Les délires d'Akakia

vendredi, février 23, 2007

Lettre de Ferney—Voltaire aux amis du Québec et du Canada

L'église érigée à Ferney par Voltaire, en hommage à Dieu. Photo R.B., 2001.

Cher ami canadien,
Nous cherchons à faire traduire dans un maximum de langues actuellement parlées sur la planète Terre trois phrases de Voltaire, avec pour objectif de soutenir et de promouvoir une action de restauration de l'ancienne église paroissiale de Ferney-Voltaire (01210, Département de l'Ain, France), dans le cadre d'une campagne que nous nous disposons à lancer dans le cadre de l'Association Voltaire à Ferney. ( Voir Lucien CHOUDIN: "Deo erexit Voltaire MDCCLXI L'église de Ferney 1761-1826"

Nous vous prions de trouver ci-dessous quelques données générales sur le sens de cette action, l'esprit de notre campagne et plus précisément la finalité des traductions souhaitées. Des informations complémentaires sont évidemment disponibles.

Nous serions particulièrement heureux de pouvoir faire lire ces lignes du meilleur Voltaire (car nous connaissons l'autre aussi!) dans quelques-unes au moins des langues autochtones du Canada.

Pour toute aide éventuelle, recevez nos très vifs remerciements

APPEL À TOUS TRADUCTEURS BÉNÉVOLES
EN TOUTES LANGUES

« Puissent tous les hommes se souvenir... »

Une opération est ici lancée, qui vise à traduire et faire traduire dans un maximum de langues trois lignes de Voltaire, ce qui devrait au moins produire une œuvre collective originale, mais pourrait aussi contribuer à terme, on l'espère, à promouvoir la meilleure des causes dans le moment présent : la conscience d'un lien reliant tous les hommes à travers l’espace et le temps et l’exigence commune d’une élévation du niveau moyen d'humanité dans l’espèce humaine. C’est à peu près, croyons-nous, ce que disent les trois lignes en question, d’où l’intérêt de les faire lire idéalement dans toutes les langues humaines, pour que nul homme n’en ignore, s’il les rencontre un jour, le sens et la portée.

Nous savons que cette idée d’une fraternité d’obligation humaine fut longtemps religieuse et qu'elle le reste en son principe, s'il est vrai que les "religions" ont vocation à "relier". À nos yeux, en 2007 sur cette planète Terre, un étrange vieux monument jadis religieux, devenu laïc et presque oublié peut aussi porter et symboliser la même cause, pas forcément mieux, mais plus globalement, peut-être aussi plus concrètement.

Curieux paradoxe : ce message vient "du pays de Voltaire" (comme les Français entre eux désignent souvent la France, non sans facilité), plus précisément de Ferney-Voltaire, et c’est l’église même que construisit Voltaire qui est ici en cause. Car il y mit son nom, qu’on voit encore sur la façade quand on passe à Ferney : DEO EREXIT VOLTAIRE. MDCCLXI. Nous pensons que Voltaire, en vivant et en écrivant à Ferney après 1761 et jusqu'à la fin de sa vie, eut toujours à l’esprit une sorte de prière publique insérée dans le Traité sur la tolérance, dont nous évoquons justement ici le texte dans un cadre plus général.

Il s'agit en effet pour nous, plus largement, de promouvoir la restauration de cette ancienne église de Ferney-Voltaire, en l'orientant dans un certain sens architectural et patrimonial, à l'occasion d'un programme de travaux qui devrait commencer en 2008.

Construite en 1761 à l'arrivée de Voltaire à Ferney, presque entièrement à ses frais puisqu'il était le seigneur de ce petit village, l'église paroissiale fut vandalisée sous la Révolution (1794). Grossièrement relevée et consolidée dans sa forme ainsi dégradée (1801), elle fut sécularisée en 1826, sous la Restauration, au moment de la construction d'une église neuve au centre du village. Abandonnée alors et vouée à la destruction, la bâtisse fut enfin rachetée au diocèse par les propriétaires privés du château et en devint une simple dépendance, tantôt remise, tantôt hangar, tantôt atelier
au gré de cinq générations de châtelains. L'État Français ayant fait l'acquisition en 1999 du château de Ferney, du parc et de ses dépendances, l'ancienne église paroissiale, souvent nommée (à tort) "chapelle de Voltaire", est aujourd'hui entrée dans le domaine public. La bâtisse a besoin de soins assez urgents, et une campagne de travaux est prévue pour 2008. L'orientation actuelle, après étude liminaire du dossier, va dans le sens d'une réfection du monument en l'état, c'est-à-dire d'une reconduction de la forme actuelle, lourdement dégradée par l'usure du temps et par les aléas de l'histoire.

Cependant des représentations pressantes et conjointes d'élus locaux, de groupes de citoyens, d'historiens, d'intellectuels et de chercheurs, ont récemment remis en cause cette décision de principe : le dossier technique est en passe d'être réouvert. Les arguments ne manquent pas en effet pour soutenir l'issue alternative d'un retour à la forme ancienne dite "voltairienne", option qui se trouve à la fois plus fidèle à l'ancienne histoire locale, parfaitement réalisable sur une base documentaire fiable, enfin, et surtout, idéalement conforme à l'esprit du lieu, c'est-à-dire à cette vocation universelle de tolérance que Voltaire avait assignée à "son" église au-delà des apparences et des contraintes confessionnelles de son époque, vocation que son œuvre prolonge dans ses signes propres, par l'espoir d'une conciliation fraternelle de tous les hommes de foi ou de bonne volonté, croyants ou incroyants.

Bref, nous appelons à "relever" l'église même que Voltaire avait "élevée", comme le dit l'inscription de dédicace qu'il y plaça et qu'on lit toujours au fronton du monument : DEO EREXIT VOLTAIRE. Et nous nous disposons à organiser en ce sens, tout au long de l'année 2007, le plus large mouvement possible de sensibilisation, de soutien, de pétition, voire de souscription, pour faire prévaloir la seule option vraiment juste à nos yeux, et sur le plan du message historique et quant à sa valeur de témoignage patrimonial pour les visiteurs à venir, hommes et enfants de tous pays.

Un site est actuellement en construction pour accompagner cette campagne, qui pourrait s'appeler... EREXITHON. Nous avons souhaité mettre en exergue à ce site et à la campagne, sur une page totalement ouverte, un petit texte de Voltaire qui puisse symboliser le monument qui nous est cher et l'objectif de notre action, et nous essayons de faire traduire ce petit texte dans
toutes les langues actuellement parlées, sans considération d'origine ou de nation, de confession ou d'idéologie : c'est à nos yeux un simple signe d'appartenance humaine et de dialogue sans frontières.

On a choisi à cette fin trois courtes phrases de la célèbre "Prière à Dieu" du "Traité sur la tolérance". On sait que ce livre fut écrit et publié par Voltaire en 1763 pour la réhabilitation de Jean Calas, protestant de Toulouse exécuté et supplicié pour motifs de foi, et que cette réhabilitation fut acquise en 1765 grâce à son action dans ce qui reste "l'affaire Calas". Il nous semble que le texte qui suit peut illustrer le DEO EREXIT VOLTAIRE de 1761, lisible encore sur la plaque de pierre d'une minuscule église de village qui aujourd'hui a changé de sens dans un monde si troublé :

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« Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps, Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger. Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères !
Voltaire, Traité sur la tolérance, « Prière à Dieu ».»

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On demande aux traducteurs :
1) de traduire en entier le texte ci-dessus, sa référence comprise
2) d'y mettre s'ils veulent bien leurs nom et prénom(s) plus un signe de lieu, pour les identifier sur le site à côté de leurs traductions respectives
3) de donner quelques détails sur la langue de traduction quand elle n'est pas très connue (pas assez connue !)
4) de dire enfin s'ils souhaitent être tenus au courant des suites de cette initiative, en indiquant par exemple une adresse électronique.

L'Association Voltaire Ferney, avec ses partenaires et sympathisants,
adresse à tous ces traducteurs, frères humains et bénévoles, de tout cœeur,
l'expression de sa gratitude.
Si vous en avez le tmps, bien sûr.
SLTS voltairiennes
________________________

VOLTAIRE À FERNEY
26, Grand' Rue
01210 Ferney-Voltaire
tel-fax: 04 50 28 27 85



Cher ami de Ferney,
J'ai signé, comme vous me l'avez demandé, cette magnifique traduction qui reproduit parfaitement bien l'esprit voltairien quand il est question de Dieu. Voltaire, comme il prit le temps de le faire savoir avec tant de force aux zélotes cléricaux de son époque, croyait en Dieu mais répudiait toutes formes d'intolérance, à commencer par celle venue des croyances et des préjugés. Voltaire fut en fait le premier génie littéraire à savoir si bien faire la différence entre foi et croyances. Peut-on simplement imaginer ce qu'il fallait de force, de conviction et de courage pour exprimer cette foi tant dans le monument littéraire formé par son oeuvre que dans un bucolique et pastoral monument de pierre qui fait l'éloge de la chaume et de la belle terre de France.

D'un admirateur,

Russel Bouchard
Métis canadien-français et historien
Chicoutimi, Québec, Canada

lundi, février 19, 2007

À mettre au dossier de la commission d'enquête sur les accommodements...

C'était dans les jours encore tout chauds de la défaite référendaire de 1995. On se rappellera que Jacques Parizeau venait d'abandonner son fauteuil rembourré au Parlement de Québec sur la fameuse question du « vote ethnique » (!), un fauteuil que Lucien Bouchard récupérait ainsi par la bande pour en faire son trône. Les arbres laissaient tomber leurs dernières feuilles d'un automne chaud. Le peuple se préparait à un long et dur hiver national. Les nationalistes n'en finissaient plus de s'auto-flageller sur la place publique et de promettre d'accommoder les nouveaux arrivants pour qu'ils s'y sentent bien.

