Les délires d'Akakia

mercredi, juin 28, 2006

La «nation sociologique», la «nation légale», la «nation civique», la «nation ethnique», ou l'art de rendre la clarté ténébreuse...

Si Stéphane Dion le dit, se peut-il que cela soit vrai ?!

Même si le penseur fétiche des Libéraux s'emploie à avaler une bouchée un peu grosse avec une fourchette à deux dents, nul ne m'en voudra de préciser que la question qu'il soulève a de quoi susciter le débat de ce côté-ci de l'Outaouais. Alors, si cela est selon, s'il y a bel et bien une différence cruciale et lourde de conséquences entre nation « sociologique » et nation « légale » (sic), qu'est ce qui empêche nos gouvernements, québécois et fédéral, de reconnaître l'existence de nations métis sur leur propre territoire. Et, vu que nous y sommes, qu'est-ce qui a empêché Stéphane Dion, alors qu'il était ministre senior au Parlement fédéral, de nous l'avoir précisé quand il en avait les pouvoirs et prérogatives ?

Gérard bouchard, l'idéologue des nationalistes québécois qui en sont quitte aujourd'hui pour la plus grande des confusions identitaires, nous avait presque habitué (c'était avant son échec avoué de la semaine dernière !) à l'idée d'une « nation civique québécoise ». Voilà que son clone fédéral, Stéphane Dion, en remet sur l'enclume en prétendant que la nation tout court n'existe pas et qu'il faut plutôt comprendre qu'elle est soit « sociologique » soit « non légale ». Grand Dieu du Ciel bleu que ça doit bien se placer dans un CV déposé sur le parquet d'un parlement étranger pour clamer, devant le spectre de l'univers, que nous sommes un, solidaire, et en marche au sein de la caravane de l'humanité.

Moi qui suis bien peu dans cette affaire ou les bouffons sont roi, je vous avoue mon étonnement de découvrir à quel point les députés sont capables de tous quand ils sont à l'opposition et totalement capables de rien lorsqu'ils ont le pouvoir bien en main pour changer le cours de leur histoire.

Pour le peuple Métis de la Boréalie, qui vit bien accroché sur son territoire, qui en arrache contre les préjugés et la médiocrité humaine logeant en nos parlements, pour cette communauté ethno-culturelle spécifique qui a toutes les peines du monde à se faire reconnaître comme collectivité fondatrice de ce pays, par quel étape, autre que celle du droit à la vie, à la dignité humaine et au bonheur, devra-il passer avant de se faire reconnaître —simplement— son droit fondamental à l'existence parmi les autres ? Nation civique (!) nation sociologique (!!) nation non légale (!!!). Se pourrait-il que la politique soit l'art de compliquer l'évidence au point de la rendre totalement informe et de polluer la réalité qui soumet les humains dans un milieu donné (ce qui est la nation) avec les sels de la confusion ?!

Pourtant, dans cette affaire, mais peut-être suis-je un peu trop niais, tout me paraît si simple quand je lis le « Dictionnaire français-latin » : « Nation », du latin « Natio onis » ; qui veut dire gens, réunion d'hommes et de femmes formant une société politique régie par des institutions communes, habitants d'un même État. À mon humble avis, y ajouter quoi que ce soit d'autre n'aura toujours qu'une fin, soit celle de compliquer l'évidence pour épater la galerie, et n'aura toujours qu'un but, celui de tromper pour dominer...

Russel Bouchard



Le Québec est une nation sociologiquement, pas légalement, dit Stéphane Dion

OTTAWA (PC) - L'aspirant au leadership du Parti libéral du Canada Stéphane Dion affirme qu'il ne voit aucun problème à reconnaître que le Québec forme une nation.

"Si on dit que les Acadiens sont une nation, que les autochtones sont une nation, pourquoi ne pas dire que les Québécois sont une nation? a-t-il déclaré en entrevue, lundi. Tant qu'il n'y a pas de conséquences légales à cette reconnaissannce, je n'ai aucun problème avec cela."

M. Dion, le seul candidat québécois à la succession de Paul Martin, a critiqué le refus du premier ministre Stephen Harper, au cours du week-end dernier, de parler du Québec comme d'une nation alors qu'il était de passage dans la province pour y célébrer la Fête nationale.

"Je ne sais pas pourquoi il a dit 'Vive la Fête nationale' et pas que les Québécois sont une nation. Il n'y a pas de problème à reconnaître le Québec comme une nation, à condition que ce soit la définition sociologique du mot, pas la définition légale", a affirmé M. Dion.

