Les délires d'Akakia

lundi, février 27, 2006

La dernière mission de Bougainville en France, ou l'art de s'envoyer paître à la française...

En 1758, après avoir réussi à tenir le coup, avec une armée de banqueroutiers, contre l'irrépressible armada britannique qui s'était mise à l'envahir par le Saint-Laurent, le lac Champlain et le lac Ontario, la Nouvelle-France agonise, abandonnée qu'elle est de sa Métropole. Voyant venir la fin, le haut commandement militaire français, Montcalm et Vaudreuil en tête, convint de dépêcher à Versailles son homme de confiance, Bougainville, à qui fut confiée la difficile tâche de convaincre le roi (entendons le ministre de la Marine, Berryer) d'envoyer des secours le plus rapidement possible. Au terme d'un voyage éprouvant qui s'étira sur 52 jours et au cours duquel il survécut à son propre naufrage, Bougainville fut reçu par le ministre à qui il tenta de faire comprendre que le Canada, clé de voûte des colonies françaises en Amérique du Nord, ne pourrait pas tenir encore longtemps si la France n'y mandait pas de suite les renforts réclamés.

Peine perdue ! Le ministre Berryer, plus économe que stratège mais fin parleur, en digne courtisan de la Pompadour à qui il devait du reste son influence à la Cour de Louis XV, ne s'inquiétait pas pour si peu. Si les colonies et la Marine étaient ruinées, fit-il comprendre à cet émissaire, tant pis pour elle, « on ne cherche point à sauver les écuries quand le feu est à la maison » ! Ce qui lui valut la célèbre réponse que l'on prête à Bougainville et que nous, Canadiens français, aurions tous voulu prononcer à cette heure grave où le génie est roi : « On ne dira pas, Monsieur, que vous parlez cheval » ! De fait, si le ministre ne parlait pas cheval (parler incorrectement), on ne peut pas dire qu'il n'avait pas donné une... réponse de cheval (réponse sèche et peu aimable) à son interlocuteur qui n'avait pas mérité un tel mépris de la part de celui sur qui pesaient autant de destinées.

Le sort du Canada, ces quelques « arpents de neige » perdus dans « l'océan glacial », venait de se jouer sur ces antiphrases devenues célèbres et qui n'étaient pas sans expliquer celles qu'avait tenu à la même époque Voltaire à notre encontre. Dans ces heures ridicules, qui présageaient les heures funestes de la Nouvelle-France, cet échange d'aménités aura au moins su nous accorder ce qui nous vaut, encore aujourd'hui, d'être rattaché à la France par la langue et par l'esprit des Lumières qui, plaît-il de le reconnaître ici, ne brillaient pas par la modestie. Si Voltaire et la France pouvaient être heureux sans Québec, le ministre venait de s'en faire le plus bête des échos. Québec, l'écurie royale, tomba le 13 septembre 1759, et Montréal, qui n'en valait guère plus, capitula le 8 septembre de l'année suivante ; ce qui fit que la France perdit à la fois l'Amérique et les honneurs de la guerre dans le traité qu'elle signa à Paris le 10 février 1763. Quant aux canassons Canadiens, qui avaient accompagné avec courage et privations cette catin de roi qui ne valait plus un louis, l'Histoire, la grande, celle qui s'écrit avec un grand «H», n'a pas encore réussi à dire qui, du maître Français ou du maître Britannique, elle aura eu le plus à souffrir sur son dos et dans ses écuries !...

Akakia

dimanche, février 26, 2006

Les trois glorieuses de l’Humanité : Liberté, Égalité, Fraternité

Je vous ai parlé des trois gueuses du pouvoir, permettez-moi maintenant de passer du négatif au positif en vous causant des trois glorieuses de l'Humanité ; une vieille réflexion qui n'en reste pas moins toujours cruellement d'actualité puisque c'est à partir de ces trois causes sacrées portées en slogans que tous les pouvoirs disent relever. Voilà donc la source de tous nos malheurs, ces principes pour lesquels certains des notres disent se battre en notre nom, mais qu'ils n'hésitent pas à fouler au pied sitôt qu'ils se présentent devant les portes des Parlements dont ils sont les gardiens et serviteurs...