Pendant que certains s'étendaient sur la planche à clous pour exorciser ce grand malaise, d'autres arrivaient avec leur bure et allumaient les braises qui allaient irradier de ce pire des mondes le nom même des Canadiens français, le socle séculaire sur lequel avait été construit pourtant le projet national. Dans la clameur, une tête émergea, pour dire notamment ce qui suit :

« Le nationalisme québécois serait condamnable s'il voulait imposer aux immigrants les coutumes ou la religion traditionnelles des Canadiens français. Il serait coupable s'il prétendait imposer aux immigrants certaines idéologies ou le programme d'un parti. [...] S'il faut parler de « nettoyage ethnique », comme l'ont fait récemment (et d'une manière totalement irresponsable) quelques éditoriaux en provenance du Canada anglophone, c'est bien plutôt celui que, depuis quelques décennies, les francophones québécois ont pratiqué sur leur propre culture afin de mettre en oeuvre un projet national qui soit le plus ouvert possible.

Mais il convient de le dire clairement aussi : tout ce travail d'adaptation et de renouvellement en profondeur n'est pas terminé. Le nouveau nationalisme québécois est encore en train de se faire et, chacun a pu le voir, tous les francophones ne suivent pas au même rythme. D'où la nécessité de marquer fortement la nouvelle tendance porteuse, déjà largement majoritaire, et d'accélérer sa promotion afin d'en détacher au plus vite les éléments dissidents et de clarifier les positions des uns et des autres. [...] Les efforts doivent maintenant se porter vers les deux défis les plus exaltants et les plus prometteurs du néo-nationalisme québécois : à) construire une identité nationale dans la diversité, b) assortir le projet national de contenus sociaux originaux. Faute de quoi, ce courant d'idées perdra beaucoup de son intérêt et plusieurs de ses supporteurs actuels s'en détourneront sans doute. »


Fin de l'épître et de la conclusion ! Et c'est signé : Gérard Bouchard, « Qu'est-ce qu'un nationalisme ethnique ? », in La Presse, 16 novembre 1995.

Onze ans plus tard, le résultat est criant, pathétique. L'élite « néo-nationaliste » québécoise s'est accrochée par la langue, par les pieds et par les mains à cette idée qui est devenue une sorte de dogme ; elle l'a soutenue de toutes ses fibres ; elle l'a défendue et enrichie sans s'inquiéter le moins du monde de la dérive et du tort irréparable qu'elle créait à sa propre cause ; et le Québec tout entier allait devoir vivre avec les conséquences désastreuses de cette mutation de l'identité nationale. Comme le gouvernement fédéral l'avait fait avec les Métis, en 1876, les Canadiens français passaient ainsi, par la main de leur propre élite et sans que personne ne s'en offusque ni inquiète le moins du monde, dans le chapitre des peuples fondateurs disparus sans laisser de traces. Hérouxville ne perdait rien pour attendre...

Akakia

vendredi, février 16, 2007

« Être homme d'abord et sujet ensuite » (David Thoreau)

Dessin de Louis Riel, photo L'Opinion Publique, 1873.


«Ce qui est haïssable, soutenait au crépuscule de sa vie, Sir Wilfrid Laurier (1841-1919), un père de la démocratie canadienne qui a joué un rôle critique fondamental dans les jours sombres de la rébellion des Métis et la pendaison de Louis Riel (1885), ce n’est pas la rébellion mais le despotisme qui conduit à la rébellion ; ce ne sont pas les rebelles mais les hommes qui, jouissant du pouvoir, ne s’acquittent pas des devoirs conférés par le pouvoir ; les hommes qui, ayant le pouvoir de redresser les torts, refusent d’écouter les pétitionnaires qu’on leur envoie; ceux qui, quand on leur demande du pain, lancent des pierres.»

Nous construisons une société de droit fondée sur le respect des différences, la justice et les valeurs fondamentales qui ont permis à l’humanité de se dépasser et à la démocratie de devenir une alternative souhaitable au despotisme, ou nous construisons une société de force, celle qui crée l’injustice, les esclaves, les prisonniers politiques et les malheurs des peuples.

Si les hommes ne sont pas faits pour la guerre, ils le sont encore moins pour le pacifisme résigné et destiné à les rendre mous, faibles, lâches, membres d’un troupeau d’esclaves, figurants soumis comme des cadavres dans une histoire qu’ils acceptent comme inéluctable, dans un avenir avilissant imposé. Prendre conscience de son état de servitude et instruire l’autre de la réalité qui l’étreint, voilà le premier pas de la délivrance ; refuser cette condition historique aliénante, s’inscrire dans une démarche soucieuse d’imprimer un correctif à la dérive sociétale de notre époque et faire les efforts appropriés pour améliorer la condition humaine dans laquelle on évolue, voilà le pas décisif, l’engagement, l’affirmation d’un homme libre qui provoque l’histoire. Il faut chercher dans les grandes révolutions qui ont secoué le joug de l’humanité, pour comprendre et apprécier à quel point l’histoire de la quête de liberté chez l’homme relève d’une seule et même quête, celle de la justice sans laquelle aucune fraternité ne saurait tenir. Liberté, Égalité, Fraternité, n’est ce pas là, d’ailleurs, l’idéal inscrit en grosses lettres de sang sur les bannières et les oriflammes des insurgés de 1776 aux États-Unis, des insurgés de 1789 en France, des insurgés de 1837 au Canada, et des insurgés de 1989 dans les dictatures de l’Europe communiste ?

Lorsqu’un «pays», le Québec, qui se prétend l’une des sociétés en devenir les plus évoluées au monde, voit son taux de suicides passer du plus bas au plus haut du continent en l’espace de quarante ans et qu’il persiste à parrainer, contre nature et contre toute humanité, les politiques qui provoquent cet état de fait ; lorsqu’un «pays», le même, planifie en haut lieu et pérennise depuis trente ans une politique économique qui vise à utiliser et sacrifier les ressources naturelles et humaines de ses régions qu’il qualifie de «périphériques» (dont la mienne, le Saguenay–Lac-Saint-Jean) pour renflouer les coffres de l’État abuseur et assurer la prospérité et la domination de sa classe possédante et de sa métropole au détriment des milieux spoliés et des populations poussées à l’exode faute de projet de société structurant ; lorsqu’un «pays», encore le même, élabore des politiques économiques insanes qui ont pour conséquences de détruire le réseau de santé publique et de réduire l’efficacité du réseau scolaire en région, qu’il planifie la fermeture d’écoles dans ces mêmes régions laissées pour compte alors qu’il en construit dans sa métropole pour accueillir les enfants des immigrants et des familles qui désertent leurs régions natales dans une ultime quête de survie, qu’il laisse se dégrader ses infrastructures de développement et de communications (maritimes, aériennes, ferroviaires et routières) de façon à ce que ces milieux restent soumis et dépendant en tout au pouvoir central; lorsqu’un «pays», encore et toujours le même, manoeuvre perfidement pour fragmenter en deux groupes la population de régions données sur le principe de la qualité du sang (le groupe dit des «premières nations»... et les autres, les citoyens de deuxième ordre), et qu’il ourdit l’odieux plan de transférer au premier la paternité d’un territoire au détriment de la fraternité qui se voit déchue de tous ses droits, bien-fonds et prérogatives sur iceluy ; lorsque la voix des députés sensée se faire l’écho de la voix sacrée du peuple ne porte plus au-delà des alcôves du pouvoir et qu’elle ne transmet plus que la rhétorique de la pensée unique, de la soumission et de la ligne des partis politiques ; et lorsque les délégations, les mémoires, les pétitions et les suppliques citoyennes qui contestent les injustices criantes et la dérive étatique se heurtent à des esprits fermés et des portes closes, et qu’elles ne reçoivent plus que mépris et arrogance des commissions parlementaires et des élus mandatés pour les accueillir, le temps est venu pour le peuple abusé de prendre des dispositions énergiques pour que les choses changent en sa faveur et les temps sont dus pour engager la lutte qui doit le libérer de l’étreinte et du joug de l’oppresseur colonialiste et néolibéral.

«Être hommes d’abord et sujets ensuite», rappelle avec beaucoup de justesse David Thoreau, l’auteur de «La désobéissance civile», une oeuvre littéraire particulièrement provocatrice qui a inspiré Tolstoï, Ghandi et Martin Luther King dans leur démarche de liberté. Dans cet essai qui a fait et fait encore école, l’auteur établit sans nuances le principe de son action en deux temps deux mouvements, dont le premier porte sur «la perception» et le second sur «l’accomplissement de ce qui est juste» ; signifiant par là qu’il n’est pas tout de prendre conscience du problème et des méfaits commis par l’État, et qu’il importe tout autant de prendre les mesures énergiques pour éliminer le mal à sa source. Mais sentir le mal dans ses chairs, savoir que la société se déshumanise, et s’appliquer à identifier les responsables de nos malheurs est une chose ; s’attaquer au rouage qui fait défaut et reforger les roues rouillées —voire même changer l’engrenage— en est une toute autre.

Dans cette démarche périlleuse et ardue, il ne suffit pas de prêcher l’action citoyenne : il faut redonner un sens à la citoyenneté et réinstaurer le goût du sens commun, prendre les moyens qui s’imposent pour faire changer les lois et obliger l’État à jouer son rôle qui est de représenter le bien commun, de gouverner, d’administrer la justice et de redistribuer la richesse en fonction du contrat social réécrit. Je ne le répéterai jamais assez : il n’est pas vrai que la matière est faite pour dominer l’esprit, que les puissances ($) conservatrices et néolibérales qui asservissent présentement les peuples de la Terre sont invincibles, et que l’homme n’est plus en mesure de faire l’histoire. C’est même tout le contraire !