Pendant ses huit ans comme ministre des Affaires intergouvernementales de l'ex-premier ministre Jean Chrétien, Stéphane Dion s'est fait le défenseur acharné du fédéralisme. A la suite du référendum de 1995 sur l'indépendance où le Oui a failli l'emporter, il n'a cessé de contester le droit de la province de déclarer unilatéralement son indépendance. C'est lui qui a été le fer de lance du renvoi en Cour suprême qui a statué qu'une déclaration unilatérale serait illégale, lui encore qui a été le père de la Loi sur la clarté.

Selon le politicien, la différence entre les définitions sociologique et légale du concept de nation est très claire. La nation sociologique est un groupe partageant une identité collective, tandis que la nation légale est un Etat, membre des Nations unies. Il a souligné qu'il existe environ 3000 groupes humains qui se définissent comme des nations, mais seulement 192 Etats représentés aux Nations unies.

mercredi, juin 21, 2006

« Le Peuple Métis de la Boréalie », une histoire qui réagit aux questions de notre temps.

L'histoire ne peut être détachée de son époque.

L'histoire ne peut être détachée de son époque. Elle répond aux questions de son temps, complète la compréhension de l'actualité, permet de passer à une autre étape par le biais des luttes politiques qu'elle soulève et attise. Aucun peuple n'y échappe ; le présent confond l'avenir plus ou moins immédiat à partir de la connaissance que les politiques ont de la réalité. Notre propre expérience humaine parle en ce sens et en témoigne à tous égards.

Les Québécois ont entrepris d'écrire une histoire nationale du Québec, voilà à peine cinquante ans, parce qu'elle était devenue essentielle avec l'émergence du nationalisme des années soixante. Les Indiens du Canada, dont la mémoire n'a, jusqu'à tout récemment, tenu que de l'orale, ont entrepris d'écrire la leur voilà à peine vingt-cinq ans, par la question nouvelle que soulevait le rapatriement constitutionnel de 1982 et la lutte pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux que cet événement appelait dès lors. Dans cette suite de questionnement existentiel pour la vie des peuples constituant l'univers Canadien, on ne se surprendra donc pas que les Métis de toutes les parties du pays, prennent triplement acte de la place qu'ils tiennent dans l'article 35 de la Constitution, des récents jugements de la Cour suprême du Canada, ainsi que de la menace que laisse planer sur leur propre existence le projet de traité avec les Ilnutsh ; un traité qui, on ne le dira jamais assez, nie radicalement leur présence et leur participation à l'édification de ce pays.

Ce livre, par lequel la Communauté métisse du Domaine du Roy / Mingan ouvre sa semaine de festivités, qui s'inscrit au reste dans celles de la fête des Autochtones canadiens, est donc une suite inévitable commandée par l'ordre constitutionnel et les préoccupations sociales, politiques et économiques de notre temps.


Une quête identitaire intimement liée à ma quête existentielle

Sur le plan personnel, ce portrait que je brosse de cette partie prenante de la civilisation de l'Amérique du Nord, est le fruit de ma propre quête identi-taire. Elle se veut l'expression de la place que j'entends personnellement prendre dans l'univers et dans l'oeuvre de la création. Cette quête existentielle, par son essence-même, relève donc du fondamental plus que du politique, et ne peut faire autrement que de s'exprimer par le prisme de ma propre personnalité. En ce qui me concerne, elle a pris sa mesure plus précisément en 1987, lorsque j'ai entrepris la rédaction du « Saguenay des fourrures », ce qui m'a permis de mieux apprécier mes racines blanches ; elle s'est poursuivie pour faire un nouveau pas en 1995, avec la rédaction et la publication du « Dernier des Montagnais », ce qui m'a permis de me réconcilier avec mes racines Indiennes montagnaises ; et elle s'est poursuivie pour atteindre une dimension plus accomplie avec les dernières publications sur « Le peuple Métis de la Boréalie », ce qui me permet de me réconcilier avec mes origines, ma culture et mon éducation métisses.

Sur le plan du combat des idées, mon livre se veut aussi, à certains égards, une réponse au programme de recherche (de 142 500 $) confié par le ministère de la Justice du Québec à un groupe de chercheurs de l'université Laval associé à l'université de Paris. Des professionnels qui sont étrangers à notre réalité socio-historique et culturelle, dont les maîtres d'oeuvre se sont déjà largement compromis dans leurs travaux en faveur des Indiens ; des chercheurs qui ont une idée préconçue du peuple Métis de la Boréalie, qui n'entendent pas lui donner la place qui lui revient, et qui entretiennent un discours exclusif de l'autochtonie canadienne.

