimi, un seul et même combat

Monsieur Côté,
Merci au nom de tous ceux et celles qui dorment au gaz dans cette ville endormie en ce début de campagne électorale municipale. Vous avez raison de le souligner et j’applaudis à deux mains la pertinence de votre mise au point dans l’affaire du monument Price. Que Mme Larouche enterre dans le même sarcophage William Price (1er du nom), William Evan Price (2ème du nom) et Sir William Price (3ème du nom), en dit déjà beaucoup ! Le premier était un tyran, les deux autres des amis des Canadiens français et des Saguenéens. Quand on voit combien de monuments historiques et de maisons patrimoniales ont croulé sous le pic de l’ignorance et de l’inculture crasse de notre hôtel de ville depuis 1992 (date du 150 anniversaire de la ville), cela ne m’étonne pas du tout !

Dans la foulée de la triste affaire de la maison Crevier au printemps 2008 (pas Jean-Marc, mais Odilon, Mme Larouche !), il faut rappeler à vos lecteurs que Madame l’échevin, pour laquelle j’ai tout de même beaucoup de respect, nous avait pourtant promis qu’elle allait doter notre ville d’un plan de protection patrimonial et environnemental blindé. Ce protocole devait lui permettre, disait-elle alors, de travailler dans le sens de la conservation du patrimoine bâti et de mieux encadrer les pratiques déviantes de l’innommable comité d’urbanisme de notre ville qui, de toute évidence, est toujours très sensible à l’argumentaire des compagnies de démolissage, des firmes d’architectes et d’entrepreneurs en bâtiments qui longent les corridors de notre hôtel de ville.

Or, ce plan de protection soi-disant « blindé » qu’elle nous promettait pour calmer le jeu, ne semble pas avoir l’échine bien droite et bien solide puisque sa promotrice en chef se permet de rouvrir le dossier fumant du monument Price, sans trop s’indisposer de la vérité historique ni du malaise qu’un tel projet risque de soulever s’il vient à nouveau nous hanter sous sa gouverne.

Lorsque je me suis présentée à l’hôtel de ville pour accompagner les co-signataires du fameux mémoire sur le rétablissement du nom de « Chicoutimi » (le 8 septembre), Mme Larouche ne s’est pas privée de nous reprocher (de me reprocher !), micros fermés, d’avoir attendu l’aube de la campagne électorale municipale en cours, pour déposer notre mémoire. On aura compris que cette question dérange le confort des élus sortants qui prennent déjà le résultat de cette élection à venir comme un acquis certain pour leurs sièges. Cela ne me convient pas du tout. Ce n’est pas comme ça que je conçois la démocratie municipale. Et je trouve cette remarque d’autant plus déplacée, que son auteure vient, elle-même, de rouvrir la boîte de pandores sur la question scabreuse du déménagement du monument Price, une question qui avait alors soulevé l’ire de la population au point de nous faire craindre des débordements sociaux dont nous ne sommes pas habitués.

Dans l’esprit de Mme Larouche, c’est donc deux poids deux mesures. Si la question de la résurgence du nom de « Chicoutimi » est inopportune en début de campagne électorale, alors pourquoi celle du déplacement du monument Price ne l’est-elle pas ? Il y a anguilles sous roches !?! Le maire sortant ayant refusé d’y souscrire –pour l’heure– du coin de la bouche, l’affaire est donc loin d’être classée et risque de surgir après les élections. Devenue méfiante à force de voir s’écrouler notre patrimoine sous l’œil complice de notre conseil de ville, je profite donc de votre chronique de ce matin pour demander à M. le maire Tremblay et à Mme Larouche d’instruire les électeurs sur le vrai fond des choses eu égard au projet annoncé de déplacer le monument Price.

Première question : Avez-vous, oui ou non, l’intention de reprendre le dossier du déménagement du monument Price ?

Deuxième question : Avez-vous été sollicités pour un projet de développement quelconque sur le site exceptionnel où s’élève actuellement le monument ?

Troisième question : Si vous avez décidé de déménager le monument Price, c’est donc que vous avez prévu utiliser le site pour une autre vocation. Qu’elle est cette autre vocation ?

Avant de terminer, je vous rappelle, à ces égards, que le site du monument Price est exceptionnel. C’est du reste pour cela que ses promoteurs, en 1881, l’avaient choisi. Sur le plan patrimonial, ce site était en proie de devenir, à l’époque, l’épicentre géopolitique de la ville de Chicoutimi et l’épicentre institutionnel du Saguenay– Lac-Saint-Jean. Sur le plan strictement utilitaire, cette œuvre artistique servait de balise aux navires qui empruntaient le détour périlleux de la Rivière-du-Moulin. Et, sur le plan de l’esthétisme architectural, il donnait à notre ville l’allure d’une ville prospère, fière de son histoire et confiante en son avenir. Qu’est-ce qui a changé dans nos esprits et nos comportements pour que cela ne soit plus pertinent aujourd’hui ?...

