Les délires d'Akakia

dimanche, novembre 26, 2006

Saguenay - Quand la mémoire d'une région s'éteint...

Quand la mémoire d'une région s'éteint, c'est comme une espèce vivante qui s'éteint. C'est toute l'oeuvre de la Création qui en paie le prix. Et cela m'attriste ! Retour à mon commentaire sur la tourte d'Amérique...

Voilà deux semaines à peine, Lise Bissonnette, la présidente-directrice de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, devant la toute grande presse saguenéenne, rappelait l'importance de conserver les archives du milieu des affaires et de l'industrie pour préserver la mémoire du peuple québécois. À juste titre, l'ancienne directrice du journal Le Devoir, déplorait la dilapidation de pans entiers d'un fabuleux patrimoine documentaire, notamment celui de l'industrie, la grande autant que la petite. Madame pressait le pas pour qu'on s'y intéresse comme il est d'usage dans toute société en marche. Avec célérité, la marraine de la Bibliothèque nationale —qui nous a déjà coûté un bras et qui a eu la bonté de nous laisser le second, mais pas pour longtemps à ce que l'on peut voir avec ce qui suit !— pointait d'un doigt accusateur nos décideurs publics, nos affairistes et nos industriels pour qu'ils prennent enfin conscience de ce coulage honteux aux conséquences inimaginables pour notre devenir le plus prochain.

Nul n'est sans savoir que la conscience sans connaissance du passé n'est qu'un jour sans lendemains. Elle est comme un navire sans gouvernail ni capitaine. Ceux qui y prennent place naviguent sur un vaisseau fantôme démâté qui a cassé son gouvernail. Il ne sait plus son port d'attache. Il a perdu l'idée de son voyage. Il n'a plus pour maître que les éléments. Sa fin est écrite, mais il n'y aura, hélas ! personne pour graver son épitaphe ! Malheur à cet équipage !

En effet ! Le problème qui percute déjà les Saguenéens ne date pas d'aujourd'hui. Voilà quelques années, en 1984 pour être plus précis ; lorsque j'ai entrepris d'écrire l'histoire de ma municipalité, Sainte-Anne de Chicoutimi-Nord, qui est une des plus vieilles localités du Saguenay (fondée en 1843), j'ai eu l'opportunité de consulter les copieux fonds d'archives de la Compagnie Price. Un incontournable par où passe l'histoire de notre bon peuple et de notre pays, l'imaginaire et le souhaité autant que le réel. Dix ans plus tard, lorsque la Compagnie passa l'arme à gauche pour se fusionner dans la Compagnie Abitibi pour former l'Abitibi-Price, j'ai dû retourner dans le fonds —maintenant microfilmé— des archives de feue la Price Brothers & Co. pour compléter certains dossiers et pour découvrir, Ô horreur ! que la plupart des belles pièces n'y étaient pas et qu'elles avaient été détruites (sans doute parce que trop compromettantes). C'est là que j'ai senti toute l'importance de sauver les pièces qui me passaient par les mains, de sauver l'idée même du vrai pays.

Cela dit, la semaine dernière, par la plume de son journaliste Denis Villeneuve, l'hebdomadaire saguenéen Progrès-Dimanche faisait état des problèmes sans noms que traverse ces jours-ci la Société historique du Saguenay, soit dit en passant la plus importante du genre au Canada. Fondée en 1934 par Mg Victor Tremblay et un groupe de bénévoles, cette institution de grand renom qui a eu son heure de gloire et qui vit sur du temps emprunté, est entrée dans sa phase terminale. Ses locaux, qui occupaient jadis une partie du deuxième étage du Pavillon Sagamie, se sont rétrécis comme une peau de chagrin : les ordinateurs sont empilés les uns sur les autres, la riche bibliothèque, l'orgueil de notre région, a été enfouie dans des boîtes où la moisissure et l'infection sévissent, et les archives se promènent d'un local à l'autre sans ménagement, selon les besoins des propriétaires du Pavillon Sagamie, pourtant les fondateurs de l'Université du Québec à Chicoutimi !