À sa manière, mon livre fait donc le point sur ma propre quête identitaire et tente de notifier mon refus de participer à une histoire officielle dont l'objectif réel est de bricoler la réalité pour la soumette à des fins étrangères à la justice.


Nous ne demandons pas la Lune ! Seulement le respect...

L'identité nationale, c'est le pilier de l'âme du citoyen. C'est le point de départ de l'état d'esprit qui permet à chaque individu de se définir par rapport à la société et de prendre sa place dans l'univers ; l'affirmation de l'unique dans le commun. Sans cette prise en charge, sans cette acceptation, sans cette reconnaissance, l'individu n'est rien et la société ne vaut plus rien par rapport à lui.

Les faits ne mentent pas. Sans Nous, les Métis, ce pays n'existerait tout simplement pas ! Les populations indiennes, qui ont accueilli les premiers explorateurs européens, n'auraient pu survivre aux guerres fratricides et aux famines qui étaient leur lot quotidien, et aux autres calamités découlant de cette rencontre. Sans les Métis, les Euro-canadiens n'auraient pu, conséquemment, édifier le réseau des postes de traite du Domaine du Roi où ils ont tenu un rôle essentiel en tant que traits d'union entre Indiens et explorateurs. Sans Nous, la colonisation agricole, commerciale et industrielle n'aurait pu être amorcée. Sans Nous, ce pays n'existerait tout simplement pas.

Si ce Pays n'est pas capable de Nous accepter, Nous des peuples fondateurs, avec la générosité et la dignité qu'il accorde aux arrivants, pourra-t-on Nous porter grief de ne pas l'accepter pour ce qu'il prétend être ? Si ce pays n'est pas assez grand pour Nous faire une place dans le chapitre et l'espace territoriale qui Nous reviennent par nature et de droit, comment pourrait-il être assez grands pour les autres ?

On ne demande pas la Lune. On demande d'être accepté pour ce que Nous sommes, des Métis, des Autochtones ; on demande de reconnaître notre passage dans l'histoire de la colonisation de l'Amérique du Nord ; on demande à nos soeurs et frères indiens de ne pas Nous faire souffrir le mépris qu'ils reprochent aux conquérants à leur égard ; on demande aux gouvernements de ce pays, de cette province, la place qui Nous revient de plein droit en vertu des lois naturelles et de la loi suprême de ce pays, c'est-à-dire un des trois peuples fondateurs du Canada qui sont les Indiens, les Inuits et les Métis.

Russel Bouchard
Lien de Mémoire de la CMDRSM
Chicoutimi
21 juin 2006

lundi, juin 19, 2006

La « Nation Civique », un cuisant aveu d'échec pour les nationalistes et leurs idéologues !!!

«Une réorientation nécessaire

Un changement de cap s'impose; j'en donne trois raisons parmi d'autres.

D'abord, le projet souverainiste est dans une impasse. Il n'arrive pas à franchir nettement le mur des 50 % de l'appui populaire et à s'assurer une majorité politiquement viable. En fait, il semble depuis quelques années se nourrir davantage des déconvenues de ses opposants (dernier avatar : le scandale des commandites) que de son propre dynamisme. Il s'avère aussi que le projet ne parvient pas à susciter des appuis importants dans la communauté internationale.»
(Gérard Bouchard, Le Devoir, 17-18 juin 2006)

***

C'est l'aveu-même de l'échec de la stratégie qu'il a lui-même proposée dans l'après référendum de 1995. « Je vous ai proposé la nation civique comme leitmotiv, disait-il en gros, cela n'a pas fonctionné, alors revenons au sources et faisons comme si de rien n'était ! » La belle affaire ! Il n'y a qu'au Québec où on peut se fourvoyer à ce point envers l'histoire, et revenir avec un cuisant aveu d'échec en prétendant dire le contraire.

Je vous rappelle que c'est ce même fabuleux penseur de la « nation civique québécoise » qui écrivait dans Le Devoir du 24 mars 1999 : « Tous ensemble, jeter les souches au prochain feu de la Saint-Jean ? Pourquoi pas ? Avec l'espoir raisonnable qu'à la longue, il pourrait naître de ces cendres (parmi quelques véritables bleuets ?) une espèce renouvelée, enrichie, comme il arrive parfois. » Or, ce « bleuet » bionique, cette « espèce enrichie» que nous propose l'idéologue Gérard Bouchard, ce « bleuet » « renouvelé » (entendez le premier ministre du Québec d'alors), il a quitté le navire en catastrophe, sous prétexte que ses enfants avaient besoin de lui (!) et, surtout, pour ne pas devoir répondre de son incroyable coup de pied de l'âne asséné au peuple québécois dans ce qui est devenue « L'Affaire Yves Michaud », une tache d'encre totalitaire qui reste à nettoyer dans le Salon du Peuple.

