Les délires d'Akakia

samedi, août 25, 2007

Commission Bouchard-Taylor — La procession des clercs, première station...

Si vous pensiez que vous alliez avoir droit à une rencontre où tout allait subitement devenir clair comme de l'eau de roche, vous vous êtes encore leurrés. Au terme d'une première journée d'audiences —comme dans audiences papales— où ils ont rencontré quelque 300 jeunes manifestement triés sur le volet par le biais du forum de l'École d'été de l'Institut du Nouveau-Monde, le duo Bouchard-Taylor s'est dit absolument ravi de l'hyper discipline, de l'impressionnante tolérance, de l'exceptionnelle ouverture d'esprit des jeunes qui leur ont fait la courbette d'usage. Avoir les pieds dans ces mules de velours, on ne l'aurait été pour moins ! Interrogés par la presse montréalaise qui s'était faite toute proprette pour la circonstance, les deux penseurs officiels n'ont effectivement pas tari d'éloge devant la politesse excessive de cette jeunesse vitement goupillonnée pour sa « confiance en leur identité collective ».

Plaît-il d'espérer que ce ne soit pas là, comme le suggère le titre de l'émission d'informations de Radio-Canada, « un avant-goût du débat à venir ». Car, si tel était le cas, il le faut bien avouer, l'affaire Hérouxville et tout le délire populaire qu'elle a suscité, n'auront été qu'un coup de sang méchamment récupéré par des médias en mal de sensations fortes et qu'il n'y avait pas là faire les frais d'une telle commission. On comprendra donc pourquoi ni La Presse, ni Le Devoir, ni même le premier ministre Jean Charest n'ont voulu prendre le risque de commenter l'avant première fracassante de Gérard Bouchard qui, dans un sidérant commentaire lancé dans les bureaux du Devoir la semaine dernière, a soutenu du haut de son ambon, que « les gens qui ne sont pas des intellectuels, mais qui regardent les nouvelles à TVA ou à TQS, dans le meilleur des cas au Téléjournal, [croient que] c'est bien plus simple quand on est tous pareils ».

Si vous pensez que cette première est le fruit du hasard, détrompez-vous, car ce serait bien mal connaître l'aura de ces officiants qui ont l'habitude de l'encens et des processions. Cette manière d'ouvrir ainsi le débat n'a effectivement rien d'innocent. Ceux et celles qui ont notamment suivi pas à pas toute la carrière du professeur Bouchard, savent du reste que cette façon de faire porte en elle et à elle seule sa signature.

En effet, pour éviter le débat populaire qu'on dit craindre par dessus tout, il suffit de bien peu en fait. Il suffit, primo, d'une tribune construite sur mesure ; entendons donc l'Institut du Nouveau-Monde où ces professeurs-chercheurs ont une puissante ascendance puisqu'ils y recrutent une bonne part de leur personnel. Secundo, d'un auditoire déjà rompu aux thèses de ces professeurs-chercheurs qui abhorrent la controverse quand ils ne sont pas assurés d'avoir un plein contrôle sur l'émission des idées ; entendons des étudiants formés justement selon les préceptes de cette église de professeurs-chercheurs qui trônent sur de plantureuses subventions statutaires. Tertio, des étudiants en mal de leurs diplômes ; entendons des étudiants d'esprit plat qui n'ont que le souci de ne pas faire de vagues pour ne pas perdre, qui un emploi à temps partiel, qui une subvention de recherches, qui une note parfaite sur son diplôme d'étudiant docile. Et, quarto, cela a été justement évoqué par détour au cours de cette rencontre des plus « civilisées » (sic), il suffit de s'assurer la mollesse sinon la pusillanimité d'une presse écrite rompue à l'esprit du pouvoir, pour ne pas dire d'une presse faiblarde et consensuelle qui, pour une raison et pour une autre, a manifestement décidé de ne pas indisposer les deux professeurs-chercheurs dans leur visite épiscopale de cet automne bien fade qu'on nous a organisé.

Le ton est ainsi donc donné ! « Ce qui nuit à la cohésion sociale, c'est notre système médiatique », a d'ailleurs lancé un jeune homme qui, comme bien d'autres, a avoué ne pas être indisposé par tous ces accommodements. Sans doute un premier de classe ! À voir la faiblesse de la couverture journalistique consacrée à cette première journée d'audiences populaires sur les accommodements raisonnables, considérons déjà que l'auditoire médiatique du tout Québec a bel et bien reçu ce dernier message d'apaisement. En regard de la conclusion qu'on dit déjà pressentir depuis le début de ce programme et de l'esprit qui les anime dans ce qui risque de devenir une lancinante procession où l'encens fait bon ménage avec le goupillon, MM. Bouchard & Taylor ont, à leur manière, raison d'être contents...

