Les délires d'Akakia

mercredi, mai 31, 2006

Liberté ! Liberté ! un projet inachevé...

Chicoutimi,
le 31 mai 2006

De mes lectures qui sont une sorte d'état de grâce, je vous fais savourer ce morceau d'absolu puisé dans le puits de mes solitudes où sommeille dans mon Panthéon, tout près de Zola, cette merveilleuse pensée de Victor Hugo tirée du récit de sa vie racontée par lui-même. Une larme sucrée, tombée sur le roc échancré de Guernesey, en 1855, alors qu'il vivait, fouetté par les vents de la Manche et les embruns salés de la mer, ses premières années d'exil contre la tyrannie dans laquelle était plongé son pays ses amours.

Victor Hugo ! Esprit parmi les Esprits, buriné par les vents du large et le souffle d'une âcre tyrannie. Victor Hugo, fidèle à lui-même, un hommage à la grandeur de l'humanité en marche, témoin d'une impétueuse époque qui réussit à donner, une fois de plus, tout le sens qu'on peut donner au mot LIBERTÉ, ce morceau d'Éternité !

Liberté : « La patrie est sainte, la liberté est plus sainte encore. Il y a quelqu'un qui est plus grand que Léonidas, c'est Spartacus. [...] Je ne peux ni ne veux rien cacher de ma pensée. Je vis et je pense à mes risques et périls, ce qui fait que par moments j'ai l'air d'un imbécile. J'y consens. J'ai la fierté de ma bêtise. » (Victor Hugo, Tas de Pierres)

Akakia

jeudi, mai 25, 2006

L'auteur et poète canadien-français, Félix-Antoine Savard, honoré à titre posthume par Ville de Saguenay

Chicoutimi, le 25 mai 2006
Le fait relève de l'évidence ! De leur vivant, les grands personnages et les grands créateurs sont rarement reconnus. Sans jamais se détourner de leur mission, ils construisent leur oeuvre à travers les monceaux d'embûches et l'ingratitude semés le long de leur route par les vents de l'indifférence humaine. Certains, comme Mgr Félix-Antoine Savard (1895 † 1982), un diamant de la littérature canadienne-française qui a chanté, mieux que quiconque, la détresse de son peuple et le grand projet québécois, vient d'être honoré par Ville de Saguenay.

En effet, le comité exécutif de la plus importante ville du Saguenay–Lac-Saint-Jean vient de nommer une rue en son nom (rue « Félix-Antoine-Savard»). Il était temps ! L'auteur de « Menaud maître draveur », du « Barachois » et de « La Dalle-des-Morts», qui a dénoncé avec tant d'éloquence les trahisons des clercs (qu'il a personnifiées par « Le Délié », dans son Menaud), ce géant plus grand que nature qui a pleuré les souffrances et le combat pour la liberté des Canadiens français, méritait depuis longtemps cet éloge à son génie qui n'avait d'égal que son amour du peuple et le devoir pour lui de se faire une destinée.

Je salue ici ce geste de ma ville et on ne m'en voudra certainement pas de rendre grâce à ce poète, en publiant cette pensée perdue, sur le « pays », un mémorial à lui seul...

Russel Bouchard

« Notre Bonheur »
« Notre bonheur, notre fortune à nous, c'est de posséder un pays jeune et neuf, et un avenir qui ne soit pas comme une monotone routine du passé.

Notre fortune à nous, c'est d'avoir un espace immense à explorer ; c'est d'avoir des richesses à trouver, des combats à gagner, des beautés à dire, à peindre, à chanter en poème, en musique.

Notre devoir à nous, c'est d'avoir une belle et bonne culture à cultiver, une noble différence à maintenir, un humanisme à créer, une liberté à conquérir et à inventer...

Et c'est ce bonheur et c'est cette fortune et c'est ce devoir qu'il faut montrer aux jeunes. C'est cet avenir accessible de travail, d'effort, de science, d'amour et de conquête qu'il importe de leur présenter et pour lequel il faut les instruire.

Mais cet esprit de jeunesse n'est-il pas en péril chez nous ?

Nos paysans disaient : nous faisons la terre.

Pouvons-nous dire que nous faisons notre pays ?

F.-A. Savard
(Tiré de son livre, « Le Bouscueil / poèmes et proses », Fidès, 1972, p. 226)

mardi, mai 23, 2006

Voltaire, ce « vieillard lubrique » à qui le Canada français reprochait la Conquête et l'hiver !

