Les délires d'Akakia

mardi, juillet 21, 2009

Chicoutimi - Couvrez ce sein que je ne saurais voir !

Tartuffe
Comment ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.


La carte publiée par Nicolas Bellin, en 1755, montre bien à quel point la toponymie du Saguenay a été dénaturée par les colonisateurs, jésuites, autres missionnaires et profiteurs de peuples en tête.
[Extrait d'une lettre envoyée par son auteure à Alex Décotte, journaliste et membre administrateur de la Fondation Voltaire à Ferney]

CHICOUTIMI, le plus beau nom qui soit en Amérique, a été déclassé pour satisfaire à des objectifs strictement politiques et financiers. Cette histoire pathétique se lit comme suit. En 1999, le gouvernement du Québec, dans un délire d'économies qui ne se sont pas réalisées, a mis sur pieds un vaste programme de fusions municipales dans le tout Québec qui est un bien grand vase fêlé par les temps qui courent. Au Saguenay, l'affaire s'est soldée par la fusion des villes de Jonquière, La-Baie, Canton-Tremblay, Shipshaw, Laterrière, Lac-Kénogami et CHICOUTIMI. Cela a eu pour conséquence première d'attiser les velléités entre les communautés paroissiales historiquement reconnues pour leur proverbial esprit de clocher. Dans un référendum où les béotiens étaient rois et les pleutres échevins, ils ont donc préféré voir mourir le nom mythique de CHICOUTIMI, plutôt que de le voir prendre la place que l'histoire lui devait. Preuve que la bêtise humaine n'a pas de limites quand un ou deux faquins décident d'y mettre le feu, des faquins qui logeaient dans le lupanar parlementaire de Québec, notre capitale nationale.

Pour bien apprécier toute la subtilité de ce délirant dérapage, il faut aussi savoir qu'avant la marche du peuplement blanc, en 1842, Chicoutimi, en plus d'être un poste de traite dont la fondation remonte à l'année 1671, était le nom qu'on donnait alors à un vaste territoire qui englobait justement la plupart des villes fusionnées dans ce qui était appelé plus justement « l'île Chikoutimy ». Pour cette seule raison, CHICOUTIMI était donc le toponyme le plus indiqué pour nommer la nouvelle ville fusionnée. Mais les élus et les fonctionnaires ont eu tellement peur de se mettre les gens des villages périphériques à dos, qu'ils ont abdiqué devant leurs responsabilités souveraines envers la postérité et l'intérêt supérieur de leurs administrés. 

Résultat, la ville fusionnée s'appelle désormais... « SAGUENAY » (sic), qui est le nom d'une région, d'une rivière et d'un fjord fabuleux, mais pas celui d'une ville ! Et depuis, il y a un mouvement de contestations formé de gens plus dégourdis intellectuellement et moins pusillanimes politiquement que les autres, des gens qui se sont donné comme mission de sauver le nom mythique, le plus bel héritage que l'histoire nous a donné, au prix de l'ostracisme politique de ceux qui règnent à l'hôtel de ville de SAGUENAY qui devrait pourtant comprendre où sont les intérêts réels de ses citoyens.

Cette sordide histoire n'est pas nouvelle chez nous. Quand les Jésuites sont arrivés, ils ont fait disparaître tous les noms toponymiques indiens, dont « Les Anses du Manitou », « La Couchée de Castor », « Le Castor noir », Petawitish, Papaouitish, etc... Ils les ont changé pour des noms de saints ! Et, aujourd'hui, après avoir changé tous les noms où il y avait un saint en avant, voilà qu'on tente de faire mourir les derniers lieux de mémoire toponymiques qui nous restent pour les « blanchir » encore plus propres, pour être les plus anonymes qui soient au monde, pour être bien certains que l'histoire nous oublie.

Voltairement vôtre,

Akakia
Chicoutimi

dimanche, juillet 19, 2009

Chicoutimi, la Belle des belles, un nom mythique qui attend sa délivrance...

Si l'Amérique du Nord a un fleuve, c'est bien le Saint-Laurent, celui que les Indiens avaient baptisé la « GRANDE RIVIÈRE DE CANADA » et où vivaient les Canadiens.

Si le Québec a un Royaume, c'est bien celui du « SAGUENAY », la « rivière la plus profonde de l'univers » qui en lave les flancs et qui l'abreuve par l'amont. Le fjord que Jacques Cartier a entrevu pour la première fois, le 1er septembre 1535, avec ses grands yeux blancs égarés.

Et si le Saguenay a un centre, c'est bien « CHICOUTIMI », la Belle des belles que des incultes ont méprisé en envasant son nom dans celui de la rivière. Un nom qui ne veut plus rien dire quand on vient au monde dans cette intimité et qu'on y fait fleurir ses enfants. Un nom par où passent l'histoire et la fierté de tout un peuple. Un nom que nous n'avons pas le droit de laisser tomber pour quelque velléité que ce soit. Un nom par où passera notre propre survie en tant que peuple né de la rencontre des eaux et des continents...

AKAKIA

Le Bassin de Chicoutimi, à l'heure d'écrire ces lignes. C'est là, en 1661, où le nom fait naître l'histoire, où l'histoire prend tout son sens, où la région prend sa source. De fait, c'est sur ce site sacré, lavé par le mariage des rivières Saguenay et Kinogamingue (qui deviendra rivière et ville de Chicoutimi) qui s'y rencontrent, que les premiers Métis sont tombés d'un premier lit euro-canadien. C'est du reste là, sur ce site où l'occupation humaine remonte à plus de 5000 ans, que les fondateurs ont fait leurs marques, ont construit chapelles, églises, usines et maisons ; là où un Peuple est né, en 1672.


Photo souvenir. La rue Racine, dans les années 1940. Rien n'était plus beau, plus authentique, plus suave et plus doux que cette rue. Le nom seul de la ville, Chicoutimi, évoquait à lui seul l'authenticité de ce peuple fier de son histoire et de ses racines. Les maisons y étaient cossues et coquettes, les magasins très modernes, et les gens aussi ingénieux et laborieux, qu'avenants. C'était le bon temps que la modernité n'a pas arrangé, hélas... à commencer par le mépris du nom de la ville, trucidé par des élus et des fonctionnaires à la vue courte. Il faudra bien, un jour, que les plus dégourdis d'entre nous, aient le courage et l'intelligence de corriger cette erreur débilitante...

Akakia

Coup de coeur très personnel, pour un séjour bucolique et confortable :
Pris sur le vif, au coeur de la ville historique où le Saguenay est venu au monde, l'Auberge Racine, aménagée dans l'une des plus belles maisons historiques de la Reine du Nord. Le visiteur y est au centre de toute l'activité citadine et culturelle. Un gîte chaleureux, où les propriétaires n'ont rien ménagé pour dorloter leur clientèle. Les chambres sont confortables, les repas bien servis, la grand' galerie donne directement sur la rue la plus passante de la région. On peut toujours réserver une chambre ou un place dans l'autobus de la maison, pour faire la tournée jusqu'aux baleines de Tadoussac, en téléphonant au 418-543-1919.


Photos et textes, Russel-A. Bouchard