Bref, si aucune mesure énergique n'est prise d'ici peu, il faut dès lors imaginer qu'une perte irréparable de notre patrimoine archivistique, culturel et historique est en train de se fabriquer sous nos yeux. Ce triste constat établi, il nous reste à voir si nous avons décidé de vivre malgré tous les malheurs qui nous affligent, en tant que région abusivement dite de « ressources », ou si nous acceptons de finir comme la tourte d'Amérique.

Dans ces circonstances où le temps nous est compté, je ne peux m'empêcher de demander, à ceux qui ont déchiré leurs chemises sur la place publique dans leur médiatique contestation du déménagement du monument Price, à Chicoutimi, pourquoi ils ont déserté leurs tribunes et pourquoi ils n'en mettent pas tant pour sauver un monument qui porte en lui la trace de leur propre peuple ? Mais où ils sont ces criards et ces universitaires, alors que l'histoire et la mémoire, qu'ils ont si bruyamment évoquées pour un monceau de pierres égrémies, ont besoin de leur charisme ? Le temps n'est-il pas plus à-propos aujourd'hui de se vouer à la défense du bien public, bien que l'actuel dossier de la SHS soit moins glorieux et moins utile à mousser leur propre mémoire ?...

Russel Bouchard


Lettre adressée au journaliste Denis Villeneuve
et publiée dans Le Progrès-Dimanche de ce 26 novembre 2006, sous le titre : « La SHS, ce grand malade qui s'ignore... Quel désastre ! »

Chicoutimi, le 19 novembre 2009
Bonjour Denis,
Je suis heureux de voir que tu étais sur la touche à propos de la douloureuse agonie de la Société historique du Saguenay. S'il y en a qui ont peur de réagir, moi pas ! Cette situation est d'une tristesse telle qu'on en est rendu à se demander si on ne devrait pas partir à notre tour de ce mouroir qu'est devenu le Saguenay. La Mémoire, c'est le dernier fil, l'ultime lien qui accroche une société, quelle qu'elle soit, à la vie. Passé ce seuil, c'est la mort cérébrale qui annonce la mort clinique.

Ce que dit ce matin le président de la SHS dans la foulée de ton papier, m'apparaît des plus inquiétants et se révèle très loin de la réalité. Comment trouver le juste remède à une malade en phase terminale qui dit ne pas être malade ? Dans le contexte actuel, je ne vois pas cette lueur d'amélioration que dit voir M. Beaulieu. N'eut été des bénévoles et de la directrice (Louise Bouchard) qui tiennent à bout de bras la revue Saguenayensia, la Société historique serait morte à l'heure qu'il est. Ces derniers ont toute ma sympathie et ma reconnaissance. Ils font tenir un radeau à la dérive avec de la broche à foin et des bouts de ficelle usée. Si le CA de la SHS a une carte cachée comme le laisse présager l'entrevue que tu as donnée à son président, qu'il l'expose publiquement pour qu'on en juge, et on verra bien ! Dans le contexte où je suis quotidiennement confronté à la décrépitude endémique et récurrente de la SHS, ce n'est pas la lecture que j'en fais. Mais alors là pas du tout ! C'est même tout le contraire ! C'est la descente vers l'abîme...

Pour t'illustrer le problème, je ne te parlerai pas du cas de la direction, puisqu'elle n'est que partiellement responsable de cet état lamentable de l'institution placée sous sa gouverne (mais responsable tout de même puisque c'est elle qui prend les ultimes décisions et qu'il y a eu, l'an dernier, une série de démissions inexpliquées) et que je ne suis pas informé de ses décisions ! Je te parlerai simplement de moi, l'historien et chercheur qui détient sans aucun doute l'un des fonds d'histoire privés les plus importants du Québec. En tout, 135 caisses de dossiers d'archives et d'histoire facilement consultables et rangés avec un soin méticuleux. À cela, il faut ajouter toute ma correspondance des 35 dernières années (des milliers de lettres) ; mon journal intime qui compte tout près de... cent volumes de 96 pages l'unité (la mémoire d'un pays à lui seul) ; des milliers de photographies, uniques ; et une bibliothèque passablement complète, dont le livre le plus ancien remonte à 1689.