Étant d’avis que «la masse des hommes» peut être pervertie en une «machine avec leurs corps» soumise aux caprices de l’État et qu’il lui suffit d’être «douée de conscience» pour pouvoir s’y opposer, Thoreau réfère à une allusion de Jefferson contenue dans sa Déclaration d’indépendance (1776), pour dire que «tous les hommes ont le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et qu’ils ont le droit de lui résister quand sa tyrannie où son incapacité sont notoires et intolérables». Difficile d’être plus clair ! En ce qui nous concerne plus particulièrement, on se rappellera que le 6 mars 1837, les Patriotes du Bas-Canada, Papineau en tête, dans un geste solennel et grave, réfutèrent les dix «Résolutions Russell» (présentées au Parlement le 6 mars 1837) qu’ils jugèrent irrecevables et adoptèrent à contre-pied la «Déclaration de Saint-Ours» (le 7 mai 1837) ; véritable déclaration d’affranchissement civil dans laquelle ils prônent un refus de l’ordre colonial établi et une démarche de désobéissance civile similaire en de nombreux points à celle pratiquée par Ghandi avec le même oppresseur anglais, un siècle plus tard. * Suivent après coup, la déclaration d’indépendance du Haut-Canada (août 1837), les coups de feu de la rébellion, la déclaration d’indépendance du Bas-Canada (28 février 1838), et la répression brutale et sanglante des forces tyranniques.

Russel Bouchard,
2001

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* La résolutions contenues dans la Déclaration de Saint-Ours, dénonçaient «un pouvoir oppresseur, un gouvernement de force, pour lequel la mesure de notre soumission ne devait être désormais que la mesure de notre force numérique». Se considérant liés et soumis au gouvernement impérial «que par la force» et s’affirmant confortés par le bon droit et le sentiment d’oeuvrer pour une juste cause, les signataires se disaient prêts à résister par tous les moyens disponibles au pouvoir tyrannique. Dans un geste solennel et sans précédent de désobéissance civile, ils annonçaient, notamment et entre autres, le boycotte des produits manufacturés anglais jugés surtaxés (thé, tabac, vin, rhum, etc.), ils recommandaient aux citoyens de consommer de préférence des produits manufacturés au pays, ils regardaient «comme bien méritant de la patrie quiconque établira des manufactures de soie, de draps, de toiles, soit de sucre, de spiritueux, etc.» , et ils considéraient «comme très licite, le commerce désigné sous le nom de contrebande». Cf., Le Canadien, 15 mai ; voir également Frégault, Brunet, Trudel, Histoire du Canada par les textes, Fidès, 1952, pp. 151-152.


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Extrait d'un texte de Russel Bouchard, « Le devoir de Liberté », in Le Pays trahi, collectif, Société du 14 Juillet, Chicoutimi, 2001.

mardi, février 13, 2007

Un sondage qui aide bien la colonie de Montréal

Lettre de Jean-Noël Tremblay
au petit-fils du Dr Akakia

A vous le bonjour d'un Lévisien transi,

Lu ce matin [13 février], dans le Journal de Québec, des pronostics électoraux. Il appert de ce sondage et des voeux des journalistes que les séparatistes, déçus des contre-performances de Boisclair, essaient de diviser le vote en prêtant au cégépien Mario Dumont des vertus inédites. Il pourrait même, selon les prophètes, se retrouver à la tête d'un gouvernement minoritaire. C'est là une imposture : le chef de l'ADQ est un créditiste du XXIe siècle. Il a des émotions personnelles, les idées des autres et son programme est le cahier des doléances des petites gens. C'est tout au plus un bon p'tit gars, un maire de village.

C'est ainsi que les intellos de la colonie de Montréal manipulent l'opinion publique. C'est dans les tipis du Plateau, dans le melting pot d'une ville sans âme que se poursuit la déchéance de ceux qui refusent d'être d'un «peuple qui ne sait pas mourir». Ils ont pour eux la télévision d'Etat et les tristes chaînes commerciales qui, d'heure en heure, vendent la culture afro-américaine et distraient les esprits des vrais problèmes du monde

Jean-Noël Tremblay

[Ex-ministre des Affaires culturelles, sous l'Union nationale]

Lettre ouverte — Gérard Bouchard et l'intolérance

Pierre Simard, Professeur, École nationale d'administration publique, Le 11 février 2007
Le Devoir, Édition du mardi 13 février 2007

«Incrédulité, perplexité, colère, honte, dépit: tels sont quelques-uns des sentiments que j'ai éprouvés en apprenant» la nomination de l'historien Gérard Bouchard, professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi, à la commission d'étude sur les accommodements raisonnables. «Je m'explique.»


Cet universitaire signait, dans l'édition du Devoir du samedi 12 et du dimanche 13 février 2005, un chef-d'oeuvre d'intolérance à la suite de l'embauche de l'ex-premier ministre français Alain Juppé par l'École nationale d'administration publique («Embauche d'Alain Juppé: l'ENAP a-t-elle perdu la tête?», texte dont sont tirés les passages en italique de cette lettre).

Puisant à la manipulation sémantique (en traitant Juppé de criminel), s'appuyant sur des ragots (en laissant entendre que ce dernier avait été rejeté par deux universités américaines), le frère de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard lançait alors un vibrant appel à la révolte chez l'ensemble des universitaires québécois et réclamait sans détour la démission du directeur général de l'ENAP.

Comment aujourd'hui trouver raisonnable la nomination à une commission d'étude sur les accommodements raisonnables d'une personne aussi déraisonnable... de celui qui se plaisait, il y quelques mois à peine, à souffler sur les braises de l'intolérance; qui s'acharnait à soulever les antagonismes plutôt qu'à rechercher l'harmonie; qui se refusait à entendre les arguments de ceux qui ne pensent pas comme lui; qui ne voyait en l'ex-premier ministre Juppé qu'un notable de la métropole en mission dans la colonie. «Ben voyons donc!...»

Aujourd'hui, je suis inquiet de la nomination de Gérard Bouchard au sein d'une commission censée éclairer les décideurs dans leurs réflexions et leurs décisions sur l'importante question des accommodements raisonnables. Si j'avais son intolérance et sa démesure, je reprendrais ses propres mots: «Comme professeur, comme citoyen et comme Québécois, j'en suis profondément indigné. Il est cependant possible de montrer que si [quelqu'un] a perdu la tête, ce n'est pas le cas de tous les Québécois. Nous avons le devoir d'intervenir pour faire annuler cette décision qui nous abaisse et nous fait honte collectivement. [...] [On] ne pourra pas garder la tête haute tant que cet invraisemblable gâchis ne sera pas réparé.»

lundi, février 12, 2007

L’ÉCHEC MONTRÉALAIS...

Gérard Bouchard, prendra le bâton du pèlerin, quelque part vers le mois de septembre de cette année, pour faire le tour des régions du Québec afin de « vendre » l’échec montréalais et resserrer les rangs de ses ouialles quitte à sacrifier encore une fois, la nation canadienne française sur l’autel de l’hypertolérance. Avec son compère Charles Taylor, ils essaieront d’abord de « comprendre » ce qui saute aux yeux de tout le monde : le rejet définitif du modèle montréalais de la part du Québec « profond », celui de l’arrière-pays, celui des canadiens français, des Indiens, des Métis et des Inuits. Les « VRAIS et les SEULS gardiens des valeurs et de la cultures des peuples fondateurs de ce pays.

Gérard Bouchard parlera au peuple de « choix », de « consensus social », « d’ouverture » et que sais-je encore . « Peut-être on s’est trompé pour vrai et alors il faudra réorienter nos choix... » dira-t-il placidement. « Le peuple n’a pas compris ses propres choix » dira-t-il encore . « Nous devons nécessairement arrimer nos façon de faire pour respecter nos choix sociétaux expansionnistes », ajoutera-t-il certainement. Or tout ce discours sur les choix sociaux ne cacheront jamais que la volonté du pouvoir politique montréalisant ( majoritaire à l’Assemblée Nationale) d’assujettir et de soumettre l’ensemble des territoires et de leurs populations, au modèle montréalais, désintégrateur, rapetisseur et nihiliste.

L’establishment montréalais n’a pas encore compris le message du Québec profond qui sourd de la position et de l’attitude des communautés de la Mauricie et d’ailleurs. Le Québec profond n’a pas fait de CHOIX ! Il a fait un CONSTAT ! Et suite à ce constat, il pose ses propres balises ENFIN ! Et il a tous les outils en main pour ce faire : la constitution, la charte des droits, des lois et des règles à la tonne ; pas besoin d’une commission d’enquête !

Le constat est donc le suivant à savoir, que les tentatives « d’insertion » et de « glissement » des peuples fondateurs dans le « cloaque » montréalais, issu des errances de l’élite intellectuelle québécoise, sont le tombeau de la culture du TIERS-QUÉBEC, le seul le vrai Québec ! Le Québec « distinct » ! Le Québec « Libre »!

Le peuple de ce Tiers-Québec se comporte noblement dans les circonstances. Il se pose en GARDIEN des vraies valeurs et de la vraie culture des fondateurs et des développeurs de l’Amérique et de ses territoires !

Ce n’est donc pas en parcourant les régions que Gérard Bouchard et Charles Taylor éclaireront les québécois mais en se concentrant sur Montréal, la métropole, ses peuples ses cultures...et ses choix ! Montréal doit, ou s’adapter aux discours des régionaux ou céder et périr sous la pression de ses nouveaux maîtres !