Akakia

jeudi, août 23, 2007

En attendant la rentrée des intellectuels patentés Québec Inc...

Caricature : « Le Quotidien », Chicoutimi, 23 août 2007

<Citation :
« Nous, les intellectuels, on a mal fait notre travail. On a posé et on a postulé que la diversité était bonne et enrichissante pour le Québec sur le plan culturel. Mais on ne l’a pas démontré avec les études nécessaires. Nous étions certains que personne ne voudrait soutenir la position contraire. Est-ce qu’on connaît un seul article présentant un argumentaire solide et convaincant démontrant de façon concrète en quoi la diversité ethnique est une source d’enrichissement culturel ? Certes, il y a des études sur l’enrichissement économique du Québec. Mais sur le plan culturel, la chose est quasi impossible à trouver. » — « C’est bien plus simple quand on est tous pareils. Il est alors plus facile de prendre des décisions car les débats sont plus rapides, les gens partageant les mêmes codes. »
Gérard Bouchard, intellectuel et co-président de la Commission sur les Accommodements raisonnables


Commentaire :
Décidément, il n’y a que nous, oui! que nous les Canadiens français, pour accepter de participer à cette danse macabre qui conduit en droite ligne à notre propre suicide culturel, à notre propre extinction... et au nom d’un idéal qui a été récupéré par quelques élites de la dernière heure, des élites puisées à même le peuple qu’ils méprisent, les mêmes diseuses de bonne aventure et même croupiers de casinos qui ont détruit les acquis de la Révolution tranquille et notre système de Santé, des Délié qui n’arrêtent pas de vendre la montagne, les lacs et les rivières aux étrangers. Faut le faire quand même! «Si le Québec se souvient, écrivait Jean-Paul Desbiens, il doit se souvenir de tout son monde» — et j’ajouterai de tout ce qui l’a forgé, de tout ce qui l’auréole et l’assombrit, moments durs comme moments doux, heures de honte comme heures de gloire.

« Si tu as honte avec raison ne te montre pas. Ne parle pas. Ronge ta honte. Excellente cette indignation qui te forcera de te refaire en ta maison. Car elle dépend de toi. Mais celui-là a les membres malades : il se coupe donc les quatre membres. C’est un fou. Tu peux aller mourir pour faire en toi respecter les tiens, mais non les renier car c’est alors toi que tu renies.»

«Bon et mauvais ton arbre. Ne te plaisent pas tous les fruits. Mais il en est de beaux. Trop facile de te flatter des beaux et de renier les autres. Car ils sont aspects divers d’un même arbre. Trop facile de choisir les branches. Et de renier les autres branches. Sois orgueilleux de ce qui est beau. Et si le mauvais l’emporte, tais-toi. À toi de rentrer dans le tronc et de dire : «Que dois-je faire pour guérir ce tronc ? »
(A. de Saint-Exupéry, Citadelle)


Extrait d'un pamphlet titré «Déconstruire »... le Québec! Pour qui ??. Rédigé en réplique au « Dialogue sur les pays neufs », Russel Bouchard, 26 novembre 1999.

dimanche, août 12, 2007

La disparition de la petite Cédrika Provencher – Au-delà du discours d'intention...

Difficile de passer à côté et encore moins de ne pas s'en émouvoir. L'affaire, triste comme pas une, défraie à juste titre la une de tous les médias du Québec, toile comprise, depuis la disparition de la petite Cédrika Provencher. Partie en vélo le 31 juillet pour s'amuser comme tous les gamins de son âge, la jeune trifluvienne de 9 ans n'a pas été revue depuis. Malgré tous les effectifs policiers qui ratissent large la Mauricie pour tâcher de la trouver en vie, bien peu d'indices, hélas ! ont été réunis jusqu'à ce jour pour nourrir l'espoir des parents et des amis qui ne peuvent en faire plus.