Il y a quelques années (début 1990), quand cette jeune équipe de bénévoles a pris la relève, encouragé que j'étais par ce vent de renouveau qui soufflait, j'ai décidé de coucher la SHS sur mon testament, moyennant quelques conditions très élémentaires et qui se résument à peu-près à ceci : 1- que la SHS soit en mesure de conserver adéquatement ce patrimoine ; 2- qu'elle soit en mesure d'en dresser un inventaire soigné ; 3- et qu'elle puisse les mettre à la disposition des chercheurs dans un délai raisonnable. Il y a quelques jours, après avoir vu l'ampleur de cette déchéance, j'ai décidé de revoir mon notaire pour changer mon testament. Dans les circonstances, j'envisage maintenant de confier mon fonds et mes collections soit à la Grande Bibliothèque Nationale à Montréal, soit à Ottawa. Aussi bien dire à des pays étrangers. C'est dire tout mon désarroi !

Si cette lettre peut aider à corriger positivement la situation, je t'autorise à publier la présente, en partie ou en totalité. Mon souci n'est que d'aider. Merci d'avoir pris le temps de me lire.

Russel Bouchard
Historien

jeudi, novembre 23, 2006

L'Affaire Michaud - Quand un Parlement se fait justice, l'esprit du Parlement n'est plus et il incomble au peuple de le restaurer.

UN REFUS AFFLIGEANT DE LA
COUR SUPRÊME DU CANADA

Une assemblée législative a-t-elle le pouvoir, par voie de résolution, de blâmer ou réprimander un citoyen pour avoir exprimé des idées qu’elle juge inacceptables ? Une résolution de ce genre échappe-t-elle au contrôle judiciaire en raison du privilège parlementaire de la liberté de parole? En clair,  est-ce que l’ Assemblée nationale du Québec ou une autre assemblée parlementaire au Canada ont l’autorité constitutionnelle de couvrir d’opprobres un citoyen de ce pays, sans que les députés prennent connaissance de ses propos, sans l’entendre, sans qu’il lui soit possible de répondre aux accusations dont il est l’objet.

La Cour suprême du Canada a refusé aujourd’hui de répondre à cette question, avalisant ainsi le droit pour toutes les législatures de ce pays de flétrir la réputation de quiconque tiendrait des propos qui n’auraient pas l’heur de plaire aux parlementaires. Ce refus est à la fois une honte de laisser les parlementaires souiller la dignité et la réputation d’une citoyen, une impéritie, une atteinte aux libertés fondamentales, la première étant la liberté d’expression que nous ont léguée les Lumières et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : "La libre communication des pensées et des opinions est l'un des droits le plus précieux de l'homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi".

Le 14 décembre 2000, dans un moment d’égarement et d'irresponsabilité sans précédent dans l'histoire des démocraties, l'Assemblée nationale du Québec confondait tribune et tribunal en votant aveuglément une motion scélérate à mon endroit.  Il revient de droit aux cours de justice d’appliquer la loi et de sanctionner l'abus de la liberté d'expression et non à des parlementaires muselés par la discipline des partis.
 
"Le  Droit est ici devant un étrange paradoxe, écrivait l'éminent juge Baudouin de la Cour d'appel du Québec.  Pour préserver la démocratie parlementaire, et donc la libre circulation des idées,le Droit à l'époque des Chartes et de la prédominance des droits individuels permet qu'un individu soit condamné pour ses idées (bonnes ou mauvaises, politiquement correctes ou non, la chose importe peu ) et ce, sans appel et qu'il soit ensuite exécuté sur la place publique sans, d'une part avoir la chance de se défendre et, d'autre part, sans même que les raisons de sa condamnation aient été préalablement été clairement exposées devant ses juges, les parlementaires. Summum jus summa injuria ( Le droit strict est la suprême injustice) auraient dit les juristes romains  
  
Je suis donc victime d’une suprême injustice et la Cour suprême du Canada n’en a cure. The question shall not be raised ! La question ne sera pas posée nous dit-elle aujourd'hui dans un superbe détachement qui confine au désintéressement d’une affaire qui concerne tous les citoyens et les citoyennes.

L’histoire du monde est prodigue d’exemples dans lesquels la justice est dévoyée et l’innocence opprimée. Il est dommage qu’un autre de ces exemples s’ajoute ce jour à cette longue liste d’iniquités.

Yves Michaud (514-487-1849 ou 233-1849)
23 novembre 2006

Débilité extrême !!! Fallait-il se farcir de cette autre preuve pour comprendre que plus rien ne va...