Si le Parlement d'Ottawa a eu son P.-É. Trudeau dans la Crise d'Octobre 1970, convenons alors que le Parlement de Québec a eu son Lucien Bouchard pour commettre sa propre bévue historique envers la justice, la liberté et la démocratie en demandant au Parlement qu'il dirigeait alors d'une main de fer, de réprimander un honnête citoyen pour ses opinions politiques. Fallait le faire !...

La « Nation civique », le peuple « renouvelé », ce Québec new age qui nous a été proposé en modèle idylique par les bonzes d'une petite oligarchie nationaliste bien campée dans sa tour d'ivoire et en mal de sa propre gloire, voyez où il nous a conduit ; dans le plus pathétique chapitre de notre belle histoire. Si vous, les enfants de la société civique (sic), vous avez oublié, moi, le Canadien français, le Métis, je n'oublie pas et n'entends pas oublier...

Russel Bouchard

vendredi, juin 16, 2006

Le pouvoir n'a rien d'innocent ! Les Parlements et les cours de justice le savent mieux que quiconque...

Pour Montaigne, les deux motifs de l’engagement politique sont le désir de s’enrichir et l’aspiration à la gloire ou à l’honneur. C’est, à mon avis, réduire à bien peu ce qui attise tant de passion dans le genre humain. Selon ce que j’en sais et selon l'expérience que j'en aie, je dirais plutôt que ce désir se concentre autour d’une grande passion qui embrasse toutes les autres : la passion du pouvoir (pouvoir de s’enrichir, pouvoir de dominer, pouvoir du paraître). Ceux qui s’y engagent avec l’honnête et vertueux souci de servir leurs semblables sans espoir de retour, comprennent très tôt que cette avenue transcendante ne se retrouve en fait que dans le contre-pouvoir, là où la politique produit ses méfaits, et bien peu de ces philanthropes, finalement, acceptent de rabattre leur engagement à ce niveau : c'est-à-dire dans les champs de la pauvreté, de l’injustice, de l’intolérance et de la valorisation de la dignité humaine.

Le bon citoyen contre lequel pèse le lourd fardeau de la justice, des lois et des impôts, aura ainsi intérêt à comprendre que la haute finance, c’est le vice des hommes qui s’accouple dans le vide de l’État.

À cet égard justement, Toqueville, qui n'avait rien d'un illuminé quand il causait politique, démocratie et justice, ne se privait pas pour dire que le despotisme des factions n’est pas moins à redouter que celui d’un homme, et que lorsque la masse des citoyens n'entend s’occuper que d’affaires privées, les plus petits sont appelés aux plus hautes fonctions de l'État dont ils abusent. « Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, écrit-il, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les moeurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple. » (A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 14 « Destin des peuples trop comblés »

Russel Bouchard, Journal intime

lundi, juin 12, 2006

Une injustice qui n'a pas été réparée reste une injustice et soumet tous les autres...

Que valent tous les discours sur la démocratie québécoise et sur la liberté politique de son Parlement si l'un de nous trouve ses droits fondamentaux et sa dignité bafoués par ceux qui sont chargés de les défendre ? Dans un pays libre et digne ce nom, la justice atteint chacun de ses membres, du plus grands au plus modeste citoyen ou elle n'en n'atteint aucun. Ce combat, que mène Monsieur Michaud contre ce pouvoir décadent qui a bafoué ses droits, sa dignité et son honneur, doit être celui de tous car il est le nôtre. Nous avons le devoir de nous indigner contre le Parlement, son gouvernement et son opposition qui se sont rendus coupables de cette sidérante agression sur un de ses citoyens.

Akakia


Lettre de l'ex-ministre Jean-Noël Tremblay
à Yves Michaud :
Cher collègue,

J'ai reçu votre document du i2 juin 2006 concernant le jugement de la Cour d'appel du Québec. La décision m'insupporte. Il y a à mon sens un déni de justice flagrant. Vous avez exprimé devant une commission de l'Assemblée nationale une opinion qui n'avait rien d'injurieux. La réaction des parlementaires, commandée en haut lieu, est le pire exemple de l'hypocrisie qu'on nomme paradoxalement la rectitude politique». Les parlementaires n'aiment pas qu'on dise ce qu'il leur déplaît d'entendre. Ils ont un code d'honneur...qu'ils amendent selon l'humeur des lobbies.