« Lorsque la Révolution française de 1789 éclata, écrit l’Académicien Bainville en reprenant les mots de l’historien Aulard, personne ne se doutait qu’on allait à la République : il n’y avait pas dix républicains en France. Lorsque la République fut proclamée, personne ne se doutait qu’on allait à la dictature. Le peuple français savait encore moins qu’en acclamant la liberté, il désirait l’égalité, que l’égalité est le contraire de la liberté, que l’une doit être sacrifiée à l’autre et que, par conséquent, il faut un pouvoir fort pour briser les inégalités sociales. Sans en avoir conscience, la France aspirait à l’autorité » ; c’est-à-dire à la dictature, venue par le bras de Robespierre, la vertu incarnée, qui s’en est saisie au nom des trois glorieuses de la société humaine qui sont la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.

J’expliquerai cette causalité naturelle d’une toute autre manière. Il est une vérité de La Palice de dire que la Liberté et l’Égalité sont des conséquences directes de la Fraternité, et que cette dernière qui est aussi leur mère les maintient en équilibre par le bras de la Justice. Représentons-nous alors la société humaine, qui est aussi un esprit commun, comme une balance antique, composée d’un axe vertical supportant ou tenant en son centre un bras horizontal qui cherche son équilibre par le poids de ses deux plateaux, l’un à gauche, l’autre à droite : comprenons alors que la Fraternité est l’axe ; la Justice, le bras ; la Liberté, le plateau droit ; l’Égalité, le plateau gauche. Le jeu du pouvoir politique consiste alors pour la Fraternité, à préserver, avec le bras de la Justice, l’équilibre entre les forces de la Liberté, qui ramènent à l’individu, et celles de l’Égalité, qui ramènent au nombre.

Trop de poids dans le plateau de la Liberté donne ce que nous pourrions appeler les abus de la droite ; et trop de poids dans celui de l’Égalité aboutit, au mieux à l’agitation, au pire à la révolution qui est le fait du nombre. Ce sont ces forces perpétuellement actives qui propulsent la société humaine vers l’avenir.

Russel Bouchard

vendredi, février 24, 2006

Quelques arpents de neige au Canada...

Voltaire, homme des rois et roi des hommes d'esprit

Note de l'auteur : Ce papillon littéraire, que j'ai adressé à M. Lucien Choudin (de la Fondation Voltaire à Ferney), est tiré de « Choses utiles et agréables », Bulletin No 11, Janvier 2006, publié par la Fondattion Voltaire à Ferney. Le propos prend prétexte d'une suite de courriels échangés entre Chicoutimi et Ferney-Voltaire, pour revisiter les mots tenus par Voltaire à l'endroit du Canada. Nous en profitons pour saluer nos amis de ce merveilleux coin de pays, dont la mission est de faire connaître l'oeuvre de cet extraordinaire génie littéraire, et plus particulièrement M. Choudin, l'auteur du livre d'art « Le Château de Voltaire, Deux siècles d'images ».

* * * * * * * *

Il est de la destinée de l’humanité de se découvrir une conscience ; et il est de la mienne d’être tourmenté par le but de mon existence. Russel Bouchard