Nos voisins vivant au sud de la frontière n'en manquent décidément pas une pour nous impressionner ! Le visage luisant, les mains pleines et dégoulinantes, un jeune homme de Chicago, Pat Bertolli, 21 ans et apprenti cuisinier de son état, a été couronné « plus gros mangeur de dinde » around the world ! Il a réussi cet exploit, raconte la presse dans un papier qui vole la vedette aux violences quotidiennes que vit le Moyen-Orient, après avoir englouti 2,2 kg de dinde en 12 minutes.

Tout ça, grâce à la... « méditation » !

Ce sont tous les affamés de la Terre qui vont être contents d'apprendre qu'il y a des endroits où la nourriture est si abondante qu'on se vautre dedans au point d'en devenir débiles.

Je suis franchement très choqué !!!

Akakia

mardi, novembre 21, 2006

« Accommodement raisonnable », une autre incohérence made in Québec - Les Canadiens français et les Métis, des tourtes en sursis !?

Point d'ordre soulevé par Marie-Mance Vallée dans le fil précédent :

La tourtière est bien une «tradition», une tradition culinaire, qui remonte au temps de la Nouvelle-France. Il faut bien spécifier qu'il ne s'agit pas du pâté à la viande comme la définissent la plupart des Montréalais. Ce sont deux mets tout à fait différents au Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord.

À la suite de la lecture de votre billet, également à la suite du débat qui fait rage dans le moment au sujet de l'accomodement raisonnable, je me suis interrogée sur certaines définitions. On nous parle des valeurs québécoises : égalité des sexes, reconnaissance de l'homosexualité, la démocratie, la liberté d'expression. Personne n'est contre la vertu. Mais il me semble que M. Dumont et M. Boisclair qui sont sans doute de la génération Bobino-Bobinette, Capitaine Bonhomme et/ou Passe-Partout aient de la difficulté à préciser ce que sont les valeurs québécoises. Ils en ajoutent une au fil des entrevues. Je trouve cela inquiétant. À les entendre on croirait que les valeurs québécoises seraient le fruit de la révolution tranquille, donc, des valeurs qui auraient tout au plus 40 ans. Que le Québec n'existe que depuis les années 60 et que tout notre passé a été jeté dans le fleuve de l'oubli... J'ai beaucoup de difficulté avec cette approche et il me semble bien que les révolutionnaires tranquilles et leurs successeurs devraient préciser leur pensée.

Questions
1) Que sont des valeurs, des us et coutumes, des habitudes, des traditions, etc...
2) Faut-il penser que le passé (us et coutumes, traditions) canadien français et métis a été aboli pour répondre aux exigences de la nation civique?
3) Faut-il penser que les us et coutumes des Canadiens français et des Métis ont été volontairement occultées? Il est vrai que certaines valeurs étaient reliées à la religion catholique et pour beaucoup cela déplaît.
4) Les médias et les politiciens savent-ils vraiment de quoi ils parlent? Ou préfèrent-ils glisser sur le sujet pour mieux occulter le passé et faire une nouvelle nation...

À tout hasard, voici quelques définitions que j'ai recueillies au Larousse. Il faudra bien au cours des semaines à venir que «ceux qui savent» nous expliquent. Ce débat est vaste, important et essentiel.

VALEUR : ce qui est posé comme vrai, beau, bien selon les critères personnels ou sociaux et sert de référence et de principe moral.
HABITUDE : disposition acquise par la répétition à être, à agir fréquemment de la même façon.
US ET COUTUMES : les usages, les traditions d'un pays, d'un peuple, d'un milieu.
COUTUME : habitude, usage passés dans les moeurs d'un groupe, d'un peuple.

Je laisse mes interrogations à votre réflexion.
Marie Mance Vallée


Réponse de Russel Bouchard :

Votre question contient en elle-même la réponse ma chère Marie Mance. Voilà comment je résume ce problème qui ne date pas d'aujourd'hui mais qui nous percute par derrière alors que nous aurions dû le prévoir de l'avant.