« Vous avez fait quelque chose de mal », a lancé le papa visiblement fatigué, hier, devant les caméras de la télévision du Québec tout entier qui ne cesse de s'émouvoir. « Faites maintenant une bonne action. Ramenez-là. Il reste toujours un peu de bon au fond de quelqu'un, c'est le temps de le prouver, de la ramener. Garde courage, on va te trouver ma fille. » Il n'y a pas un père, pas une mère qui ne soit pas touché jusqu'au fond du coeur par ce cri de détresse. Pas un père, pas une mère digne de ce nom qui ne soit pas interpellé dans son âme par cette sorte de crime odieux qui, il faut bien le dire ce matin, a pris l'allure d'un fléau démentiel avec l'avènement de l'Internet !

Pour contrer ce qui est en proie de devenir un phénomène de civilisation qui mine la base même de l'humanité —nos enfants—, les systèmes traditionnels de protection du public sont manifestement dépassés. Il faut bien le constater avec effroi, la toile mondiale est devenue une irrépressible toile d'araignées qui sert de refuge à des milliers de détraqués qui passent tout leur temps à se gaver de pornographie infantile et à caresser leur irrépressible désir de passer à l'acte. Selon ce qui ressort a priori des statistiques et des nouvelles de procès qui prennent de plus en plus de place dans nos cours de justice, nul besoin d'être psychiatre pour constater aujourd'hui que la presque totalité des agressions sexuelles commises sur des enfants, sont le fait de dépravés, mâles en l'occurrence !

Des hommes de tous âges ; de toutes conditions sociales ; de tous statuts ; de toutes natures ; de toutes religions et de tous pays qui, bombes ambulantes chargées de testostérone en quête d'une victime, ne sont pas capables de dominer leur agressivité, leurs pulsions de domination et leurs fantasmes totalement déréglés. Devant l'ampleur d'un tel désordre, que peut-on faire ? Est-il seulement possible d'imaginer une solution le moindrement efficace et respectueuse des droits humains, pour faire baisser —ne serait-ce que de 5%— le taux de cette criminalité totalement inacceptable (100 enfants voire 10 de sauvés, c'est quand même mieux que rien).

En ce sens et à mon humble avis, une des pistes de solutions qui reste à envisager réside dans l'usage —mesuré socialement et scientifiquement— d'une médication appropriée pour contrôler le taux de testostérone chez les gens qui ont développé ce désordre innommable, et pour ceux qui en souffrent sans l'avoir cultivé... du moins pas encore. J'entends par là une médication chimique efficace et imposée qui permettrait, dans un premier temps, à la Justice de contrôler l'appétit sexuel des pédophiles déjà condamnés pour leurs gestes infâmes ; et une médication chimique offerte sur une base volontaire rendue disponible à ceux —car il y en a certainement une bonne proportion— qui se savent envahis par cette malveillance et qui voudraient disposer d'un tel moyen extrême pour ne pas passer à l'acte monstrueux. Car, s'il y a une légion de pédophiles prédateurs en quête d'une prochaine victime, il y en a forcément d'autres, plus discrets sans doute, qui se retiennent encore et qui accepteraient de recevoir de l'aide si toutefois elle était disponible.

Sur le strict plan médical, nous savons que les médicaments existent. Sur le plan moral, le débat public a fait beaucoup de chemin en dix ans avec la rupture de ce tabou —inceste-pédophilie— qui remonte à l'âge des cavernes. Il en faudrait bien peu pour trouver un consensus social tenant compte à la fois de la précarité du moment et du principe de l'intégrité de la personne. Ne reste plus que la question éthique qui, il faut le bien reconnaître, se perd encore dans les dédales des écoles savantes mêlés à ceux des intérêts corporatifs divergents. Et c'est à ce niveau, je crois, que le public peut intervenir sainement, en forçant les gouvernements et les politiques de notre pays à aller au-delà du discours d'intention. Puisque nos enfants n'ont pas la formation pour parler en leurs propres noms, c'est à nous, parents et grands-parents qui disposons de ce savoir et cette sagesse de le faire pour eux...

Akakia
Le 12 août 2007

mercredi, août 08, 2007

Suicide assisté de « La Grosse-Ile » ; le massacre du patrimoine maritime du Québec se poursuit...

Le propriétaire de ce qu'il décrit comme la dernière goélette à voiles du Saint-Laurent convie la population à sa destruction le 25 août dans le port de Québec.Je sors un court instant de ma cavale littéraire estivale, pour me désoler avec vous de cette triste nouvelle voulant que le propriétaire de la goélette « La Grosse-Ile », M. Didier Épars (nom on ne peut plus poétique pour ce genre d'entreprise), a décidé de mettre le feu à son bâtiment historique devenu une trop lourde charge pour ses vieux os et son escarcelle ratatinée de retraité gaspésien.

