mardi, juin 10, 2008

Rapport Bouchard & Taylor : les apprentis sorciers en eau trouble...

Dans un texte fleuve qui n'a rien à envier aux discours lancinants et pénibles du chantre de la révolution cubaine, Gérard Bouchard, la première moitié de la plume qui a signé l'historique rapport d'une Commission sensée réunir en une seule coupe multiculturelle (pardon, « interculturelle » !) ; l'auteur du livre « La nation québécoise au futur et au passé », l'inventeur de la «nation civique québécoise », en remet sur l'enclume de ses contradictions. Tous les quotidiens du Québec en sont témoins, de même que les oiseaux de la rivière Mingan de Jos Monferrand jusqu'à la Bitte à Tibi.


La faute à Voltaire

Encore une fois, les « québécois de souche canadienne-française » (sic) n'ont rien compris. Et s'ils n'ont rien compris, c'est que la faute est imputable aux leaders nationalistes qui ont gommé son rapport. En référant aux Canadiens français qui refusent cette assimilation, il écrit donc : « on doit tout de même admettre que cette nouvelle identité [franco-québécoise] ne peut pas être imposée à qui que ce soit. Chaque citoyen a le droit, s'il le désire, de conserver une référence à ses racines et de cultiver une appartenance ou une identité particulière, parallèle à l'autre et en relation avec elle... »

En voilà déjà beaucoup. Je me demande réellement si l'auteur est conscient de ce qu'il a écrit dans son rapport. En le lisant, j'ai l'impression de vivre sur une autre planète ! D'abord, il est faux de dire que ce sont les leaders nationalistes qui ont produit ce résultat. Et c'est réduire à bien peu l'ampleur du tollé de contestation puisque les Indiens (relisez Max Gros Louis) se sont immédiatement inscrits en faux contre le rapport. Puisque les Métis dont on ne daigne même pas souligner les deux passages à la commission le dénoncent eux-aussi (relisez mes propres textes et ceux des autres leaders du Québec). Puisque des milliers de Canadiens français qui ne sont ni nationalistes ni séparatistes ont vertement dénoncé le fait d'avoir été réduits à l'état d'une sous-culture du Québec moderne, des reculés qui n'ont plus que la pipe de plâtre et la ceinture fléchée comme lieux communs.

Faut-il être bouché à ce point pour imaginer qu'il n'y a que les nationalistes québécois qui ont quelque chose à perdre dans ce rapport qui bafoue le premier fait fondateur du Québec ? À sçavoir les Canadiens français et les Métis qui représentent encore tout près de 70% de la population du Québec !

Les Métis devront prendre note

Dans sa furibonde sortie, le co-auteur du Rapport soutient donc formellement l'idée que « chaque citoyen a le droit, s'il le désire, de conserver une référence à ses racines... ». Celle-là, au nom de tous les Métis dont il a contesté lui-même l'existence dans les journaux du Saguenay, je la retiens au rôle du débat qui s'ensuit dans notre société. En tant qu'Autochtone (Métis), je suis entièrement d'accord sur ce point. Et je suggère justement aux Canadiens français et aux Métis qui se sentent gommés et rétrécis dans le sidérant Rapport, de ne pas perdre de vue cette citation. C'est justement là le fondement de la crise qu'il a portée à un niveau inégalée depuis le Rapport Durham. Je crois que le co-auteur Bouchard n'est pas tout à fait conscient que le feu d'herbe qu'il a allumé dans ses écrits de l'après-référendum est en train de devenir un feu de brousse où plus personne n'a le contrôle, et qu'il en faudra encore bien peu pour qu'il s'étende à la forêt toute entière.

Notre homme se demande également : « pourquoi, suivant la même logique, serait-il condamnable de parler de Québécois d'origine canadienne-française, en particulier à l'intention de ceux qui tiennent à cette référence ? L'expression est parfaitement neutre, précise et équitable, et elle correspond à la réalité historique. » Je crois qu'il n'a pas compris que c'est justement là où le bât blesse. Les Canadiens français et les Métis n'en veulent tout simplement pas de ce rapetissement. Et c'est justement parce que cette notion les neutralise dans un miasme ethnoculturel sans âme dans lequel ils n'ont plus de références à leur histoire, à leur lutte, à leurs espoirs et à leur identité-propre qu'ils crient à l'imposture.