Dumont n'a fait que récupérer le discours qui gît-là et que nos chefs ont tassé du pied par opportunisme et lâcheté. À mon avis, la fameuse « nation civique » n'est que le « R.I.P. » de la pierre tombale que d'aucuns ont voulu mettre sur le cadavre de la race (canadienne-française et métis) avant qu'elle ne soit totalement morte. Les immigrants n'ont fait que prendre la place que nous avons eu l'étourderie d'abandonner pour une raison et pour une autre. N'ayant plus aucune contrainte, ils font ce que des enfants font en pareille circonstance : ils prennent tout le pouvoir qui leur tombe sur la main et n'entendent rien laisser à personne, y compris à ceux qui les ont accueillis.

La solution ? Pas bien difficile. Que les peuples fondateurs (Indiens, Métis, Canadiens français, Acadiens et autres s'il y en a) prennent simplement leur place, celle que leurs pères et mères ont construite et qu'ils leur ont laissée en héritage. Que les arrivants et les allochtones apprennent à nous respecter et qu'ils s'adaptent. À ces gens, je dis : je suis d'accord pour que vous jouissiez de toutes les protections et droits assurés par la Constitution, dont celui de l'égalité devant la Justice... Mais ADAPTEZ-VOUS et apprenez à bien parler le français sapristi !!! Ce n'est pas à Nous de nous adapter à ce que vous amenez. Point à la ligne.

Et si vous n'êtes pas satisfaits de notre accueil, rien ne vous retient ici. Allez-vous faire voir ailleurs. Pas question pour Nous de subir le sort de la tourte d'Amérique...

Russel Bouchard

lundi, novembre 20, 2006

Ceci n'est pas une tourte, mais le résultat d'un abus...

Qui se souvient de la tourte, cet oiseau de la grosseur d'une caille, qui peuplait jadis tout l'Amérique du Nord. C'est elle, dit-on, qui est à l'origine du met favori des Québécois et des Saguenéens : la fameuse « tourtière ».

Les tourtes étaient si nombreuses au XVIIIe siècle, qu'elles obscurcissaient le ciel québécois au passage. On la chassait au fusil sur les parvis des maisons, en pleine ville et à la campagne, au fouet ou au filet. Les abus étaient comme une marque de civilisation. Les chasseurs en vendaient les carcasses sur les marchés de Québec par lots de cent. Belle civilisation !

Ce petit plumeau sans défense qui avait le malheur d'avoir la chair tendre, d'aimer les humains et de ne pondre qu'un oeuf par couvée, est disparu du ciel du Saguenay début 1880. À l'échelle de la planète, la dernière tourte mourut le 1er septembre 1914, dans le jardin zoologique de Cincinnati. Elle était alors âgé de 29 ans et les gardiens l'avaient affectueusement nommée « Martha ».

Russel Bouchard

lundi, novembre 13, 2006

Bonjour la vie ! Au revoir les politiques...

Chicoutimi, ce 13 novembre 2006

La neige a repris dans mon pays mes amours. Le ciel est chargé d'humeurs. Les dernières outardes ont quitté pour le sud. Les dernières feuilles s'agrippent désespérément aux squelettes des arbres qui s'agitent à tout vent, celui du grand nord. Le jour, comme les cent prochains à venir, se lève dans une pénombre qui rapetisse Chicoutimi à la grosseur d'une tanière de loups solitaires. Ciel de fin d'automne et soleil d'hiver. Le bon peuple sert comme à son accoutumée la grand messe de la vie. Bonjour la Vie ! Bonjour le Monde ! Bon repos M. le printemps ; nous nous revoyons avec les outardes dans six mois...

Sachez toujours penser printemps...

Russel Bouchard
Le Métis

Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir sont les
plus fous de la bande. Ce qu'il y a de bon, c'est que toutes les espérances
des politiques sont toujours trompées, et que cette expérience ne les
détrompera jamais. Ceux qui se contentent de prévoir que les nations
deviendront très malheureuses par les fautes de cette politique sont les
seuls qui aient raison.
Voltaire à la duchesse de Saxe-Gotha, 30/1/1762

Courtoisie, Lucien Choudin
Ferney à Voltaire

dimanche, novembre 12, 2006

Ne tirez pas sur le pianiste !

Pour ceux et celles qui n'ont pas suivi et qui ne peuvent disposer de toutes les pièces pour se comprendre dans ce chaos, reprenons l'histoire à ses débuts.