Comme je l'ai écrit dans l'article que Le Devoir n'a pas publié, je regrette qu'on vous ait traité de cette manière. Le jugement ex parte et sans appel des députés est une ignominie.

Cordialement à vous deux,

Jean-Noël Tremblay


Motion de blâme du 14 décembre 2000

L’Assemblée nationale a commis une « suprême injustice »

La Cour d’appel du Québec vient de rendre un jugement qui m’est défavorable dans l’affaire m’opposant à l’Assemblée nationale du Québec. Un des trois juges commis à l’étude de ce dossier, Jean-Louis Baudouin, J.C.A., écrit en conclusion de l’arrêt (page 15, par. 64 et 65) :

« Je ne peux cependant m’empêcher de penser que le Droit est ici devant un étrange paradoxe.

Pour préserver la démocratie parlementaire, et donc la libre circulation des idées, le Droit à l’époque des Chartes et de la prédominance des droits individuels permet qu’un individu soit condamné pour ses idées (bonnes ou mauvaises, politiquement correctes ou non, la chose importe peu), et ce, sans appel et qu’il soit ensuite exécuté sur la place publique sans, d’une part avoir eu la possibilité de se défendre et, d’autre part, sans même que les raisons de sa condamnation aient préalablement été clairement exposées devant ses juges, les parlementaires. Summum jus somma injuria auraient dit les juristes romains! »

La traduction française de cet adage latin est Le droit strict est la suprême injustice. (Dictionnaire latin de poche. Livre de poche No. 8533).  En somme, je suis victime d’une suprême injustice mais le droit strict (sic) absout les 109 députés de l’Assemblée nationale qui m’ont cloué au banc de l’infamie le 14 décembre 2000.

Il tombe sous le sens commun et la compréhension des honnêtes gens que l’Assemblée nationale s’est largement fourvoyée le 14 décembre 2000. Vote de blâme unanime, sans débat, sans prendre connaissance de mes propos et sans m’entendre, violation de ses propres règlements et de la protection de la liberté d’expression des citoyens, tout cela ne pèse pas lourd aux yeux du Tribunal. Il est là pour dire le droit, point à la ligne, fut-ce au prix d’avaliser une « suprême injustice », expression qui n’est pas mienne mais celle d’un des juges les plus respectés de l’appareil judiciaire au Québec et au Canada.. Malheureusement, l’arrêt rendu confirme le droit de l’Assemblée nationale de se transformer en tribunal d’inquisition et de couvrir d’opprobre tout citoyen ou citoyenne coupable de s’exprimer librement.

Le Tribunal est prolixe sur les droits des parlementaires mais avare de commentaires sur les droits fondamentaux des citoyens à leur honneur, à leur réputation et à leur liberté d’expression. Si le jugement qu’il a rendu devait demeurer en l’état, l’Assemblée nationale pourrait à loisir et à bonne convenance, du jour au lendemain, sans rime ni raison, vouer à l’exécration du public toute personne qui tiendrait des propos qui n’auraient pas l’heur de plaire aux parlementaires.

Une liberté fondamentale qui nous vient du fond des âges se trouve ainsi menacée. Compte tenu de la gravité de la situation, je verrai dans les prochains jours avec mes conseillers juridiques s’il est opportun de demander à la Cour suprême du Canada la permission d’en appeler de cet arrêt de Cour.

Yves Michaud
Victime d’une suprême injustice
À Montréal, ce 12 juin 2006

vendredi, juin 09, 2006

« Le Peuple Métis de la Boréalie », le lancement arrive à grands pas...

Mon opuscule, « Le Peuple Métis de la Boréalie : Un épiphénomème de civilisation », est dans les caisses et n'attend plus que le jour du lancement, toujours prévu pour le 21 juin, dix heures A.M., à la Maison d'Accueil de Ville Saguenay, rue Racine à Chicoutimi.
Bienvenue à tous et à toutes. D'ici là, la prévente se poursuit, et il est encore possible de réserver votre exemplaire en adressant un chèque de 20 $ (qui comprend 15$ pour le livre et 5$ pour les frais de port), à mon attention et à mon adresse habituelle : Russel Bouchard, 33 rue St-François, Chicoutimi (Ville Saguenay), Qc, G7G 2Y5.

Prière de prendre note que la publication est à compte d'auteur et qu'elle ne bénéficie d'aucune aide gouvernementale. Il est de votre ressort de faire en sorte qu'elle soit une réussite si vous désirez qu'il y ait une suite. Ceux et celles qui ont déjà réservé leur exemplaire pourront en prendre livraison le jour du lancement ou la recevront par voie postale dans les jours suivants.