Cher ami voltairien, M. Choudin,
Vous avez raison de le dire : nous avons cette passion commune pour cet exceptionnel génie que Voltaire. Bien sûr que je connais la fameuse phrase sur le Canada, lancée en bourrasque (1) dans le fabuleux « Candide », qui, soit dit en passant, est une des trois œuvres littéraires qui m’ont le plus impressionné (les deux autres étant, le « 1984 » d’Orwell, et le « Menaud maître draveur », du Canadien français Félix-Antoine Savard). Mais Voltaire n’a pas poudré son méchant sel contre le Canada uniquement dans « Candide ». Il s’est également repris, et, encore là, avec beaucoup d’éloquence, dans son « Essai sur les mœurs », 1756 (« pays couvert de neiges et de glaces huit mois de l’année ») ; dans ses « Notes sur Olympie », 1762 (« un coin de terre endurcie sous la glace pendant sept mois, et stérile pendant les cinq autres ») ; et dans son extraordinaire « Précis du Siècle de Louis XV », 1768, où il n’en réussit pas moins une analyse très pointue de la faiblesse militaire française en Amérique, dont Louisbourg, une invitation à l’envahisseur plutôt qu’un obstacle. Ce qui n’eut pas lieu de déplaire à tous les Bigot (2) de Versailles et à Louis XV, il faut dire aussi, le vrai coupable —pour les Canadiens français— de la défaite des Plaines d’Abraham (3).

Voici, du reste, ce que j’écris à ce propos dans un livre inédit (« Sur la piste de Jean-Daniel Dumas, un héros [Français] authentique de la guerre de la Conquête »), où je prends prétexte d’un mémoire oublié pour revoir les temps forts de cette catastrophe historique, autant pour les Français que pour les Canadiens français. Permettez que je cite un peu long mon propre texte : « Lorsque la guerre de Sept Ans s’échoue pour mourir dans le traité de Paris, la France, comme un ours blessé, se réfugie dans ses derniers sous-bois coloniaux pour lécher ses plaies. Mais si mauvaise et si humiliante soit-elle, la paix est généralement bien accueillie tant au sud et au nord que dans le Midi. Si Voltaire est content, la France l’est tout autant puisqu’il s’en fait le pouls et qu’elle l’observe comme un phare. Le philosophe est pratique. Certes, il a la main près de son escarcelle puisqu’il en faut bien un peu, mais il a de l’âme. À travers la voix des personnages de «Candide» (4) qui raisonne justement aux derniers coups de canon de cette horrible tuerie, il a su décrire la futilité de la guerre avec une rare puissance ; il a su parler à tous, au peuple comme aux rois qui se sont mutuellement essoufflés sur le champ de bataille de l’intolérance qui n’est jamais loin derrière celui de l’orgueil. « Je suis comme le public, j’aime beaucoup mieux la paix que le Canada ; et je crois que la France peut-être heureuse sans Québec », écrit-il à Choiseul qui cumule depuis peu les ministères de la Marine et de la Guerre ; « tous disent qu’on doit vous bénir, si vous faites la paix à quelque prix que ce soit. Permettez-moi donc monseigneur de vous en faire mon compliment. » (5).

Cela dit, si Voltaire a été mon mentor dans mes apprentissages de la belle langue française et dans une certaine manière de dire les choses à la XVIIIe (parfois, quand l’hiver me prend de l’intérieur, je suis un nostalgique de ce fabuleux siècle des Lumières où se sont heurtées les plus belles conquêtes de l’humanité créatrice, où le sublime a fait l’éloge de l’horrible) ; cela dit, c’est donc plus particulièrement en m’apprenant à me libérer de l’esprit des maîtres, qu’il a réussi à obtenir mon adhésion. D’un bord comme de l’autre, Voltaire est excessif. Bien qu’il se prétende du contraire, son approche de l’Histoire est subjective (« Toute certitude qui n’est pas démonstration mathématique n’est qu’une extrême probabilité : il n’y a pas d’autre certitude historique » (6) ; ce qui n’est, encore là, que partiellement vrai ! (7)).