Voilà ! J'ai reçu des hommages de partout pour mon dernier ouvrage qui met en exergue la lutte des Métis de la Boréalie. J'en étais heureux et j'ai exposé ce bonheur sur mon blogue d'Akakia. Des gens associés au combat nationaliste du Québec et au FFI, en l'occurrence J.-L. Dion et Alfred Mignot (fondateur du FFI), s'en sont pris publiquement à cette reconnaissance que je n'ai pas cherchée mais qui me va droit au coeur. Ils m'ont fustigé de tous leurs feux et se sont même acharnés à en remettre dans les braises pour alimenter une campagne de salissage indigne qui a certainement d'autres buts que ma simple personne.

Je le répète : Je n'ai pas cherché cette querelle ! Elle m'a été imposée et est venue des sommets de la francophonie internationale. Mais en quoi, dites-moi, cela peut-il indisposer quelqu'un que mon travail d'historien soit enfin reconnu, après 35 ans d'efforts ? Curieusement, même si j'ai voué ma vie à la défense des droits des Canadiens français, des Métis et de la langue française, ces éloges sont venus du Canada anglais, des fédéralistes et des voltairiens de France, des gens qui méritent mon respect et mon amitié tout autant que les franco-québécois, ne vous en déplaise. On peut aimer son père et sa mère sans que cela ne soit un problème pour personne.

À voir l'acharnement que met M. Mignot, encore ce matin, à colporter ses plus vives injures à mon endroit, je comprends que je suis la cible d'un haut-lieu dont les ramifications m'échappent. Comprenez encore que tout ce que j'ai acquis en ce bas monde, y compris l'honneur et la notoriété, je ne l'ai pas volé. C'est le travail, la détermination et la lutte que je mène pour la liberté et la justice qui me valent mes lettres de noblesse. On me salue pour mes écrits et ma lutte, je lève mon chapeau et remercie ceux qui me saluent. On me tire dessus, je fais ce qu'il me semble juste et honnête de faire pour ne pas périr sous ces feux.

S'il y a une autre alternative d'éviter ces indignes attaques, enseignez-les moi. J'aime mieux la paix que la guerre, mais moins la mort et le déshonneur que la guerre...

Russel Bouchard
Le Métis

vendredi, novembre 10, 2006

L'auteur de « La longue marche du Peuple oublié... », honoré par les orfèvres des lettres voltairiennes qui logent en son château de Ferney...

« Il faut extirper l'infâme, du moins chez les honnêtes gens. » Voltaire, Lettre à Mme d'Épinay, juin 1759.

Ferney-Voltaire, le château des lettres françaises, sensible à la lutte des Métis du Canada contre la tyrannie coloniale, fait un détour par Chicoutimi pour les honorer. C'est un beau et grand jour pour ce Peuple fondateur, lié à la belle France par le sang, par l'histoire et par les lettres. À ceux et celles qui mènent cette lutte de front contre l'indignité humaine, de prendre ce témoignage d'amitié d'outremer comme un encouragement à poursuivre cette longue marche vers la liberté, entreprise voilà quatre siècles déjà...



Ferney-Voltaire, le 9 novembre 2006

Cher ami canadien,
Début de semaine particulièrement faste ; De vrais bonheurs. Tout d'abord, j'ai fait votre connaissance et c'est important. Ensuite, arrive votre livre puis la nouvelle de la distinction qui vous a été accordée. Je me réjouis de vous lire car il s'agit dans ce livre d'un pan immense de l'histoire canadienne que, nous Français, nous ignorons complètement.

Depuis que nous correspondons, j'admire le coeur, je devrais dire la hargne que vous apportez à la défense de votre Peuple. André Magnan (président de la Société Voltaire), à qui je passe vos chroniques, vous qualifie volontiers de nouveau Voltaire, et regrette que nous n'ayons pas en France une plume aussi acérée et subversive.

À très bientôt et plus longuement.

Lucien Choudin
VOLTAIRE À FERNEY
26, Grand' Rue
01210 Ferney-Voltaire



Réponse
À Lucien Choudin
(Ferney-Voltaire)
Chicoutimi, le 9 novembre 2006

Cher ami de Ferney,
C'est un Délice de vous lire et de vous savoir heureux de mon petit bonheur. Comprenons que la langue de Voltaire, qui doit tout à la belle langue française, est un pays en soi, un univers où l'imaginaire, la hardiesse et la vérité sont rois et reines. C'est là le seul lieu commun où il y a de l'avenir. Nous sommes donc tous du même pays, vous et moi, vu que nous le cherchons sur les pas de Candide.