S'il y a débordement, comme il le dit craindre, le maître d'oeuvre de la « nation civique franco-québécoise » doit comprendre qu'il n'y est pas tout à fait pour rien. Et Jean Charest ne pourra s'en prendre qu'à lui d'avoir donné une baguette de sorcier à un apprentis qui n'est toujours pas foutu de comprendre qu'il a pris la baguette par le mauvais bout...

Akakia

5 Comments:

Anonymous Anonyme
dit :

Je crois que les péquistes et les bloquistes ont lâchement abandonné M. Bouchard Gérard comme ils l'ont fait avec mépris depuis des décennies avec les authentiques patriotes, nationalistes et souverainistes de souche française qui refusaient la notion de « nation civique ».

Quand le PQ s'est rendu compte que la population de souche française rejetait le rapport, ils ont posé un geste d'opportunisme politique. Il n'y a que Françoise David, ancienne marxiste-léniniste et Amir Kadir, qui ont, d'emblée, endossé le rapport. Quant au Bloc qui est acoquiné avec la section Québec, du Congrès juif canadien, il n'a pas crié très fort. Dans son esprit tortueux, nous le savons, et avec un chef plus ou moins identifié aux de souche, il ne faut pas se surprendre de sa réaction. N'a-t-il pas déjà déclaré que l'expression « de souche » lui donnait la nausée. Sans doute trouvait-il que les vieilles chaussettes sales sentent parfois le vieux chausson.

L'inconscience, l'irresponsabilité et la vanité des uns et des autres a failli nous emporter tous dans l'abîme.

Et ce que je trouve le plus désolant, c'est de constater que c'est encore un Québécois de service qui fait les frais de ce macabre rapport.

Mais comment M. Bouchard Gérard a-t-il pu penser un seul instant que nous accepterions de nous fondre dans une nation civique? D'accepter de nous réduire à une communauté culturelle au même titre qu'une autre? Ne sommes-nous pas (Canadiens français et Métis) les authentiques fondateurs de ce pays et de l'Amérique du Nord?

Et, où est le représentant des autres communautés? Quand défendra-t-il son point de vue? Pourquoi se cache-t-il? Aurait-il des choses à se reprocher?

Marie Mance Vallée

4:30 p.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

C'est l'ambivalence institutionnalisée. Ce que j'appelle aussi le pragmatisme calculateur. Vide de sens...et d'émotion...innommable!

Richard Harvey

6:24 p.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Le 12 juin 2008;

Un message de Jean-Pierre Plourde.

Titre de ce texte: Le parfait contrôle:

Faites l'exercice suivant:

Prenez le Quotidien de jeudi 12 juin. Page 16

Vous y verrez un article: Les locataires des terres publiques dénoncent la CRÉ.

Messieurs Réjean Thibault et Claude Boudreault n'aime pas l'attitude des élus du Saguenay dans le dossier de l'approche commune:

M. Thibault et Boudreault déclarent ceci:

"Comment peut-on rédiger un rapport conjoint sur l'avenir de la forêt alors que, de notre côté, on ne sait même pas comment le territoire sera départagé? Nous aurions davantage intérêt à investir nos efforts pour convaincre le gouvernement de nous laisser sièger à la table de négociations" Réjean Thibeault

Récemment, les responsables du RLTP se sont rendus sur le territoire de la MRC de La Haute-Côte-Nord, ou les élus ont obtenu d'être partie prenante des négociations avec la communauté Essipit, concernant l'agrandissement projeté de la réserve.
"Là-bas, les élus ont compris l'importance de ces négociations, ici on s'en fout. On laisse faire les choses comme si nous avions accepté d'être des citoyens de seconde zone. Et quand on pose des questions, nous n'avons pas de réponse."

Cela me semble une critique très civilisée et posée!
Voici la réponse du président de la CRÉ et ou je veux en venir:

En page 17, et sur le même sujet: le titre :

La critique insulte Georges Simard:

Les propos de Claude Boudreault et de Réjean Thibeault insultent le président de la Conférence régionale des élus (CRÉ) du Saguenay Lac-St-Jean, Georges Simard.