Richard Harvey
L’Ascension de N.S
Lac-St-Jean



Réaction de Marie-Mance Vallée :

En effet, nous devons être fiers des nôtres de Hérouxville qui ont osé dire ce qu'un certain pouvoir préférait cacher depuis des années.

Le temps du mépris est terminé.

Maintenant que le « Québec profond » s'est prononcé, il n'en tient maintenant qu'au « Montréal profond », s'il existe encore, à se faire entendre. Il est à espérer que le « Montréal profond » n'a pas déménagé au complet dans les couronnes sud et nord de Montréal.

Dans les faits, y a-t-il encore quelque chose à sauver à Montréal?????

Je me dis parfois que tout a été mis en oeuvre pour séparer Montréal du reste du Québec.

vendredi, février 09, 2007

Dans les chaussettes trouées de Lord Durham ! Un jus de pied empoisonné...

« Je serais bien étonné que les plus réfléchis parmi les Canadiens français eussent encore l'espérance de conserver leur nationalité. Quelque résistance qu'ils fassent, l'absorption de leur race est déjà commencée. » John George Lambton Durham, 1839.


« Pourquoi les francophones de souche devraient-il s'inquiéter de ce modèle de la culture québécoise, comme francophonie nord-américaine circonscrite dans la langue, livrée aux interactions entre ses composantes et ouverte à toutes les expériences du continent ? Qu'ont donc à y perdre, sinon une conception trop prudente, un peu figée même, de leurs appartenances et du destin de la culture francophone au Québec ? Faut-il vraiment s'inquiéter de ce que ce glissement proposé, de « Canadiens français » à « francophones québécois », étende l'identité des premiers en l'insérant dans un ensemble culturel où ils demeurent largement majoritaires mais qui est défini avant tout par un critère strictement linguistique ? »

Pour ceux qui ne sont pas au courant de cette histoire, on pourrait croire que c'est encore Lord Durham qui cause ainsi tout en lavant ses chaussettes trouées pour les soulager de leur mortel jus de pied. Qu'on se ravise ! Ce constat, ou plutôt ce souhait exprimé de la manière la plus sibylline qui soit, se passe plutôt chez nous, à notre heure et justement dans le bastion indépendantiste par excellence. Il sort d'un pamphlet, page 69 (« La nation québécoise au futur et au passé »), publié chez VLB éditeur en 1999. La pierre tombale des Canadiens français n'aurait pu être mieux gravée que par celui là même à qui Jean Charest vient de confier le mandat d'aller gratter les poux du cadavre de la race.

Vu que nous y sommes, avez-vous remarqué que, depuis l'annonce officielle de la commission d'enquête sur les accommodements raisonnables, nulle mention n'a encore été faite des Canadiens français. On parle bien des « Québécois - Québécoises » (de souche évidemment). Mais jamais au grand jamais on a, jusqu'ici, pris le temps de dire que cet écoeurement collectif, ce coup de chaleur qui en appelle à bien d'autres, est essentiellement le fait des Canadiens français et des Métis qui forment encore, et cela n'a pas été dit non plus, l'écrasante majorité des citoyens des régions autres que Montréal.

Si les nationalistes ont oublié d'où viennent leur inspiration et leur motivation, les fédéralistes, eux, n'ont pas oublié ! Ces derniers savent fort bien que, sans les Canadiens français et sans les Métis, dont les soubresauts récents s'inscrivent justement dans la foulée de ce déni identitaire concocté dans l'antre du mouvement national à la québécois-québécoise (sic), l'indépendance du Québec est morte au feuilleton. Si Boisclair et Ducepte ne sont pas en mesure d'établir ce constat et d'imposer le rappel de la raison, il faudra se rendre à l'évidence que les vrais porteurs du flambeau national sont tout ce qu'il y a de plus morts. L'exercice qui s'amorce, ne fera donc que mettre une pelletée de terre toute neuve sur le sarcophage de la défunte, une manière de s'assurer que les os ne remontront plus jamais à la surface pour venir les hanter...

Akakia

jeudi, février 08, 2007

Les accommodements raisonnables — Vous pensiez avoir tout vu, attendez que je vous rappelle à mon tour !

À la veille de déclencher des élections pour l'ensemble du Québec, le premier ministre Charest vient d'annoncer la création d'une commission d'enquête consacrée à la « délicate question » des accommodements raisonnables. Les travaux de la commission seront ainsi donc coprésidés par l'historien et sociologue Gérard Bouchard et par le professeur Charles Taylor. Les deux joyaux troubadours entendent entreprendre la tournée des régions du Québec en mars, et déposer leur rapport à pareille date l'an prochain.

Interrogé à la station régionale de Radio-Canada à Chicoutimi sur les considérants de sa nomination surprise, le père de la fameuse « nation civique franco-québécoise » a répondu de la manière la plus épiscopale qui soit, que l'heure était grave ; que le problème qu'on avait cru régler (entendons la mise à mort de l'ethnie canadienne-française, la nation par où le scandale était arrivée en 1995) ne l'a définitivement pas été ; et qu'il fallait s'y reprendre avec célérité pour être bien certain que ce cadavre dérangeant n'allait pas venir hanter l'esprit des croque-morts qui l'avaient mis en terre dans le cimetière de la « nation civique ». La citation n'est pas tout à fait à la lettre près, mais considérez que l'esprit y est pour l'essentiel.

Imaginez ! Le nominé de cette grande tartuferie nationale est nul autre que l'auteur de « La nation québésoise au futur et au passé ». Curieusement celui qui, dans la foulée de l'échec référendaire de 1995, a conçu le plan d'élimination des Canadiens français au profit des arrivants ; celui qui, le 24 mars 1999, recommandait dans une lancinante homélie publiée dans Le Devoir de... « Jetter les souches [canadienne-françaises] au feu de la Saint-Jean-Baptiste ». À cette époque, on se rappellera que le Québec était encore aux mains de Lucien Bouchard, et qu'il était devenu comme une sorte d'hérésie de prononcer le mot « Canadien français.

« Tchéquez l'arbitre, il y a quelqu'un qui nous fesse dans le dos », comme dirait l'autre ! Il y a vraiment de quoi y perdre son latin et son dentier. Jean Charest, Lucien Bouchard, Bernard Landry, Gérard Bouchard, Le Devoir, La Presse, le Parlement Québécois, le Parlement Fédéral et quelques autres de même acabit... Se pourrait-il —c'est du moins se que me porte à penser l'annonce incestueuse d'aujourd'hui— que tout ce débat sur la nation québécoise et sur l'indépendance ne soit qu'un faux débat dans lequel les vrais intervenants assistent aux mêmes messes, s'échangent de main à main le même calice, et se donnent l'absolution entre eux ?

Vous ne pourrez pas dire que je n'avais pas essayé d'attacher le grelot. Pour être bien certain qu'on n'en perde pas le plus grand bout de cette histoire abracadabrante, permettez que je vous ressorte cette réplique que j'avais rédigée, en 1999, en réaction, justement, à la sortie du livret sur« La nation québécoise au futur et au passé ». À cette époque, il vous faut savoir également que Le Devoir n'avait pas voulu publier. La maison n'en n'avait alors que pour son auteur auquel elle ne faisait souffrir aucune réplique dérangeante. Nous voilà bien pris...


Un Québec :
trois territoires, trois peuples, trois nations, trois pays
!


—Lettre au professeur-idéologue Gérard Bouchard—
en réponse à son manifeste publié dans le
journal Le Devoir, le 4 septembre 1999


«Nous sommes des Québécois.
Ce que cela veut dire d’abord et avant tout, et au besoin exclusive­ment, c’est que nous —[les Canadiens-français du Québec]— sommes attachés à ce seul coin du monde où nous puissions être pleinement nous-mêmes, ce Québec qui, nous le sentons bien, est le seul endroit où il nous soit possible d’être vraiment chez nous.»

René Lévesque, Option Québec, 1968

«La sociologie contemporai­ne a de plus en plus la prétention de vouloir changer la société.»
Gérald Fortin, La fin d’un règne, 1971


Chicoutimi, 4 septembre 1999
Mon cher Gérard,
J’ai lu dès sa parution ce matin, votre «Manifeste pour une coalition nationale» publié dans le journal Le Devoir en date du 4 septembre. Je vois que vous avez troqué la toge d’historien-sociologue pour celle d’idéologue-utopiste. En fait de maquillage et d’artifices, le chevalier d’Éon n’aurait pu faire mieux! Avec une aisance déconcertante, sans qu’il n’y soit fait obstacle, vous dites et contredites : «En tant que projet, le modèle de la nation québécoise fait appel à une coalition des partenaires qui occupent actuellement ce territoire. Ce sont: les Franco-Québécois (Les Canadiens français descendants des habitants de la Nouvelle-France et tous ceux qui s’y sont assimilés depuis assez longtemps pour en manifester tous les traits culturels), les Anglo-Québécois, les autochtones et ce qu’il est convenu d’appeler les communautés culturelles». Tout un dérapage, toute une différence avec ce que vous écrivez et publiez dans votre p’tit dernier (La nation québécoise...), où les «Canadiens-français» (que vous noyez dans le melting pot des «Franco Québécois») ont été camouflés dans le fond de la penderie, pour répondre à des impératifs stylistiques (un euphémisme ici!) et «pour soustraire leur nationalisme aux accusations d’ethnicisme» (Le Devoir de ce matin). Mais à force d’en mettre et d’en remettre, vous vous trahissez et vous vous enlisez : «Un petit bout d’oreille échappé par malheur découvrit la fourbe et l’erreur...» (La Fontaine).