Sur certains points, sur la haine portée à la médiocrité humaine, à l’intolérance et à l’injustice, il est le plus lumineux phare qui soit et aurait fait pâlir celui d’Alexandrie ; par ses flatteries courtisanes, par son esprit revanchard, par l’accomplissement vaniteux qu’il donne lui-même à son œuvre, par son incapacité de subir la moindre critique qui lui porte ombrage, et par son acharnement à faire taire ceux qui ne pensent pas comme lui (Rousseau, par exemple), il m’est l’écueil à éviter, il est le plus humain des hommes. À maints égards, il est mon antithèse ; et bien qu’il soit cela, il est aussi celui qui m’a appris à être de mon école, l’étincelle qui a mis le feu à ma lampe.

Voltaire a été l’homme des rois, et le roi des hommes par son esprit, une étrange dualité qui n’est pas étrangère à tout ce qui est magnifique, sublime (« ma destinée était de courir de roi en roi » (8), rappelez-vous ce voltige, du pur génie !). L’étrange et l’insolite par le travers des conventions, la finesse dans les contradictions. À certaines occasions, nous aurions été les plus grands amis du monde ; à d’autres, j’aurais tout fait pour être son meilleur ennemi comme il me plaît de le dire souvent. Il a joué dans les châteaux comme on joue dans les bois ; j’ai joué dans les bois, comme on joue dans tous les châteaux. Voilà toute la différence qui nous rassemble…

Russel Bouchard
Historien
29 décembre 2005

Notes et pièces justificatives :
1-Au Canada, une bourrasque est un coup de vent subit, chargé de pellicules de neige. On pourrait également dire un sursaut de poudrerie.
2- Bigot : intendant français crapuleux qui précipita la défaite française au Canada. Banni de France après le procès intenté par le Roi contre les concussionnaires Français, déchu de ses biens, il se réfugia en Suisse.
3-Bataille rangée qui eut lieu le 13 septembre 1759 au pied des fortifications de la ville de Québec et qui en un quart d'heure décida de la perte par la France de ses colonies d'Amérique du Nord. Les deux généraux ennemis, le Marquis de Montcalm et le Britannique James Wolf y trouvèrent la mort.
4- Relire à ce propos le chapitre troisième de « Candide ».
5-Voltaire à Choiseul, 6 septembre 1762. In Russel Bouchard, Sur la piste de Jean-Daniel Dumas, un héros authentique de la guerre de la Conquête / Essai biographique suivi d’une présentation critique et annoté de son « Traité de la défense et de la conservation des colonies (1775), Chicoutimi, 2005, 245p. (Non publié)
6-Dictionnaire philosophique.
7-En fait, il n’y a aucune certitude en Histoire —même mathématique—, c’est là la seule certitude qui soit.
8-Mémoires pour servir à la vie de M. Voltaire écrits par lui-même.

jeudi, février 23, 2006

Voltaire et le Canada

À voir d'ici peu, demain peut-être, un papier sur Voltaire et le Canada. Ce texte encore tout frais, vient tout juste de paraître dans le dernier bulletin de l'Association « Voltaire à Ferney », janvier 2006. Le titre : « Quelques arpents de neige au Canada... / Voltaire, homme des rois et roi des hommes », signé Russel Bouchard, votre humble serviteur.

À lire, ne serait-ce que pour faire la paix avec ce bel esprit qui n'aimait pas la neige, et plus particulièrement la neige du Canada qu'il trouvait un peu trop froide à son goût. Mais qu'aurait dit ce diablotin de pantouflard s'il avait vu ce qui nous est tombé dessus au cours du dernier mois ? Ouf ! J'en ai soupé de la pelle ! Pas vous ?!

Akakia

mercredi, février 22, 2006

Les trois gueuses du pouvoir, Orwell avait tout vu...

« Celui qui a le contrôle du passé, disait le slogan du Parti, a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé » (G. Orwell, « 1984 »). Les trois gueuses du pouvoir des hommes sur d'autres hommes y sont toutes réunies pour une photo de famille : le passé, le présent, le futur ; l'histoire, la politique et la religion.