J’attends des réponses…

Akakia
Qui est aussi Aurore de la Boréalie
et Le Fils de l'Étoile du Matin


lundi, septembre 07, 2009

Plaines d'Abraham, 13 septembre 1759-2009. La bataille de la censure !

« La censure quelle qu’elle soit me paraît être une monstruosité, une chose pire que l’homicide ; l’attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. La mort de Socrate pèse encore sur le genre humain. »Gustave Flaubert, Madame de Bovary


Rappel des événements...

À l'approche du 250ème anniversaire de la prise de Québec par les Anglais (le 13 septembre 1759), les esprits s'échauffent de plus belle ! En février dernier, on se rappellera que les gardiens fonctionnarisés de la Commission des Champs de Bataille nationaux (institution fédérale) avaient lâchement cassé leur épée et tourné leurs petits talons devant les menaces de violence vociférées par les zélotes du mouvement indépendantiste pur et dur, sous prétexte de préserver la sécurité du public. Pour combler le vide ainsi créé autour de l'événement qui a marqué pour toujours la face de l'Amérique du Nord passée, l’année d’après, de française à britannique, M. André Juneau, président de la pusillanime Commission fédérale et gardien en titre des Plaines d’Abraham, sans s’indisposer le moins du monde des conséquences de cette censure dont nous étions tous victimes, avait remis à zéro le compteur de la commémoration. Dans son repli bien mal inspiré et bien peu glorieux, il avait laissé à une organisation créée pour la circonstance (le Moulin à Paroles), le soin d'organiser autrement le rappel « pacifique » de cette grande cassure de notre histoire.

L'affaire ayant été entendue sans égard au peuple qui a pressant besoin de se souvenir, le groupe ainsi formé dans l’écume du repli des fonctionnaires canadiens, avait donc entrepris de « rendre hommage aux gens d’ici et d’ailleurs qui, par leurs mots, leurs écrits, leurs voix ont façonné ce coin du monde » (Dixit le Moulin à Paroles). Parmi les 140 textes « historiques, poétiques et prosaïques » retenus pour la circonstance, se trouve le fameux manifeste du FLQ, lu le 8 octobre 1970 sur les ondes de Radio-Canada. En ce qui me concerne, un texte mal écrit, homophobe, raciste, vulgaire et violent qui est loin de faire honneur à l'esprit de ses co-signataires.


Un moment douloureux de l'histoire récente du Québec

Lors des événements funestes qui ont marqué la Crise d’Octobre au Québec, je venais tout juste d’entrer dans ma vingt-deuxième année. Je me souviens de la commotion que cela avait semée dans notre maison et dans tout le voisinage. Malgré tout le mal que j'en pensais à l'époque (et que j'en pense encore aujourd'hui à bien des égards), cette croûte littéraire est un événement en soi, une tache d’encre indélébile dans l’histoire du Canada, du Québec et du mouvement indépendantiste qui n’a pas eu l’intelligence de se dissocier haut et fort d’un tel dérapage antidémocratique.

On fait de la politique ou on fait la guerre ! C’est l’une ou c’est l’autre ! Qu’on l’approuve ou pas des deux côtés de la barricade idéologique, n’en déplaise au premier ministre Charest qui a développé une bien curieuse conception de l’écriture de l’histoire, et peu importe ce qu’en pense M. Sam Hamad son ministre de la Sécurité sociale, le manifeste du FLQ n’est pas sans âme. Il se présente aujourd’hui, au regard de notre histoire nationale, comme l'ultime cri de douleur d'une jeunesse qui avait perdu foi en la politique de son époque, une déclaration de guerre insensée proférée par quelques rebelles sécessionnistes impatients, apeurés et coincés par les événements qu’ils avaient enclenchés dans leur folle virée d’adolescents retardés.


L'Histoire n'appartient à aucune cause

Ce qui n’est pas moins important à mes yeux, ce manifeste a l’ultime mérite de nous rappeler, en ces temps d’incertitude, le dérapage des années Trudeau, la loi des Mesures de Guerre imposée au peuple québécois, la police politique de Robert Bourassa et les abus de pouvoir d'un gouvernement fédéral complètement déphasé qui, après avoir profité du malaise que cela suscitait usque ad mare, a perfidement pris la balle au vol pour semer le chaos dans les esprits et régner sur la peur entretenue jusqu’en 1984.

À la face de cette histoire du Québec qui n’appartient à aucune cause en particulier, ce Manifeste doit être lu et relu quand les temps l'exigent. Il est là pour rappeler tout autant aux Canadiens français qu’ils ont été lâchement abandonnés et déniés d’histoire par leurs chef nationalistes après la défaite référendaire de 1995. Pour rappeler à tous les Québécois, peu importe leurs origines, leurs allégeances et leurs croyances, que la Liberté prend racines dans le sillon d’un lent et long processus historique et que le projet qui la porte en étendard perd toute noblesse s’il s’accomplit sous le catafalque du mensonge, de la peur, de l’intolérance et de la censure…

Akakia