Selon M. Simard, il est clair que le peuple Innu de Mashteuiash possède des droits territoriaux...Il est temps de réparer les injustices commises à travers le temps, à l'égard des Premières Nations. ....S'ils le voulaient, ils (les Montagnais) auraient tous les droits sur l'ensemble du territoire insiste-il!

M. Simard dit qu'à moyen termes ils seront traités comme les autres...

Il veut sans doute dire qu’ils auront droit à des contrats sans soumission, à des redevances sur les revenus générés sur tout ce qu’on construit, à l'exonération de toutes taxes et même le droit de nous exproprier physiquement de nos territoires…
Ça peut aller très loin cette erreur là et je pense que ça va y aller…

C'est faire très peu de cas de la démocratie et des droits de la majorité, c’est complètement nier notre existence et nous rejeter à la mer, c'est la deuxième déportation massive des Acadiens.
Mes textes d'il y a 4 a 5 ans annonçaient ces événements.

Voici ma conclusion:

1. M. Charest a été élus sous de fausses représentations, ( le milliard de réduction d'impôt par année pendant cinq ans). Les représentants de la fédération devait prendre le pouvoir par tous les moyens...
2. Une fois élue, la fédération choisit un négociateur de ses amis, qui lui est favorable et capable d'introduire les strutures d'expropriation de la majorité en plaçant ses habitants sous la tutelle de la fédération... au même titre que les Amérindiens!
3. Pour donner un semblant de transparence, on choisi une figure politique connue du peuple, Guy Chevrette, comme devenant le porte parole devant le peuple des décisions prise par le négociateur en chef fédéral, très peu connu du peuple...
4. Pendant ce temps, on introduit une politique de porte ouverte à l'immigration afin d'en arriver à noyer la majorité et à en faire une minorité canadienne...
5. M. Charest à noyauté tous les organismes de l'état et tous ceux dont il à un droit de regard afin d'y placer des personnes qui lui sont sympathiques et qui suivront ses directives; Le président du CRÉ est probablement l'une de ces personnes, comme bien d'autres que vous connaissez...
6. Le peuple sent que quelquechose ne va pas, des mouvements de contestations se dessinent, il semble que des conflits sociaux majeurs sont en préparation et M. Charest cherche à calmer le jeu, alors, il nomme la commission TB en prenant soin de choisir les deux présidents en fonction de la réponse qu'il désire obtenir de ces deux Illuberlus. Le problème n'est pas réglé, il s'est amplifié...
Il semble bien bien que le chat soit sorti du sac, c’est une histoire à suivre.

En conclusion:

Comme je le décris dans mon texte, vivre libre ou disparaître, lorsqu'une puissance coloniale veut soumettre une colonnie :

1. Elle prend d'abord le contrôle de l'élite politique de ce pays;
2. Elle intègre ensuite ses hommes de contrôle dans l'économique (Yves Fortier, Alcan)
3. Elle fait de même dans toutes les organisations sociales dont elle à la gestion;
4. Elle manoeuvre pour mettre la majorité sous tutelle et l'assimiler le plus rapidement possible par l'immigration massive;
5. Elle gardera un ton modérateur et elle posera des gestes de conciliation jusqu'à ce que la majorité soit disparue.
6. L'Hydro-Québec est infiltrée et son avenir devient à risque. Elle ne sera bientôt plus située sur des territoires appartenant à la majorité, Elle sera sujette aux directives de la fédération en ce qui concerne la distribution, les coûts de l'électricité et autres priorités. de plus, Elle devient sujette à l'expropriation et à la vente à des intérêts autres que Québécois, ce qui est son objectif à long terme;
7. Les gros investissements, éoliennes entre autres, capables de créer un bras de levier économique sont donnés en grande majorité à la communauté d'intérêt Canadienne, principalement Ontarienne qui pourra éventuellement construire des lignes de transmission sur nos territoires sans avoir besoin de notre autorisation;
Note:
Soyez assuré que le ton de la fédération va changer radicalement lorsque notre majorité sera disparue, l’expropriation sera complétée….
Ce pays se donnera alors le droit de réprimer de toutes les façons, les contestations venant du Québec, et l’ONU sera avisée qu’il s’agit d’une affaire interne…
En espérant avoir été utile,