Je perçois votre inconfort et je comprends par là que ma correspondance des derniers jours vous a désarçonné. Elle vous a obligé à refaire vos devoirs et à en remettre un peu dans le plateau de la francité. Elle vous oblige à refaire vos devoirs et à en remettre un peu dans le plateau de la francité. Vous m’en voyez à la fois ravi et flatté, mais non surpris. En ce qui me concerne, voici un aveu de culpabilité inespéré. Mais on conviendra que vous n’êtes pas à une contradiction et à une faiblesse près. Et quoiqu’il en soit, les écrits sont là pour témoigner de nos errances, et toute votre vie durant il vous faudra porter le poids des vôtres. Dans ce livre qui vous colle aux fesses —et collera jusqu’après le trépas— dis-je, dans cette glose passablement bien tournée qui vous sert de médaillon dans vos «apparitions» publiques depuis le printemps dernier (et encore ce matin dans Le Devoir), vous écrivez donc :

«Le modèle de la nation québécoise comme francophonie nord-américaine présente deux autres avantages. En premier lieu, il réduit à la langue française la place de la composante ethnique. Il soustrait ainsi la nation québécoise et sa promotion à tous les procès d’intolérance et de xénophobie. [...] En ce sens, c’est un modèle dynamique à double titre. D ’abord à cause des interactions, des échanges interculturels qu’il préconise; ensuite à cause des partenariats qu’il sollicite auprès des communautés culturelles, des Anglo-Québécois et des Autochtones.» (La nation québécoise..., pp. 71, 73-74).

Beau vol plané! Du grand art! Mais passons outre, mon temps est précieux ; la «nation» est aux vaches (!!!), le «pays» en devenir prend l’eau de toute part depuis que le roi Pétaud est à la barre, et comme l’orage menace et que la vigie s’énerve, vous comprendrez que je ne puis le perdre en semant des périphrases à tout vent et en tentant de vous convaincre de l’écueil qu’il y a au bout de votre manoeuvre sémiologique —entendons création d’un mythe. D’entrée de jeu, je parlerai plutôt des trois «peuples-nations» qui forment et habitent trois «pays» contiguës ; c’est-à-dire des sociétés spécifiques et distinctes qui occupent, l’une à côté de l’autre, des espaces géographiques parfaitement bien circonscrits, des territoires qui leur sont propres et sur lesquels elles dominent, s’imposent et s’affirment à des degrés différents, sans égard au poids démographique qu’elles représentent dans l’ensemble québécois : nous parlons du Nord (741 906 km carrés), du Sud (739 km carrés) et des Régions périphériques (615 166 km carrés)1 —ce qui, de toute évidence, n’a rien de commun avec votre concept trinitaire du nouveau mythe de la «nation» québécoise, à savoir «les Autochtones, les Anglo-Québécois et les communautés culturelles» (p. 79 de votre p’tit dernier), partenaires bien identifiés auxquels s’ajoute, dans le journal de dernière heure, un quatrième joueur, les «Franco-Québécois». Et quant vous affirmez ce matin que sur l’ensemble du territoire «93% des Québécois déclarent parler français»,2 c’est aller un peu vite en affaire et c’est tasser une foule de considérants, dont celui des disparités régionales (entendez territoriales) n’est pas le moindre. Voyons un peu plus en détail de quoi il retoune au juste!

Primo, au Nord, c’est-à-dire dans la partie septentrionale de la Belle Province qui correspond à 54,5% de l’ensemble du territoire, vivent 38 395 Québécois (soit moins de 1% de la population provinciale). De ce nombre, 18 740 (soit 48,8%) sont des autochtones. Ces gens qu’on dit être des «premières nations», occupent le territoire comme un vrai peuple souverain ; ils disposent de privilèges et de prérogatives qui sont interdits aux autres, signent des traités avec les gouvernements de Québec et d’Ottawa, délèguent des représentants à l’ONU (alors que le gouvernement du Québec en est exclu), reçoivent des redevances pour leurs ressources naturelles et gèrent les espaces communaux comme ils l’entendent. Dans cette partie de la province, 49,8% de la population ont une connaissance quelconque du français ; 6,5% ont une connaissance quelconque de l’anglais ; 49% sont unilingues français ; 4,4% sont unilingues anglais. Et, à partir de ces données, j’estime qu’entre 45% et 50% parlent des dialectes autochtones à la maison.

Secondo, au Sud, c’est-à-dire sur l’île de Montréal et à Laval qui correspond à moins de 1% du territoire provincial, vivent 2 106 239 Québécois (soit 29,5% de la population provinciale). Dans cette partie de la province, 61% de la population ont une connaissance quelconque du français ; 25% ont une connaissance quelconque de l’anglais ; 57,5% sont unilingues français ; 21,9% sont unilingues anglais ; et environ 15,9% parlent des langues qui nous sont totalement incompréhensibles. Dans cette région du Québec qui, en partie, survit grâce au siphonnage de ressources naturelles des régions, l’apport migratoire est en constante progression et, par défaut, comble les vides créés par la dénatalité et le départ des familles canadiennes-françaises, dont le poids ethnique diminue comme une peau de chagrin, au fur et à mesure que se désintègre son économie. Voilà, en bref, pour la deuxième mâchoire de l’étau québécois.

Tertio, en périphérie (c’est-à-dire NOUS!... et vous), écrabouillés entre les pinces de cette puissante tenaille, dans cet espace communal qu’il convient d’appeler le Québec des régions et qui correspond à 45,3% du territoire, vivent 4 994 161 Québécois (soit près de 70% de la population provinciale). Ici aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans cette partie de la province, 93,4% de la population ont une connaissance quelconque du français ; 6,1% ont une connaissance quelconque de l’anglais ; 92,5% sont unilingues français ; et 5,7% sont unilingues anglais.3 Sans faire de détour et de courbettes hypocrites pour tenter d’éviter les jambettes ethnicistes, ici on parle du Québec profond, du coeur de la «nation» fondatrice, du ferment de ce qui subsiste de l’antique culture québécoise bref, du noyau dur que vous englobez et banalisez dans le salmigondis des «communautés culturelles». 4

Au reste, ce dernier groupe d’habitants qui constituent le tissu de la «nation» des Régions périphériques, sont des locataires dans leur propre «pays» : ils vivent sur le territoire, mais ne l’occupent pas au sens politique du terme ; ils ne prélèvent aucune taxe sur l’exploitation des ressources naturelles qui leur échappent en tout et pour tout, vivent sous tutelle de la capitale depuis 1608, soutirent leur pitance de la curatelle publique, et n’ont pas le pouvoir de gérer l’espace communal dans lequel ils vivent. À tous les référendums, ils votent massivement et instinctivement en faveur de l’indépendance : sans égard à la subtilité du préambule attaché au bulletin de vote ; sans comprendre que ces régions qu’ils habitent sont perçues comme des colonies par la capitale ; sans se douter qu’un Québec indépendant signifiera, à toute fin pratique, la reconnaissance et la sacralisation d’un État centralisateur outrancier ; sans comprendre, finalement, que l’«Indépendance», si elle survient, va permettre à l’État québécois maintenant délesté du boulet fédéral, d’enchâsser définitivement les tares de leur déchéance socio-économique et culturelle dans une constitution qui ne pourra plus s’ouvrir que par le fer, le feu, et le sang.

Dans ce contexte, le motif premier de votre rhétorique est donc facile à deviner! Parce que le vote du troisième groupe (les Régions périphériques) est acquis sans nuances à l’option indépendantiste du Québec depuis le début des années soixante-dix à cause de l’écrasante majorité des francophones de souche qui y vivent, parce que le premier (le Nord) s’impose et occupe politiquement la partie septentrionale du territoire, et parce qu’il vous faut maintenant séduire le deuxième (le Sud) qui porte intrinsèquement le poids des deux échecs référendaires (1980 et 1995) et le résultat du prochain référendum, vous nous (les descendants des «Anciens canadiens») faites disparaître brutalement et vulgairement —au besoin— dans les «communautés culturelles» et les «Franco Québécois»... comme des cadavres de parias que d’infâmes palefreniers jettent de nuit dans la fosse commune et les abîmes du temps.

C’est ce genre de mépris qui mène en droite ligne à la disparition d’un peuple ; c’est ce qu’on appelle philosophiquement un détournement d’Histoire, un génocide culturel ; c’est ce qu’on appelle plus brutalement un mensonge collectif, une trahison envers les siens ; c’est ce qu’il faut lucidement qualifier de «solution finale» planifiée de longue date. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas le premier théoricien (j’ai failli dire doctrinaire) à proposer de détruire le Québec profond pour le reconstruire à Montréal! Trente ans avant vous (en 1970), les termes de cette noire politique furent effectivement notifiés dans le sidérant rapport HMR qui avait «pour objet de proposer à l’État les orientations à retenir en matière de développement régional, pour le Québec».5 Voici ce qu’on y dit entre autres pour la survie (!) des régions périphériques peu productives :

«Il est concevable que dans les régions particulièrement en retard, un tel processus [de désintégration des municipalités peu peuplées] réduise encore le revenu per capita de ceux qui restent à la campagne, dans les villages où les petites villes. Et si personne, sauf les personnes âgées, les malades, les gens insuffisamment éduqués et les enfants demeurent dans les régions périphériques, il est évident que le revenu moyen en dehors de la ville va diminuer.