L'auteur et éditeur
Russel Bouchard

Texte en quatrième couverture :
« Des canadiens voyageurs instruits des manières des sauvages par l’habitude de vivre avec eux » [dixit l'intendant Hocquart, 1733], voilà l’incontournable, le produit humain de cette rencontre. Cet épiphénomène historique, ce choc des civilisations qui a laissé des traces documentaires appréciables mais dont l’historiographie ne fait que commencer à considérer le fait, a ainsi donc permis aux Indiens de ce « pays » de survivre à l’hécatombe qui a provoqué, à la fin du XVIIe siècle, la disparition des Montagnais protohistoriques. Cela faisant, il a contribué, en contrepartie, à bouleverser la culture et l’apport génétique des descendants du groupe primitif (les Indiens) qui, malgré tout, sont restés collés au caractère d’une société nomade et archaïque. Et il a parallèlement donné naissance à un nouveau groupe humain (les Métis), plus sédentaire que nomade, dont les paramètres culturels empruntés aux deux cultures se sont définis plus particulièrement autour des postes de traite où ils ont évolué... »

Les Métis de la Boréalie sont-ils une communauté autochtone dans le sens de l’article 35 de la Constitution canadienne ? Voilà la question que tous les groupes en quête d’une reconnaissance officielle au Canada aimeraient bien avoir pour simplifier leur tâche ! » Et voilà la question à laquelle tente de répondre ce livre...» R.B.

lundi, juin 05, 2006

Charlevoix réclame les os d'Alexis Le Trotteur, le centaure de La Malbaie

Dans un geste sans précédent, voilà quelques jours, les grands journaux du Québec nous ont appris que La Société d'histoire de Charlevoix a demandé la restitution des os du phénomène Alexis Le Trotteur, qui avaient été exhumés du cimetière de La Malbaie par l'éditeur Jean-Claude Larouche, en 1966. À l'époque, M. Larouche était étudiant à l'Université d'Ottawa. Il s'était pris d'affection pour la légende qui courait sur ce phénomène dont on disait qu'il était bête à manger du foin, qu'il courait comme un cheval, aimait faire des pitreries de cheval, prenait le mors aux dents, hénissait, piétinait, trottinait au pied des estrades et s'amusait à se mesurer à la course avec ses amis équidés sans se soucier du ridicule sans nom qu'il appelait.

Pour mieux apprécier ce qui suit, il n'est pas inutile de rappeler qu'Alexis Lapointe, dit Le Trotteur, est né dans le terroir de La Malbaie un été de grande sécheresse, le 4 juin 1860, huitième enfant du mariage de François Audet dit Lapointe et de dame Adelphine Tremblay « Picotté ». À la fois phénomène d'endurance humaine et de pitreries vaudevilesques, Marius Barbeau raconte qu'il « courait le mille sur la piste ou sur la glace en deux minutes et trente secondes » ; il mourut d'un accident... bébête, heurté par un train qu'il n'avait vu venir, à Alma, le 12 janvier 1924. Il n'en fallait pas tant pour aider à la légende urbaine à mêler le réel dans le mythe voire le surnaturel dans l'irréel.

Mais tous ne le voyaient pas de cette façon. Les esprits plus cartésiens voulaient comprendre et démêler le vrai du faux ; ce qui fut nommément le cas lorsque l'étudiant Larouche exhuma la dépouille —selon les règles de l'art et les autorisations institutionnelles jugées requises— sous la supervision de professeurs réputés en la matière, avec l'assentiment de la famille et une quasi indifférence de la communauté d'alors qui laissa partir les os de leur congénère, pas mécontente du tout de la publicité que cela lui donnait. Les conclusions de l'analyse scientifique aboutirent, en 1971, à la publication d'un livre à la couverture pas très belle (jaune moutarde), signé Jean-Claude Larouche, et titré « Alexis le Trotteur (1860-1924) », dans lequel il conclut que l'homme disposait, certes, d'une singulière musculature et que son squelette, hormis une cage thoracique fortement développée et les os du pied « sur-développé », n'avait rien de surhumain.