Jean-Pierre Plourde,
saglac@gmail.com
saglacweb.blogspot.com
saglacweb.com

1:25 a.m.  
Blogger M. Sylvain Tremblay
dit :

"....S'ils le voulaient, ils (les Montagnais) auraient tous les droits sur l'ensemble du territoire insiste-il!"
- président du CRÉ , dans l'article de m. Plourde.

Malheureusement, je pense bien que c'est ça qu'ils veulent, à long terme, car l'Entente de principe général dit bien que le traité sera sera remis à jour à chaque fois que ce sera nécessaire, dans le sens de l'avantage mis du côté des Innus, tout le temps - à ce train là, il n'y a pas de limite, nos régions vont constamment perdre du terrain, et ce sera la fin de notre civilisation sur cette partie du Québec, à plus ou moins long terme.
Le type de gouvernement qu'ils installent les affranchissent des réserves, en même temps qu'ils s'emparent du pays des Innus, au mépris des métis et des autres qui vivent avec eux depuis 400 ans. Leurs centres de commandement seront les Innu assis, où seuls les Innus des ex-réserves (avec peut-être aussi les autres Innus inscrits) auront droit de vote pour élire les gouvernements, lesquels auront toute latitude de gouverner sur les Nitassinans, où nous habitons, notamment.
C'est donc d'un gouvernement régional qu'il s'agit, qui va leur appartenir en bien propre. Les autres n'auront qu'à déménager s'ils ne sont pas contents, avant qu'on les y force par toutes sortes de manières. Ils trouveront bien une force de travail servile ailleurs pour faire fonctionner leur système moyen-âgeux.
Un coup le système de gouvernement qu'ils veulent enchàssé dans le traité, ils seront les maîtres du jeu du pays Innu, et il nous sera impossible de faire changer celà (car la remise à jour du traité devra toujours être en leur faveur).
La CRÉ, là-dedans, même si c'est probablement la plus haute instance gouvernementale régionale, n'y peut pas grand chose, car ce n'est qu'un organisme, pas un gouvernement régional. Si c'était un gouvernement élu, il pourrait nous défendre face à la volonté du Québec de conclure ce traité avec les Innus des réserves. Sans gouvernement régional élu, malheureusement, nous sommes à la merci de la volonté des autres.

12:07 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Le 14 juin 2008

Un message de Jean-Pierre Plourde,
en réponse à Sylvain.

Vous comprenez l'essentiel.

N'oubliez pas que le maitre du jeu demeurera toujours la fédération qui pourra en tout temps rejeter toute loi ou règlement qui ne fera pas son affaire, que cette loi soit voté par les Amérindiens ou Élus Québécois. La fédération détiendra de fait la tutelle sur tous les citoyens de nos territoires, Amérindiens, immigrants et tous Québécois confondus.

Le défaut de connaitre notre histoire nous joue un très vilain tour.

Nous en sommes tous coupables...

Nous avons accepté une forme de lavage de cerveau...

On saisi aujourd'hui l'ampleur des paroles que Charles Guité a prononcé à la commission Gomery: "On était en guerre", et confirmé au présent par Jean Chrétien lui-même...

Des lendemains douloureux s'annoncent pour ce pays.

La cupidité des hommes est sans limite;

L'ironie de la chose c'est que le tourbillon a de fortes chance d'entraîner la disparition des us et coutumes des amérindiens, ce pour lesquels ils se sont battus depuis des siècles....

Je suis curieux de savoir comment, les citoyens vont constater que l'élection démocratique de ses représentant n'aura plus aucune signification, les élus n'ayant plus aucun pouvoir, sauf celui de réprimer les aspirations légitimes de la majorité.

Pour reprendre une expression consacrée, Ça ne sent pas bon du tout...


Jean-Pierre Plourde,
saglac@gmail.com

12:41 p.m.  

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