Note de l'auteur : Ce papillon littéraire vient d'être publié par la Fondation Voltaire à Ferney, Bulletin no 12, mai 2006. J'en profite pour rendre hommage à nos amis de ce merveilleux coin de pays, dont la mission est de faire connaître l'oeuvre de cet extraordinaire génie littéraire, et plus particulièrement M. Lucien Choudin, l'auteur du livre d'art « Le Château de Voltaire, Deux siècles d'images ».

* * * * * * * *
Voltaire, ce « vieillard lubrique » à qui
le Canada français reprochait
la Conquête et l'hiver !


Voltaire expira à onze heures du soir à l'hôtel du marquis de Villette, le 30 mai 1778, après une agonie particulièrement lancinante, l'âme repentante mais sans négocier sur l'essentiel dont fut marquée sa vie et son oeuvre, quoiqu'en disent ses ennemis qui le vouaient au feu éternel. Le testament spirituel qu'il livra à la plume de son secrétaire Wagnière, quelques jours avant de rendre l'âme, fidèle à son image, aurait pu figurer sur son épitaphe sans trahir ni l'homme ni l'esprit qu'il avait été toute sa vie durant : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition »1. Il avait 84 ans. Il ne lui restait plus que deux dents qu'on s'employa du reste à lui dérober avec un talon. Déjà embarrassant de son vivant pour le pouvoir monarchique et pour celui de l'Église qui dormait dans son antichambre, ce « vieillard lubrique qui a tout sali et tout démoli, qui supplie « à genoux » Chauvelin 2 de débarrasser la France du Canada » (dixit Groulx 3) le devint davantage après sa mort.

« Si j'osais, je vous conjurerais à genoux de débarrasser pour jamais du Canada le ministère de France. Si vous le perdez, vous ne perdez presque rien ; si vous voulez qu'on vous le rende, on ne vous rend qu'une cause éternelle de guerre et d'humiliations. Songez que les Anglais sont au moins cinquante contre un dans l'Amérique septentrionale. Par quelle démence horrible a-t-on pu négliger la Louisiane, pour acheter tous les trois ans, trois millions cinq cent mille livres de tabac de vos vainqueurs ? N'est-il pas absurde que la France ait dépensé tant d'argent en Amérique, pour y être la dernière des nations de l'Europe ? » 4

Certes, la France avait pu disposer de son corps en l'embastillant et en lui interdisant le droit de cité à Paris où il n'en mourut pas moins déjà vénéré de son vivant. Mais, libéré de cette vieille « pelure d'orange » dont la vie avait « avalé le jus »5, son esprit était maintenant plus vivant que jamais partout où on avait tenté de l'étouffer, partout où on maudissait encore son nom et sa mémoire. Pour Rome et sa suite, ce fut donc, à défaut d'avoir pu réduire au silence l'impie de son vivant, sa condamnation par contumace aux feux de l'enfer éternel. Et partout où ce pouvoir divin sévissait, dans les églises, les prieurés, les couvents et les séminaires les couvents et les séminaires quand ce n'était pas dans les Parlements, son oeuvre était considérée comme la pire des infamies, proscrite, mise à l'index, brûlée en effigie, dénaturée.

Au Canada français, les préceptes de cette morale de soutanes, prenaient leur enseignement des recueils —remarquez les noms (!)— de l'abbé Georges Sagehomme, du Collège Saint-Michel, à Bruxelles6, et de l'abbé Louis Bethleem, dont l'oeuvre maîtresse (« Romans à lire et Romans à proscrire » 7) avait réussi à rendre hideux à peu près tout ce que la littérature française avait pu produire de génial depuis le seizième siècle. Parmi les quelque 1500 noms d'écrivains cités dans ce singulier catalogue des petits et des grands oubliés de la littérature jugée licencieuse, figurait évidemment, à un point virgule de Zola, en lettres majuscules soulignées au crayon rouge feu, le nom de Voltaire et la presque totalité de son oeuvre dans laquelle figurait évidemment le fameux « Traité sur la tolérance », où l'hérétique Patriarche avait eu le malheur d'écrire, chapitre XV, qu'il est « une impiété d'ôter, en matière de religion, la liberté aux hommes, d'empêcher qu'ils ne fassent choix d'une divinité ; [qu']aucun homme, [qu']aucun dieu, ne voudrait d'un service forcé ; [et que] rien n'est plus contraire à la religion que la contrainte ». Cent ans après sa mort, l'Église n'appréciait toujours pas !