Votre très belle et très encourageante lettre tisse des liens de mémoire et de coeur. Elle assèche ces océans qui se sont élargis entre la Belle France et la Mystérieuse Amérique, depuis que les roses de la celtique Albion y ont déployé leurs épines. On n'habite pas le château des plus belles lettres françaises sans y être soi-même l'un de ses orfèvres.

Je mes sens un peu comme le vénéré Patriarche quand on disait l'aimer. Je suis choyé par mes amis ces jours-ci.

Russel Bouchard
Petit-fils du Dr Akakia

lundi, novembre 06, 2006

Fin de la saga du Monument Price, à Chicoutimi

Les opposants au déménagements de ce bien dérangeant monument auront eu finalement gain de cause. C'était inévitable ! Devant la force d'un tel symbole brandi en ces temps si difficiles et si incertains pour les Saguenéens qui en bavent comme jamais depuis les jours sombres de 1929, le Maire de Saguenay, M. Jean Tremblay, a décidé de replier dans ce projet. Personnellement, je ne cache pas mon bonheur de ce repli que je pressens aussi stratégique que bien inspiré. Cette semaine, selon ce qui ressort du journal Le Quotidien qui en fait sa une, sa deux et sa trois, notre maire recommandera donc à son conseil de surseoir à son désir de déplacer le monument en perdition ; nul doute qu'il y aura consensus. Si cette décision fort sage de notre premier magistrat semble faire l'unanimité, tant dans les salons feutrés de ses ennemis où la fronde s'est puissamment orchestrée qu'auprès du bon peuple qui s'est laissé allé à ses émotions, cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas anguilles sous roche. Et une très grosse !

Les journaux qui en ont fait leurs choux gras et qui ne sont pourtant pas dupes des coups donnés sous la table dans cette sorte de contentieux, n'ont pas réussi à trouver et mettre en évidence un seul point de vue en faveur du déménagement. Se peut-il ? Mystère et boule de gomme !? L'affaire qui a opposé l'enseignant Gérard Bouchard, dans une lutte à finir contre le maire de Saguenay, aura donc fini... en queue de poisson !

Ce qui n'a pas été dit par contre —ce qui ne l'est jamais en de telles circonstances— et ce qui m'indispose grandement, c'est que cet affrontement a particulièrement bien servi l'armée d'ennemis que compte le maire sortant. Nommons, entre autres : aspirants à la mairie ; PQ ; BLOQ ; establishment néonationaliste régional et national dont on retrouve du reste beaucoup d'adeptes, de soldats et de mercenaires dans les couloirs et alcôves de nos très-savantes et très-culturelles institutions.

Qu'on me comprenne bien : si j'ai dis trouver bien mal inspirée l'initiative de notre hôtel de ville de Saguenay à propos de la balade de ce fantôme bien peu glorieux de notre passé régional et national, je n'en déplore pas moins celle de ceux qui, de notre petite bourgeoisie locale, s'en frottent les mains ce matin. Dans les circonstances, où j'ai été aspiré bien malgré moi dans ce combat où on en a appelé avec tant de légèreté au pouvoir de la rue et à la démocratie pour faire rendre gorge à notre maire, il me faut rappeler enfin cette règle d'or voulant que la démocratie ne peut jouer pleinement son rôle que lorsque les citoyens sont bien informés. Et que s'il arrive, par malheur ou par malveillance, que ceux-ci soient mal informés ou tout simplement désinformés, ce qui arrive parfois, la démocratie n'est plus qu'une illusion, qu'un leurre qui permet à ceux et celles qui maîtrisent l'information d'exercer tous les pouvoirs.

Il nous reste maintenant à souhaiter que la paix sociale ne s'en trouve pas ainsi hypothéquée pour les années à venir. Car celles qui s'en viennent risquent de nous en faire voir des vertes et des pas mûrs...