Analyse faite et résultat de l'étude scientifique publiée —et très bien menée il faut dire—, le squelette perdit tout son intérêt et l'auteur de la thèse entreprit de déposer l'objet de son crime au musée du Saguenay, en 1975, alors que j'entrais justement en fonction comme conservateur. Je m'en souviens comme si c'était hier ; les os blanchis et poreux étaient fixés avec une colle jaunâtre sur une planche de contre-plaqué pas très sainte qui formait le fond d'une sorte de sarcophage de très mauvais goût, vitré à son sommet et pas très ragoûtant à voir ; l'ensemble nous rappelant qu'il n'était pas bon d'être reconnu phénomène hors du commun, en cette époque dissolue où le spectaculaire fait loi et où, au nom de la science et du droit à la connaissance (sic), le plus humble d'entre nous peut ainsi se retrouver, comme Alexis Le Trotteur et le géant Beaupré, dans le placard poussiéreux d'un musée ou d'une université avec des os d'animaux et des objets d'un autre âge. Le Musée, heureux d'avoir sa momie bien à lui, utilisa le spectaculaire de la chose, fit des expositions sur le dos de l'infortuné édenté qui continuait de faire rire (jaune) les visiteurs, et la Pulperie de Chicoutimi en fit de même lorsqu'elle récupéra les collections du Musée du Saguenay fondu en une nouvelle entité corporative.

Et aujourd'hui, quarante ans plus tard, maintenant que les choses se sont tassées, voilà que la population de Charlevoix, dans un geste formel publié dans « Le Devoir » du 13 mai 2006, demande la restitution de l'ossuaire pour lui donner une sépulture chrétienne et lui permettre de reposer en paix. Le Musée s'objecte sous de bien drôles de prétextes, la ville hôtesse (Saguenay) se pose des questions, les Charlevoisiens, à juste titre, s'impatientent, et la population observe. « Les chiens aboient, la caravane avance », dit l'adage. Quoi penser de tout ça ?

En ce qui me concerne, il y a un principe pour lequel les Indiens, les Inuits et les Métis ont toujours su défendre ; celui du respect dû à leurs morts. Si les objets inanimés ont une âme comme prétendent certains, qu'en est-il des os des défunts qui, pour les chrétiens, ont accueilli le corps du Christ, le Dieu vivant et ressuscité en nous par la Sainte Eucharistie ? Au fil des ans, Révolution tranquille oblige, notre société a perdu beaucoup de son sacré, et c'est dans des gestes profane comme celui-ci, en 1966, que cela s'est introduit puis a progressé. Aujourd'hui, félicitons-nous qu'il en soit de plus en plus question, la mort qu'on avait presque oublié dans le délire et l'insouciance charnelle de cette fin de millénaire, redevient l'objet d'une spéciale attention, et les morts reprennent leurs lettres de noblesse qu'on leur avait enlevées. Cela est bien et ne peut nous laisser indifférents. Il faut redonner au sacré sa primauté et nous devons à ce type (Alexis) le même respect que l'on voudrait avoir pour nos pères et mères, pour nous et nos enfants. Pour lui avoir ravi sa paix éternelle le temps d'un spectacle, la population de Saguenay doit maintenant faire un geste humain en restituant les restes du défunt à sa patrie d'origine, Charlevoix, qui entend lui donner une sépulture décente et chrétienne. Lors de cet événement sacré, il serait, à mon avis, des plus indiqués, que ville de Saguenay, son hôtesse des dernières années, lui attribue une plaque de bronze pour souligner ce phénomène historique. Ce serait une belle manière, pour nous, Chicoutimiens et Saguenéens élevés dans la religion de nos pères et mères, de se réconcilier avec notre conscience et de témoigner de notre sens commun en participant, de la manière la plus chrétienne qui soit (Alexis était baptisé et catholique) à la translation de ces restes sacrés dans le cimetière où il entendait reposer jusqu'au jugement dernier. Bref, qu'on donne une sépulture chrétienne et décente à cet ossuaire et qu'on cesse de ce repaître de ce bien triste spectacle.

Russel Bouchard
Historien

jeudi, juin 01, 2006

La cigarette vaut au cancer ce que la vertu vaut à la tyrannie et ce que la tolérance vaut à la liberté !

« Jusqu'à aujourd'hui, alors que je n'ai pas touché une cigarette depuis 18 ans, je me sentais obligée de respirer la fumée des autres sans protester. Depuis un peu plus de 24 heures, c'est terminé. J'en suis reconnaissante à la société pour moi, mais surtout pour mon ami que je souhaite garder très longtemps bien vivant comme j'aime.