Il n’y a rien de répréhensible à supprimer la pauvreté et le chômage dans une région peu développée en attirant la population dans une ville dynamique [Montréal, en l’occurrence!]; l’essentiel des progrès passés s’est effectué précisément ainsi. Mais si tel est notre but, il faut être clair à ce propos et s’assurer que cela s’effectuera à une échelle suffisamment élevée pour éviter d’accroître la misère de ceux qui restent. Nous sommes confrontés une fois de plus avec le problème des seuils.»
6

Nous étions alors en 1970. Et pendant qu’on planifiait la fermeture de plusieurs régions périphériques pour sauver de la décadence certaine, Montréal (déstabilisée et inquiétée par la force d’attraction de Toronto), le Parti Québécois gonflait sa voile et rédigeait dans les cafétérias d’écoles et les sous-sols de boîtes à chanson son premier programme électoral. Le professeur Parizeau (HEC) notamment, un des grands ténors du mouvement, réclamait déjà à cor et à cri (de jour!), une décentralisation administrative et politique du côté fédéral afin de niveler les disparités régionales,7 alors qu’on rédigeait (de soir!) la politique qui allait faire du Québec, le cas échéant, l’un des États les plus centralisateurs au monde. Les régions périphériques n’avaient qu’à bien se tenir. Des Val-Jalbert grands comme des «pays», qu’il entendait faire ce beau monde...

Et c’est, d’ailleurs, ce qu’annonçait avec beaucoup de doigté et d’à propos le sociologue Gérald Fortin (votre ancien prof de Laval ?), dans son testament politique publié en 1971 chez Hurtibise HMH sous le titre, La fin d’un règne. Une région, une ville qu’il prédisait le charmant garçon! Ou à défaut d’y trouver les ressources et les prérequis pour y arriver, éliminer purement et simplement les régions inaptes à s’insérer dans le schéma des territoires à développer. Et c’est effectivement ce qu’on observe aujourd’hui trente ans plus tard dans certaines régions du Québec, et plus particulièrement en Gaspésie : «Les mécanismes en place —écrivait-il dans ce fabuleux bouquin— conduisent non seulement à la disparition des régions sous-développées au profit des centres métropolitains...» On ne peut plus clair! Voilà le Québec qu’on (les Lévesque, Parizeau, Trudel, Boivin, Bédard et consorts) nous fabriquait pièce par pièce et en sourdine dans les officines du Parlement, dans les congrès d’initiés et dans les universités, voilà pourquoi on s’acharne tant à vouloir fusionner tout ce qui bouge au Québec, et voilà les raisons de ce cirque littéraire dans Le Devoir du samedi depuis trois mois...

«Le développement régional, par ailleurs —poursuivait-il—, consiste non seulement à rétablir un équilibre économique entre des régions défavorisées et les régions fortement développées et industrialisées, mais consiste aussi à faire évoluer une société encore plus ou moins traditionnelle vers une société de type moderne. Rappelons brièvement que les grandes caractéristiques de cette société moderne sont la recherche de la rationalité, l’industrialisation, l’urbanisation, la bureaucratisation comme nouvelle forme de rapports humains et la participation.»

«Le développement régional, loin de négliger les centres urbains et polaires, doit au contraire, s’axer sur ces centres urbains et organiser l’hinterland en fonction de ces centres. Si la région est en effet une grande ville à faible densité, c’est d’abord le coeur même de cette ville qu’il faut développer.»


Ceci et cela étant dit, dans votre dernier essai d’anticipation politique (La nation québécoise...), vous entendez former «pays» —c’est-à-dire créer un nouvel «espace collectif», une nouvelle «francophonie nord-américaine», une «nouvelle nation civique»— en brisant le vieux moule de la «culture publique» enracinée par l’histoire et les siècles, en déconfessionnalisant la société et en mariant incestueusement la «nation ethnique» de vos fantasmes à une «nation civique» décolorée, dépersonnalisée et libérée de sa substance profonde. La belle affaire! Grand Dieu que vous êtes compliqués et décevants! Prévisibles aussi, car on dirait une peinture à numéro! Mais comme vous vous appliquez à nous —les idiots du «pays» en devenir— le faire comprendre, vous faites cela, évidemment, pour le bien du peuple (!) : «Pour les Canadiens français —écrivez-vous ce matin dans Le Devoir— le profit à retirer de ce déplacement symbolique est substantiel. Par exemple: soustraire leur nationalisme aux accusations d’ethnicisme, insérer leur culture dans des horizons plus vastes, renforcer la francophonie —[ce qui n’est en rien la nation et la culture canadienne-française de nos origines lointaines]—, mettre fin à toute forme d’exclusion ou de discrimination [...], ménager [aux immigrants] une possibilité d’intégration égale à celle dont bénéficient les citoyens de vieille ascendance [pour que ces derniers ne se trouvent pas] marginalisés».

Pour la Cause et l’Option donc, dans le placard les Canadiens-français!!! Curieux tout de même ce virage à 180 degrés! Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais senti le besoin de me définir en tant que Québécois et je n’avais jamais eu à justifier ma place au sein du Québec multi-culturel et pluri-ethnique! J’étais chez moi : ils étaient les invités et les arrivants de dernière heure et nous étions leurs hôtes. Pourquoi, désormais, est-il nécessaire que je m’exécute ? Il me faut vous rappeler que présentement, dans les Balkans, on s’égorgent à qui mieux mieux pour moins que cela...

Dans cette partouse sémantique, le petit peuple et vos enfants du premier lit, qui se croyaient frères et soeurs et canadiens-français de la tête aux pieds, doivent se sentir un peu délaissés, métissés («Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ces bois»). Mais à cela, je vous rétorquerai simplement que ce qui forme «pays» dans les faits et dans le mode de reconnaissance internationale, ce n’est pas tant les gens (la Nation) qui l’habitent que la convention (la Constitution) qui les unit et les lois qui les policent (la Cité) ; et que ce qui forme l’esprit de la «nation», c’est la conscience commune et le sentiment d’appartenance au territoire bref, la famille de monsieur-madame tout le monde, assaisonnée d’une histoire, d’une identité et d’un rêve communs. Et c’est cet axiome que vous êtes en train d’écarteler pour pouvoir rentrer le chameau dans le chas de l’aiguille.

Dans leur collectif, Option Québec, publié en 1968, les fondateurs du Parti Québécois soutenaient avec une certaine candeur que «le social nourrit le national jusqu’à ce que le national apparaisse comme la clé indispensable d’un mieux-être social». De fait, rien n’était plus juste! C’était l’époque où on parlait franc et dru ; c’était l’époque où les descendants des «Anciens canadiens» n’avaient pas peur de s’afficher à la face des nations de la Terre comme membres d’un peuple fier de ses racines, capable de bâtir «pays» ; c’était l’époque où le peuple signifiait encore quelque chose à l’édifice du Parlement ; c’était l’époque où les députés représentaient encore, parfois, des communautés d’intérêts et des territoires! «Plus je regarde la situation actuelle des nôtres au Québec et au Canada —écrivait alors Doris Lussier, l’un des pères du mouvement indépendantiste— plus s’affermit ma conviction profonde que pour la nation canadienne-française, l’indépendan­ce est une question de vie ou de mort». En se faisant l’écho d’une telle clameur, le célèbre personnage était loin de faire dans le romantisme nationaliste et la nuance, et n’exprimait qu’une vérité claire et dure. Oui! c’était la belle époque. En ce temps-là, nul besoin d’écrire de livres pour torturer les mots et forniquer avec la sémantique. L’essentiel était perceptible d’entrée de jeu, même aux illettrés. On n’avait qu’à choisir et à prendre son camp! L’ennemi était bien identifié.

Mais il faut reconnaître que les temps ont bien changé! Maintenant il y a ceux et celles qui se sont emparés de l’Option! Il y a vous, votre frère, quelques beaux parleurs, quelques lettrés funambules et tous les autres qui s’accrochent aux mamelles du régime en attendant de s’emparer du territoire avec les gens qui l’habitent, pour se faire un fief, un abri fiscal, un ou deux casinos qu’ils disent exploiter au nom d’un idéal (sic) que dis-je, au nom du peuple, de la nation et de la langue —et, depuis quelques jours faut bien le dire, au Diable le Christ, ce sera au nom de tous les dieux dans les régions périphériques, puisqu’il faut séduire le nouveau Montréal profane et athée! Maintenant, c’est à celui qui parle haut et fort dans les cahiers spéciaux des grands journaux, c’est à celui qui ne dit mot en faisant mine de tout dire, c’est à celui-ci qui brandit l’encensoir et à celui-là qui passe le pot de vaseline. Le «flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute», cela est bien connu! Mais en ce qui me concerne, vous pouvez toujours causer et périphraser, vous avez beau rédiger des manifestes en trempant votre plume dans le sang de la «race», et vous avez beau en remettre sur l’autel de la «nation» —car les mots ne sont plus rien s’ils n’ont que le souci de plaire et qu’ils n’en nourrissent aucun pour la vérité.

Dans ce contexte, comment ne pas en profiter pour vous rappeler également que la souveraineté nationale n’est pas la souveraineté populaire et que dans une dictature le peuple n’est jamais souverain. Et croyez bien que s’il fallait que le Québec obtienne la sienne en s’emparant de la mienne, ce serait un bien triste jour pour nous tous. Car à vous voir aller et manigancer, je comprends que la démocratie n’est plus que le fait d’une classe de bien éduqués, de quelques beaux parleurs, de comptables, de fiscalistes et de banquiers ; et que l’esprit et le droit de la majorité n’ont plus rien à voir avec les désirs et les choix sacrés du peuple. L’historien russe Alexandre Soljenitsine, qui est sorti de l’enfer totalitaire pour tomber dans celui de la décadence capitaliste de la fin de ce millénaire, soutient que la démocratie ne saurait être sans partir de la base qui doit insuffler une pulsion progressiste au pouvoir exercé par les élus : le député, poursuit-il du même souffle, doit être stimulé par la réflexion de la base et ne doit être l’esclave d’une ligne de parti qu’il appelle «agitation politique». Eu égard à cette mise en garde passablement éclairée, la dérive actuelle du Québec m’apparaît bien périlleuse...