Voltaire mourut donc en bénissant Dieu et en maudissant les voix par qui l'intolérance passait. Dans un Québec totalement soumis aux préceptes évangéliques, bien peu d'écrivains canadiens-français rendirent grâce à la mémoire de cet homme à qui on reprochait, en plus de ne pas aimer l'hiver canadien, le courant de pensée des Lumières qui avait préparé la déroute de la France en Amérique et qui plaçait, toujours à la ligne de feu sur le front de l'intolérance, Notre Très Sainte Mère l'Église. Si le poète Louis Fréchette (le « Gros Fréchette » aimait dire Buies) y mit tout son génie pour grignoter les pieds de la statue de Voltaire8 qui lui pesait lourdement sur l'aura, chez nous, l'auteur injurieux de « Candide » n'en trouva pas moins une alliée posthume inconditionnelle en la plume acérée d'Arthur Buies, le plus voltairien de nos écrivains, qui trouvait en lui « le génie français par excellence ». Pour dénoncer l'intolérance et les abus d'une Église triomphante, le plus impétueux des Canadien français n'avait nulle part son pareil dans ce Québec prostré qui n'en finissait plus, depuis la Conquête anglaise, de plier le dos sous les coups de crosse de son épiscopat.

Appelé à la fin de sa vie, par le rédacteur en chef du journal La Patrie (qui était aussi l'animateur de la loge maçonnique canadienne-française l'Émancipation !) à abjurer son passé anticlérical en répudiant ses auteurs de prédilection, Buies déclara, avec tout le panache que même la vue du trépas ne savait lui ravir, ne pas avoir de préférences et avoir découvert dans chaque auteur une manière de l'Être qui lui était propre et dont les esprits éclairés n'avaient pas à redire. Du grand Voltaire ! Ou plutôt du Buies, ce qui est déjà tout dire ! « Quand j'ouvre Pascal, écrit-il alors dans sa lettre ouverte à cet idiot de la loge maçonnique, je me demande si ce n'est pas un grand poète que je lis en prose. Quand je lis Bossuet, je me dis que jamais la pensée humaine n'a revêtu une pareille grandeur ni une pareille splendeur d'expression. Quand je lis Victor Hugo, je reste hypnotisé. Quand je lis Voltaire, je me dis : c'est là le génie français par excellence. Limpide comme de l'eau de roche, une clarté lumineuse, le bon sens avant tout, une netteté de vue prodigieuse ; avec cela du pathétique, une chaleur débordante et la plus haute éloquence, comme dans « Zaïre » et la défense des Calas... 9»

Avec un tel éloge, on comprendra pourquoi, à cette époque, Fréchette fut à Buies ce que Fréron fut à Voltaire, entendons un « prêt à tout pour conserver au moins autour de lui quelques débris de sycophantes 10»...


Russel Bouchard

Notes :
1 Profession de foi écrite de la main de Voltaire, le 18 février 1778.
2 Lettre de Voltaire à M. le Marquis de Chauvelin, Aux Délices, 3 octobre 1760. En 1760, Chavelin avait alors obtenu une des deux charges de « maître de la garde-robe ».
3 L'Abbé Lionel Groulx, La Naissance d'une Race / Correspondances prononcées à l'Université Laval (Montréal, 1918-1919), Bibliothèque de l'Action françaose, Montréal, 1919, p. 230.
4 Voltaire à Chauvelin, op. cit.
5 Voltaire, Mémoires pour servir à la vie de M. de Voltaire écrits par lui-même (1759-1760).
6 L'Abbé G. Sagehomme, Répertoire alphabétique de 10 000 auteurs avec 40 000 de leurs ouvrages qualifiés quant à leur valeur morale, Casterman, Paris – Tournai, 1939.
7 L'Abbé Louis Bethleem, Romans à lire et romans à proscrir, Éditions de la Revue des lectures, Paris, 9è édition, 1925, pp. 56-57.
8 Louis Fréchette, « Sous la statue de Voltaire », in La légende d'un peuple, Paris, 1887.
9 Arthur Buies, « Lettre à Godfroy Langlois, 11 avril 1899 », in Arthur Buies, Correspondance (1855-1901), Édition préparée par Francis Parmentier, Guérin, Montréal, 1993, pp. 300-302.
10 Arthur Buies, « Lettre à Hector Garneau, 22 novembre 1896 », in Buies, op. cit., pp. 274-277.

vendredi, mai 19, 2006

Sourire voltairien !...