Dans un commentaire laconique, M. Épars ne cache pas son dépit et ne se prive pas de tirer à boulets rouges sur la Commission des Biens culturels du Québec qui, il est aussi vrai, n'en perd pas une pour témoigner de son insensibilité à l'égard du patrimoine national. Tout en déplorant la légèreté culturelle des fonctionnaires gouvernementaux et l'absence d'aide des ministères concernés, il assure qu'il entend bien passer à l'acte le 25 août prochain dans le port de la Vieille Capitale —qui, permettez-moi de le souligner pour ma part, n'en finit plus de s'humilier en quêtant à des pays amis des cadeaux de toutes sortes dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Samuel de Champlain.

Alors qu'on se prépare justement à célébrer l'historique événement, l'un des derniers témoins de notre belle aventure maritime risque donc d'être sabordé devant ce qui fut, ironie de l'histoire, le premier lieu d'habitation française en Amérique. C'était en 1608, rappelez-vous qu'elle nous dit et redit la mairesse Boucher ! Encore une triste fois, ce résultat est l'oeuvre d'une insouciance collective déplorable que ne dément pas du reste l'inculture de nos représentants aux Parlements. Faut-il espérer, pour éviter cet autre innommable naufrage de notre patrimoine national, qu'un Français de France, plus futé que nous et séduit par ce témoin authentique du Québec en déroute, se fasse le sauveur de ce joyaux de notre patrimoine maritime ?

Akakia
(Qui est aussi Russel Bouchard, Chicoutimi)

P.-S. Pour vous désoler davantage, je vous invite à lire le commentaire suivant, tiré du « Journal de Québec » de ce 8 août 2007 :


« A bout de ressources, M. Didier Épars, propriétaire de la goélette Grosse -Ile y mettra le feu à cette date pour éviter la faillite. M. Epars a fait parvenir un dossier de presse hier soir aux quotidiens pour expliquer son geste désespéré. Il convie incidemment le premier ministre Jean Charest à ce grand spectacle.

«Je sais que c'est un geste absurde» a indiqué hier M. Epars en entrevue «mais quand vos interlocuteurs vous disent que ce bateau n'a pas de valeur alors qu'il s'agit d'un bien culturel, quand on vous dit que ça ne vaut guère plus qu'un stand de patates frites....»

La Grosse-Ile a été construite en 1951 au chantier maritime de Saint-Laurent sur l'Ile d'Orléans pour les besoins de la Défense. Elle servait à faire la navette entre Montmagny et Grosse Ile et transportait des gaz peu recommandables comme l'anthrax. Particularité, cette goélette a été faite selon les modèles des années 30 à fond plat et serait unique en son genre. Selon son propriétaire c'est la dernière survivante d'une époque puisque les milliers de goélettes construites sur les rives du fleuve sont disparues ou hors d'usage.

La goélette a été entièrement restaurée et serait prête à prendre le large. «Nous avons travaillé avec le ministère fédéral des Transports et il ne nous manque que la dernière étape de la certification obtenue avec l'essai en mer, contrairement à la Marie-Clarisse qui n'a jamais été certifiée» d'expliquer M. Épars.

Celui-ci a acheté le bateau en 1991 et affirme avoir englouti 600 000$ dans cette aventure. Une fondation a été mise sur pied avec des «amis de la goélette» et l'investissement privé atteint 1,4 million $. L'aide du gouvernement a pris la forme de programme de création d'emploi et rien d'autre. C'est un maître-charpentier, Paul Mailloux, de l'Isle-aux-Coudres, maintenant décédé, qui a supervisé les travaux de réfection. La Grosse-Ile est en cale sèche à Québec depuis 2003 et a reçu un avis d'éviction puisque le quai doit être refait. Le manque à gagner pour sauver la goélette serait de 320,000$.

Les multiples rencontres avec le ministère de la Culture et avec et avec les gens du 400e n'ayant rien donné, M. Epars s'apprête à désarmer le navire pour récupérer un peu sa mise de fond et à y mettre le feu dans la coque!.

Dans une lettre au ton tristement ironique envoyée au premier ministre M. Épars dit «nous allons in extremis éviter la faillite, rembourser partiellement tous ceux qui ont cru et soutenu notre lubie d'un navire patrimonial québécois naviguant sous voiles sur le Saint-Laurent avec des passagers, et nous allons nous débarrasser d'un actif encombrant et sans valeur monnayable. Je vous convie et toute la population au démembrement de la goélette sur le quai 27 le samedi 25 août.»