Aujourd’hui, avec trente ans de recul, le scénario, bien que réadapté au besoin et au fil des grands événements, est maintenant perceptible à l’oeil nu : sous prétexte fallacieux de moderniser l’archaïque Québec agricole en l’urbanisant davantage et en rationalisant la présence industrielle, on commence par modifier la carte géo-politique des régions et de certaines localités, on fait disparaître les vieilles structures politiques au profit de nouvelles et on crée des MRC pour donner l’illusion d’une participation régionale efficace au sein des pouvoirs décisionnels à Québec ; sous prétexte d’ouvrir le Québec sur le monde et de créer une terre d’accueil propice aux investissements étrangers, on entreprend un vaste programme d’homogénéisation culturelle en détruisant l’un après l’autre tous les points de repère socio-historiques (le pendant de la «Révolution culturelle» en Chine), on sort l’histoire, la philosophie et les sciences humaines des écoles —c’est-à-dire tout ce qui peut porter un regard critique sur la société et menacer la bonne marche de la révolution en cours— et on abandonne toute responsabilité devant le saccage du patrimoine bâti et environnemental ; sous prétexte de rationaliser les biens et services, on fait éclater les structures politiques locales en fusionnant les paroisses, les villes, les commissions scolaires, la santé et les services sociaux dans l’espoir qu’il n’en subsistera qu’une seule —structure— et que la population n’y verra que du feu («un Québec, une ville», qu’il disait le sociologue!) ; sous prétexte de l’inéluctable mondialisation des marchés (sic) et de l’assainissement des finances publiques, l’État se déleste de ses responsabilités, se privatise et se vend au plus offrant comme une salope, et favorise la fusion des entités corporatives et des Caisses populaire ; sous prétexte de s’ouvrir à la ramée de nouveaux arrivants et d’éliminer le racisme au sein de la population d’accueil qui pourrait montrer de l’impatience parce que tassée dans ses habitudes, on crée une politique de préjugé favorable envers les minorités (surtout visibles), on vante les mérites d’un Montréal pluri-ethnique, déculturé, dépersonnalisé et soulagé de toute sa substance socio-historique, on crée le culte du «citoyen rose et fleur bonbon», trépané, déboussolé, dépersonnalisé, et on ferme la boucle en procédant à la déconfessionnalisation des écoles en région dans l’espoir machiavélique —osons dire méphistophélique— d’avoir enfin réussi à éliminer les derniers relents de la «nation» canadienne-française, curieusement devenue, depuis l’échec de 1995, une menace à l’Option.

Dépouillé de ses points de repère socio-culturels et historiques, le citoyen québécois n’a plus aucun recours et «il ne lui reste aucune vertu pour les grandes actions futures» (Buies) : il est à la merci de ses guides, de l’État, des forces nouvelles et du nouvel ordre économique mondial ; il est incapable d’agir sur sa destinée ; incapable de partager avec d’autres, le sentiment d’une commune appartenance. Tuez la mémoire, manipulez l’histoire et la conscience, et vous aurez alors une emprise sans contrainte sur le présent et sur l’avenir : «Faites évanouir toute vie sociale —disait Émile Durkheim—, et la vie morale s’évanouti du même coup, n’ayant plus d’objet où se prendre». Si le peuple juif n’était pas sorti d’Égypte avec sa mémoire, sa langue, son livre d’histoire (la Bible) et sa conscience (la foi en Dieu), il n’existerait plus depuis 3000 ans...

Voilà où nous en sommes! Voilà pourquoi «la mémoire représente un important sujet d’inquiétude» dans votre manifeste de ce matin. Voilà ce qu’est un génocide culturel planifié! Voilà le Québec actuel! Voilà le plan réajusté au fil des ans, l’Option transfigurée! Voilà le noir scénario auquel vous participez sciemment depuis le début des années 1990, vous, votre frère, vos camarades et le sérail dans lequel vous pataugez. C’est ce qu’on appelle sortir d’un rêve pour entrer dans un cauchemar. Et c’est le râle déconcertant de l’inénarrable Jacques Parizeau, le soir du référendum de 1995 qui trahit, en bout de course, la nature de ses angoisses profondes et qui révèle au grand jour le caractère de la démarche particulièrement bien étudiée des gardiens de l’orthodoxie sécessionniste —c’est-à-dire du «Québec une nation, un pays... une ville» : «On a été battu par l’argent et les votes ethniques». Un aveu à la fois sidérant et inespéré pour ceux et celles qui veulent voir clair.

Voilà le programme! Tout est là! En un seul barrissement! Et on s’est empressé de refermer aussitôt le cadavre de Monsieur, sans l’autopsier, dans l’espoir de camoufler les vers qui grouillent en son sein...

***

Ainsi donc, il y a trois décades à peine, les pionniers du projet sécessionniste entendaient bâtir «pays » sur la base de ce qui survivait de la langue, des us et de la culture française en Amérique. Aujourd’hui, parce que la métropole décadente a été passablement allégée de sa substance ethno-culturelle francophone, parce qu’on y parle de multiples dialectes et qu’on y adore tous les dieux sauf Celui de nos pères, parce qu’elle a versé dans le melting pot à l’Américaine et qu’elle forme la clé de voûte référendaire (3% ou 4% de votes, c’est tout ce dont vous estimez avoir besoin), vous essayez de transformer l’image de la réalité pour favoriser votre rhétorique sécessionniste. Vous tentez de donner du Québec l’image faussée d’«un territoire, un peuple, une nation, un pays», alors que la réalité présente est toute autre et qu’il s’agit plutôt de «trois territoires, trois peuples, trois nations, trois pays» (le Nord, le Sud et les Régions périphériques), des «communautés distinctes» dans le vrai sens du terme qui ont tout autant le droit de réclamer un «pays» bien à eux. C’est là la stricte et brutale réalité! Et aucun discours, si séduisant soit-il, n’y changera rien. Valsez, valsez tant que vous voulez sur le fil des mots, émasculez la racine des verbes, tordez les concepts jusqu’à l’épuisement, un jour que j’imagine pas très lointain, sans qu’il ne soit possible d’y échapper, cette réalité va tous nous rejoindre...

Si les Canadiens français prenaient conscience que vous êtes en train de les assassiner en tant que peuple et nation, vous devriez fuir cette terre! Et ne vous l’ai-je pas dit ? J’ai une sainte horreur de ceux qui me méprisent!

Russel Bouchard
Historien
Pays du Saguenay

P.-S. À nous voir collectivement aller, hésiter, gémir, reculer, buter sur les mots depuis plus de trente ans, à vous voir causer et pérorer, je comprends désormais que le Québec ne sera jamais un pays, même libéré de l’entrave canadienne. Car un pays, un vrai, celui qui implique et nécessite le sacrifice de tous pour le bénéfice de tous (pas seulement pour celui de Montréal et de Québec!), ça ne se quémande pas en quêteux comme vous le faites depuis tant d’années, ça ne se négocie pas sur les parquets boursiers et ça ne se conçoit pas en jouant au scrabble dans les cahiers du samedi —furent-ils du journal «Le Devoir ». Ça se prend! Avec les ongles s’il le faut! Et je ne crois pas que vous et votre petite clique de mandarins accepteriez d’y perdre la moindre rognure d’un doigt de pied...

mercredi, février 07, 2007

Le suicide ? Que le résultat d'une profonde souffrance accouplée à un profond désespoir...

Le suicide ? Que le résultat d'une profonde souffrance accouplée à un profond désespoir !

Pourquoi je le sais ? Simplement parce que j'ai échappé au mien que j'avais programmé pour le 1er janvier de la présente année.

Pourquoi j'y ai —par bonheur et fort heureusement— échappé ? Simplement parce qu'il y avait quelqu'un à l'écoute, quelqu'un qui était là au bon endroit et au bon moment. Quelqu'un pour qui le mot aimer veut tout dire, qui ne juge pas et qui accueille...

Je suis heureux d'être là pour en témoigner et pour aider à ma façon.

Russel Bouchard



Un important groupe de porte-parole s’est mobilisé aujourd’hui afin de faire de la prévention du suicide une priorité au Québec.
2007-02-05 14:36 - Communiqué de presse


MONTREAL, le 5 février 2007. - / LBR.ca / - Un important groupe de porte-parole s’est mobilisé aujourd’hui afin de faire de la prévention du suicide une priorité au Québec. Le groupe est de composé de Gaetan Boucher, président-directeur général de la Fédération des cégeps, Claude Castonguay, ancien ministre de la Santé du Québec et créateur de l’Assurance maladie, Rose-Marie Charest, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Hélène et Sylvie Fortin de la Fondation André Dédé Fortin, Yves Lamontagne, président du Collège des médecins du Québec, Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec et Chantal Renaud, Marie-Annick Lépine, membre du groupe Les Cowboys Fringants, Henri Massé, président de la FTQ, Ariane Moffatt, artiste, Michael Sheehan, juge et Louis Lemay, directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide.

Depuis un bon nombre d’années, les statistiques sur le taux de suicide nous démontrent que le Québec se situe parmi les premiers rangs au monde des pays industrialisés. Le suicide est devenu, avec le cancer, le deuxième problème majeur de santé publique et représente la première cause de mortalité chez les hommes âgés de moins de 40 ans et le tiers des décès chez les 15-19 ans. Le Québec est la province canadienne où le taux de suicide est le plus élevé. Il est donc urgent d’agir. Il est grand temps de faire de la prévention du suicide une priorité au Québec.