« Les injures les plus sensibles, dit-on, sont les raillaries : Je pardonne de tout cœur à ceux dont je me suis moqué. »
Lettre de Voltaire à Francesco-Alberto Cpacelli, 23 – XII - 1760
(Courtoisie de Lucien Choudin
VOLTAIRE À FERNEY
26, Grand' Rue
01210 Ferney-Voltaire
tel-fax: 04 50 28 27 85)

Comme disait ma mère :
« Si on ne vaut pas une risette on ne vaut pas grand chose ! »
Et comme renchérissait mon père pour dénouer l'impasse :
« Un chien regarde bien un évèque !!! »

AKAKIA, toujours heureux de vous causer de la blonde et de son mec...

mardi, mai 16, 2006

Par la récupération des droits et titres de deux centrales hydroélectriques, Ville de Saguenay marque l'histoire du Québec

Chicoutimi, le 16 mai 2006

M. le Maire de Saguenay,
Québec cède deux barrages à Saguenay. Si tout est conforme, voilà donc une nouvelle qui devrait réjouir la population de notre ville. L'annonce de ce matin marque un tournant historique qui mérite d'être souligné. Au total, ville de Saguenay récupère donc des équipements hydroélectriques d'une capacité d'environ 13 MW. Chapeau M. le maire ! C'est 25% de plus que la centrale hydroélectrique construite en 2000 par Hydro-Québec sur la rivière Mistassibi (9,7MW), au coeur de la ville de Dolbeau-Mistassini qui, elle, n'en récolta —et n'en récolte toujours !— que les désagréments. On se rappellera que le gouvernement de l'époque (celui de Lucien Bouchard) et l'Hydro-Québec avaient alors jugé bon s'associer à une société étrangère à la municipalité (Hydro-Ilnu) qui obtint, sans y avoir investi le moindre sou, 51% des actions et le privilège honteux de construire une centrale au mépris des lois environnementales du Québec ; une injustice déshonorante pour les citoyens de la ville hôtesse qui durent se soumettre totalement au diktat gouvernemental dans le plus grand mépris de leurs droits, intérêts et protections.

En récupérant les titres et droits des centrales de la rivière Chicoutimi (Chute-Garneau et Pont-Arnaud), Saguenay marque l'histoire non seulement de la ville et de la région mais du Québec tout entier qui voit là s'ouvrir une nouvelle perspective en matière de droits collectifs. Victoire sur les plans politique et financier ; victoire aussi sur le respect de l'intégrité territoriale de la municipalité ; rétablissement d'une dignité perdue ; et réparation d'une injustice historique déshonorante qui faisait de sa population des citoyens de seconde zone totalement inféodés aux caprices de l'hydro-Québec et de tous ces consortiums étrangers qui se sont emparés de ses ressources naturelles sans jamais lui rendre son dû.

Pour apprécier la valeur de ce gain, on prendra plaisir à se rappeler que les droits sur les forces hydrauliques de la rivière Chicoutimi avaient été cédés à perpétuité à des intérêts privés, en 1896-1897, pour la somme de... 1 140$. Les avoir récupérés pour une somme symbolique brise ainsi le premier anneau de la chaîne de notre dépendance à l'endroit d'agents exogènes qui nous dominent par le biais de nos propres moteurs de développement.

S'il y a un temps pour réprimander, il doit y en avoir un aussi pour féliciter les efforts et les victoires obtenues sur l'adversité par le travail et la détermination. Ce dont je m'acquitte ce matin. Bravo !

Russel Bouchard
Citoyen

vendredi, mai 12, 2006

« Les Grenouilles qui demandent un roi » !!!

Les Québécois en rendemandent ! Non contents de l'avoir vu passer de l'Union nationale au PC, du PC au BLOC, et de ce dernier au PQ, nullement indisposés d'avoir goûté à son intransigeance et à sa manière autoritaire de saccager le grand marais québécois, ils le redemandent à la gouverne de l'État. Même si le tribun a fait tout les partis pour finalement tous les décevoir, l'homme a du charisme, le bec pointu et de la faconde. Cela leur suffit ! Ne leur demandez pas pourquoi, ils en veulent encore et en redemandent. Faut croire qu'en politique le sentiment fait raison.

LaFontaine, qui n'a pas toujours vu faux dans ses fabulations, l'avait du reste remarqué. Voyez comme les temps se ressemblent. Vous vous rappelez de cette fable où il est question d'un marais, d'un petit peuple de grenouilles libres et jacassantes, et d'une grue aux altières allures. Au cas où vous auriez déjà oublié, voici comment l'affaire s'est conclue...

« Les Grenouilles qui demandent un roi

Les grenouilles se lassant
De l'état Démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir Monarchique.
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :
Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S'alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau ;
Or c'était un Soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui de le voir s'aventurant
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmilière ;
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du Roi.
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.
Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir,
Et Grenouilles de se plaindre ;
Et Jupin de leur dire : Eh quoi ! votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement ;
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux :
De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire. »

Jean de LaFontaine »