Maintenant que ce problème est réglé, il faut s'attaquer sérieusement à ce que crachent les voitures et les usines dans notre environnement. Avec la même volonté. Il y va de notre survie et de celle de nos amis. Même pour nos enfants, un bol d'air pur, c'est de plus en plus rare. »


Ces propos mielleux tapissés de bonnes intentions et servis sur sauce napée au mélodrame sont ceux de Lise Payette, une experte du genre, qui signe ce matin dans le Journal de Québec, 24 heures après l'entrée en vigueur de la loi provinciale contre les fumeurs et le tabac, un éditorial titré : « Pour l'amitié et l'air pur ». Le parcours de Mme Payette n'est plus à présenter. Journaliste féministe, animatrice féministe, député féministe, ministre féministe et retour au journalisme féministe. Mme Payette a toujours tenu le flambeau de la vertu qu'elle brandit dans toutes ses chroniques, à la va comme je te pousse. Mais elle n'est pas la seule du genre.

Mme Payette n'est qu'une parmi tant d'autres de ce club d'intégristes québécois, ce groupe de hérauts bien intentionnés, ces vertueux qui ont permis au gouvernement Chrétien et à l'opposition de nous enfoncer dans la gorge la loi sur les armes à feu, le protocole d'entente sur L'Approche commune, le port du casque obligatoire sur une moto, les ceintures de sécurité obligatoires dans les autos, et quoi d'autre encore. Ce sont également eux (aussi bien dire elles) qui étaient d'accord avec la loi sur la délation qu'a tentée de nous passer le PQ quand il sévissait au Parlement, et eux qui ont favorisé la loi anti-terroriste, toujours imposée dans la foulée d'une émotion, d'un spasme populaire sorti cette fois-là des décombres fumants du 11 septembre 2001. Voilà un siècle, ils avaient permis au gouvernement américain de passer la loi sur la prohibition, permis aux curés canadiens de passer la loi Scott (contre l'alcool), favorisé les regroupements Lacordaires et la Croix de Tempérance, coiffé les Enfants de Marie bien dociles, placé les Dames de Sainte-Anne à tous les bénitiers et armé l'esprit de toutes ces associations de l'intolérance qui ont emprisonné l'esprit de la liberté au nom d'une moralité publique devenue abusive et intolérante

Qu'on me comprenne bien. J'ai cessé de fumer voilà 28 ans. J'en trouve évidemment aujourd'hui un grand bienfait et je me félicite d'avoir pris cette décision alors qu'il était temps pour protéger ma santé. Avant la loi, quand j'allais au restaurant, je choisissais l'espace réservé aux non-fumeurs, et dans ma maison, du moins là où je vis, personne ne fume. Mon fils, qui est âgé de 30 ans et qui vit dans mon sous-sol, peut s'adonner à son vice, mais a été amené à suivre certaines règles par souci de ceux qui vivent à l'étage. Quand un visiteur vient chez nous et qu'il demande s'il peut fumer, je sors un cendrier et ouvre le ventilateur, et il sait faire d'instinct le nécessaire pour ne pas embêter ses hôtes avec sa fumée. Convivialité et respect des autres, vivre et laisser vivre est notre moto.

Tout ça pour vous dire que ma répulsion de la fumée de cigarette, bien qu'elle soit à prendre en considération dans notre société et dans ma maison, ne me permet pas d'emmerder les autres et de leur imposer ma manière de vivre. J'ai mes péchés, et eux ont droit aux leurs. Ce qui m'horripile dans cette loi que le gouvernement Charest vient de voter avec l'assentiment de tous les partis d'opposition (où est la démocratie parlementaire !?) c'est que le club de Mme Payette a permis au gouvernement de sabrer dans nos libertés et de justifier l'idée voulant qu'on puisse soumettre les autres et imposer ses règles à l'ensemble parce qu'on a jugé que c'est pour leur bien et qu'ils doivent écraser coûte que coûte puisqu'ils ont la vertu contre eux désormais. Quelle hypocrisie ! Encore une maudite fois, au nom de la vertu et de la sécurité publique, la peur aidant, ces prosélytes de la société parfaite et aseptisée n'ont pas l'heur de s'inquiéter le moins du monde des tares dont ils sont porteurs et du fait qu'ils permettent ainsi à la tyrannie de conquérir des droits qu'elle n'aurait su conquérir autrement.

Preuve est encore faite, bien que nous aurions pu nous en passer sans nous faire mal, que la vertu vaut à la tyrannie ce que la tolérance vaut à la liberté et au respect des différences. Vous voulez avoir une société parfaite ? Alors mettez un tyran au pouvoir ! Vous voulez avoir un tyran au pouvoir ? Alors donnez le pouvoir à ce petit peuple qui parle haut et fort au nom de tous sans réellement s'en soucier.

Akakia