Dans le cadre de la 17ième édition de la Semaine de prévention du suicide, les porte-parole de cette année ont cosigné une lettre d’opinion dans laquelle est illustrée la problématique et où l’on trouve des moyens tangibles qui pourraient contribuer à une baisse du suicide au Québec. Une stratégie québécoise en prévention du suicide est essentielle. Cette stratégie contiendrait une série de moyens visant à faire baisser le taux de suicide au Québec.

Restreindre l’accès aux moyens. Lorsque l’accès à un moyen de s’enlever la vie est restreint, il est peu probable qu’un suicide impulsif se produise. La personne suicidaire peut avoir une chance de trouver de l’aide avant de trouver un moyen de s’enlever la vie. Un programme de retrait des armes en lieu sûr ou l’installation de barrières dans des lieux publics où se produisent un grand nombre de suicides, telles les barrières anti-suicide du pont Jacques-Cartier, ont montré une diminution du nombre de suicides. Nous devons effectuer l’identification des moyens qui causent la mort au Québec et agir en conséquence.

Les Sentinelles. La Stratégie d’action jeunesse 2006-2009 rendue publique le 29 mars 2006 par le gouvernement Charest inclut le déploiement de sentinelles (personnes formées de façon à reconnaître les signes de détresse) dans les milieux de vie des jeunes et les lieux de travail afin de mieux lutter contre le suicide. Nous devrions envisager que ce programme soit déployé dans d’autres milieux, par exemple, les centres de détention ou les résidences pour aînés.

Faire connaître la ligne 1 866 APPELLE. Le Québec s’est doté d’une ligne téléphonique provinciale, le 1 866 APPELLE, dédiée à la prévention du suicide. Ils sont plus de 100 000 Québécois par année à le composer, joignant ainsi l’un des 30 centres de prévention du suicide. Il faut investir davantage afin de faire connaître cette ressource par le biais de la publicité et des relations publiques, au même titre que nous investissons dans les campagnes contre le jeu pathologique et la vitesse au volant.

Aide intensive aux personnes à haut risque. Les personnes qui font des tentatives de suicide présentent un risque accru de récidives. Il existe une initiative norvégienne mettant l’accent sur le suivi des personnes à leur sortie de l’hôpital à la suite d’un traitement pour tentative de suicide. De ce fait, nous devons développer de nouveaux programmes au Québec qui tiennent compte du suivi et de l’aide aux personnes suicidaires. Et cela, aussi bien suite à une tentative qu’à plus long terme et en assurant la coordination entre divers milieux hospitaliers et une grande variété d’organismes communautaires et d’intervenants.

A propos de la Semaine de prévention

La 17ième édition de la Semaine de prévention du suicide (SPS) se déroulera à travers la province du 4 février au 10 février 2007 inclusivement. Organisée par l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) et appuyée par des centaines d’organismes à travers le Québec, la Semaine de prévention du suicide a pour but de sensibiliser la population à l’importance d’être vigilants et attentifs aux indices de détresse et aux comportements suicidaires car « les apparences sont parfois trompeuses », d’encourager les personnes suicidaires, leur entourage et les personnes endeuillées par le suicide à sortir de l’isolement et à demander de l’aide et d’informer la population de l’existence de la ligne 1 866 APPELLE. Dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide, plusieurs activités sont organisées aux quatre coins de la province, dont des colloques, conférences, rencontres en milieu scolaire, spectacles, expositions ainsi qu’une campagne publicitaire.

A propos de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS)

Fondée en 1986, l’Association québécoise de prévention du suicide vise à promouvoir la prévention du suicide et à réduire le suicide et ses conséquences en mobilisant le maximum d’individus et d’organisations. Elle regroupe les Centres de prévention du suicide, plusieurs individus, chercheurs et organismes publics ou communautaires s’intéressant au problème du suicide.

Dans les quatre prochaines années, les membres, provenant d’une variété de
milieux, mettront leurs efforts en commun dans les quatre axes de
développement suivants: la représentation, la mise en réseau et la
concertation, le développement des compétences et la sensibilisation à la
prévention du suicide et aux conséquences du suicide. Pour de plus amples
informations : www.aqps.info.

• 30-

/Renseignements: Simon Falardeau, Capital-Image, (514) 739-1188, poste
231, Cell: (514) 755-5831; Miriam Lauzon, Capital-Image, (514) 739-1188, poste
235/

lundi, février 05, 2007

De l'esprit d'Hérouxville...

Dans un copieux commentaire publié dans Le Devoir de ce lundi 5 février 2007 (« La nation « ethnique » et la nation civique : une fausse opposition »), Micheline Labelle, professeure au Département de sociologie de l'UQAM et membre du conseil d'administration de IPSO (Intellectuels pour la souveraineté), y va d'un vibrant plaidoyer en faveur de la reconnaissance d'un « Nous » québécois « intrinsèquement pluriel » « qui transcende les appartenances politiques, ethniques ou idéologiques ». Pour dire court et bien, l'auteure et ses co-signataires souhaitent ardemment que ce « Nous » du tout Québec ait « un effet de mobilisation au-delà de la majorité d'origine canadienne-françaises .»

Pour valider l'orientation idéologique de son propos, la professeure a pris bien soin d'y gommer dix-neuf signatures, tous membres des IPSO confondus (on dirait une norme de contrôle de qualité pour un produit de consommation de masse). Hormis le double fait d'être approuvés IPSO Québec 2007, et de promouvoir l'avènement d'un Québec ouvert à tous sauf aux Canadiens français, qui sont encore une fois rapetissés en l'état de retardés mentaux portant ceinture fléchée et souliers de boeuf ; hormis cet assemblage idéologique, le seul point commun que partagent ces vingt signataires, est plus spécifiquement celui d'être de Montréal !

Pour le reste, pour le dynamisme de la réflexion et pour la hardiesse intellectuelle du constat, le lecteur le moindrement attentif qui suit ce débat depuis l'effondrement de 1995, y aura vitement décelé le credo rancis d'un petit catéchisme néo-nationaliste où il est question d'une nation d'Amérique totalement passée sous le joug de la nation montréalisée, une nation ligaturée de sa substance identitaire, trépanée de sa mémoire et soulagée de son liant culturel. Comme esprit simpliste et réducteur d'un Québec en marche, impossible de faire mieux !

Ce n'est pas parce qu'un texte fait consensus auprès de vingt signataires, qui ont réduit leur perception de la dualité québécoise historique à l'esprit d'une seule, que ce texte est porteur de vérité ! Voyez-vous, pour moi, le Métis canadien-français du Saguenay, le premier problème irréconciliable de ce « Nous » intrinsèquement pluriel », c'est justement d'avoir fait passer l'identité québécoise à partir d'un « Nous » mondial sans être passé au préalable par celui qui « Nous » vient de notre histoire. C'est de réduire l'identité québécoise autour du seul caractère montréalais, sans égard aux autres régions du Québec qui regroupent pourtant 98% du territoire et une population a fortiori canadienne-française et métisse. C'est d'avoir abandonné toute référence aux souffrances des peuples fondateurs, notamment les Canadien français, les Métis et les Indiens, dont la rencontre et l'histoire forment le seul vrai mythe fondateur sur lequel s'appuie le projet initial de l'indépendance du Québec.

Oublier cela, c'est déraper face à notre histoire nationale ; c'est tenter de nous faire passer en quatrième vitesse alors qu'on a enlevé la transmission ; c'est de prétendre, malgré l'évidence du contraire, que le Québec est un peuple homogène, ce qu'il n'est pas, ce qu'il ne saura jamais être vu son histoire, et ce que vous ne pourrez jamais lui faire admettre. Oublier cela, c'est simplement mettre en branle l'esprit d'Hérouxville, qui est un symptôme d'une dérive idéologique insoutenable et non pas une cause...

Russel Bouchard
Ce 5 février 2007

vendredi, février 02, 2007

André Boisclair en chute libre, des boulets pleins les pieds... et sans parachute !

Je ne commenterai pas les déboires d'André Boisclair au sein de la famille péquiste. Tout a déjà été dit, argumenté, montré, commenté, démonté. Il y a celles (et un peu ceux) qui lancent un filin d'araignée à leur chef bien aimé en espérant pouvoir ainsi amortir sa chute dans sa funeste descente vers les abîmes. Et il y a ceux (pas beaucoup de celles) qui aimeraient bien voir la grande trappe de l'histoire se refermer sur sa tête de premier de classe afin de permettre à Landry de revenir sur le trône !

Dans un cas comme dans l'autre, le malaise au sein de la famille péquiste est total. L'image faisant office du vide et des non-dits en ce lieu, la bouille du jeune chef en perdition avec son sourire pleine dents dit tout. On dirait un grand garçon flanqué de ses deux mémés, la mère et la grand-mère, mémé Lemieux et mémé Harel, de retour en classe après avoir été taxé par ses camarades plus vieux que lui.

Si le ridicule ne tue pas en politique, le pathétique oui ! Car c'est l'image qui en prend un coup. Hier midi, à la radio de Radio-Canada, il fallait écouter les propos de tout un chacun pour bien saisir la vitesse de la chute. Plusieurs ont même reproché ces déboires aux caricatures de Gérard D. Laflaque. Et le pire, c'est que c'était là la meilleure défense des amis (ies) de Boislcair.

À cette hauteur du plancher, les parachutes ne s'ouvrent plus. Trop bas, trop tard.

Akakia