Russel Bouchard
Le Métis

vendredi, novembre 03, 2006

Pour en finir une fois pour toutes avec le déménagement du monument Price, à Chicoutimi !

« Je n'aime point à voir deux rois vêtus à la royale,
assis chacun sur un trône dans une aire où l'on bat du blé.
Ce n'est pas un lieu propre à tenir conseil »
Voltaire.


Nullement interpelé par le danger qu'il fait courir à la paix sociale de cette contrée en manipulant avec tant de légèreté un symbole si puissant de notre asservissement, l'enseignant Gérard Bouchard a ressorti le dossier fumant du déménagement du fameux monument Price élevé à Chicoutimi, en 1882, en l'honneur de William Evan Price, le fils du fondateur de la fameuse Maison qui a su si bien tirer la moelle des Canadiens français du Québec pendant un siècle et demi. Comme le prophète Élie, « loin des profanes yeux », dans son char de lumière tournoyant au-dessus des nuages pour les disperser, le prophète néonationaliste des « Franco-québécois » de souche et hors souche, a provoqué dans un duel singulier le maire de Saguenay pour découdre de la question devant les caméras.

Élie contre Achab. Vous m'en direz tant !

Écrasé par toutes les luttes qu'il mène afin de sortir sa ville du pétrin de la désintégration des régions du Québec (une désintégration que nous devons justement à la trahison des clercs et des universitaires), notre magistrat, qui a bien d'autres prophètes de malheur à fouetter par les temps qui courent et qui a horreur des langues de bois, sans coup férir a recalé l'invitation par la bouche de ses conseillers qui se sont fait méchant plaisir de lui rétorquer que « même Michelin était prêt à placer son bonhomme » sur le socle tant convoité du boulevard Talbot. Ce qui sous-entendait par là que les Saguenéens ne seraient pas plus gagnants avec la statue des Bouchard & Frère –qui ont raté leur chance historique de faire progresser le Québec– et ce qui fit bien rire le bon peuple qui attendait avec beaucoup d'impatience la fin de la messe pour aller tirer un bon coup derrière les bosquets du monument en perdition.

En ce qui me concerne, et pour répondre aux journalistes qui n'ont de cesse de m'inviter à donner ma propre opinion sur cette affaire montée en épingle par un enseignant en mal de sa propre statue, voici donc ce que je pense :

Pour un, je considère que les Saguenéens ont des problèmes infiniment plus importants à battre sur l'enclume de l'histoire. Ils devraient plutôt mettre leur énergie à forger des outils nouveaux pour survivre à leur propre effondrement, car la saignée subie ces derniers temps dans l'industrie forestière n'est qu'un premier symptôme de ce qui leur tombe sur la tête. Cette contestation est du reste un luxe que nous, de Saguenay, n'avons pas le moyen de nous payer ; elle détourne le regard vers le futile et nous empêche de nous attaquer au plus important défi de notre histoire : celui de notre propre survie.

Pour deux, je trouve que le fait de grouiller ce cadavre putréfié qu'on avait fini par oublier, ne mérite pas l'encre qu'on verse sur lui et qu'il n'est pas bien prudent de lui secouer les puces, socialement parlant, dans le contexte difficile que nous traversons.

Pour trois, le monument Price a valeur de symbole pour les Canadiens français et pour les Métis qui ont subi le joug du conquérant britannique ; rappelons-nous seulement du Métis Peter McLeod que l'histoire fait périr, en 1852, dans le cabinet très intéressé du médecin de son associé, William Price ! Je trouve plutôt désolant de constater que le bedeau qui sonne le glas pour annoncer la mort du monument ne le sonne pas pour les bonnes raisons. Bouchard (Gérard !) s'est emparé d'une cause qu'il ne mérite pas, soit celle des Canadiens français dont il est le fossoyeur par ses écrits consacrés à la « nation civique franco-québécoise », le tombeau des Canadiens français.

Pour quatre, souhaitons-nous mutuellement que ce monument s'écroule de lui-même au cours de l'hiver prenant. Ça fera de la garnote à mettre dans les côtes de Chicoutimi et on n'en parlera déjà plus au prochain printemps. Pour une fois, ces exploiteurs du peuple qui ont la rose pour emblème auront réellement fait quelque chose pour nous...

Russel Bouchard
Petit-fils du Dr Akakia