Akakia

L'historien, cette gueuse au service du pouvoir !

Dans la suite de mon commentaire précédent (« Dans le grand tribunal de la Pensée unique, l'Histoire à nouveau au banc des accusés »).

Mettre en prison un historien (David Irving) pour ses paroles et ses écrits négationnistes, équivaut à accepter la présence d'un tribunal de la pensée planétaire, ce dont nous mettait pourtant en garde Orwell dans son « 1984 » (« Le crime de penser n'entraîne pas la mort. Le crime de penser est la mort »). Ce jugement, qui s'en prend à l'idée même de la liberté de croire ou de ne pas croire, est, en ce qui me concerne, une menace pesant sur la liberté d'expression. Témoin en quelque sorte de l'esprit de notre temps, il n'est du reste pas étranger à l'affaire des caricatures de Mahomet et il remet à l'ordre du jour la collusion incestueuse entre l'Histoire, la religion et le pouvoir.

Il est clair que la Shoah, pour ce dont elle témoigne, contribue au renforcement du pouvoir sioniste sur le monde. Sous prétexte de faire en sorte « que plus jamais de telles atrocités se produisent » , la récupération politique de cette mémoire au nom du droit humain confère à Israël et aux Américains le droit moral de faire la guerre à leurs ennemis qu'ils associent à « l'axe du mal » , par opposition à « l'axe du bien » (!) dont ils se prétendent les gardiens bibliques ! Et on voit le résultat partout à travers le monde ; en Palestine, en Afghanistan, en Irak, bref partout où leurs intérêts stratégiques et hégémoniques sont menacés.

L'Histoire ne peut avoir qu'un maître et qu'une cause : la vérité et sa quête ! Cela étant et malgré la pression énorme qui pèse sur eux par le biais des institutions dont ils relèvent et dépendent, les historiens doivent donc trouver le courage et la force de résister aux institutions du pouvoir qui reçoivent leur légitimité de la Justice (celle du plus fort, évidemment !). Malgré ce qui peut leur en coûter, la richesse, la liberté sinon la vie, ils doivent faire l'effort de penser par eux-mêmes. Au risque d'être marginalisés par leurs pairs et de devoir en souffrir dans leur carrière, ils doivent se libérer de la prison des paradigmes faisant d'eux des membres inféodés à des écoles de pensée ; ils doivent renouer avec la témérité d'une libre pensée et cesser d'être les gardiens d'une pensée conformiste au profit d'un quelconque pouvoir politique ; ils doivent prendre leurs distances avec cette façon de voir consensuelle qu'ils ont développée, entre eux et par les institutions, au cours du dernier siècle ; et ils doivent se refaire une solitude en ayant souci de se libérer de la rhétorique des paradigmes qui sert bien toutes les formes de pouvoirs et ceux qui en abusent au nom des vertus de l'humanité. Et ce n'est surtout pas en évitant de prendre position dans cette sorte de contentieux où il est devenu périlleux de se distancer des normes idéologiques, qu'ils vont y arriver.

Bref, l'Histoire, la politique et la religion ont en commun d'offrir un perception du temps des hommes et de réclamer l'adhésion des esprits dans celui d'un autre. Et les historiens ont l'impérieux devoir de prendre leur distance avec ce jeu d'associations qui n'a pour ambition que celle d'asservir si n'est de réduire toute dissidence possible à une totale impuissance.

Russel Bouchard

mardi, février 21, 2006

Du nouveau sur le blog des Métis de la Boréalie

L'espace des commentaires est maintenant activé sur le blog des Métis de la Boréalie. Si le coeur vous en dit, si vous avez des informations ou des remarques susceptibles de faire avancer notre cause et notre histoire, faites-nous en part au bas de la rubrique qui vous intéresse. Aidez-moi à vous soutenir dans la lutte pour l'obtention de nos droits ancestraux...

Russel Bouchard
Le Métis

Dans le grand tribunal de la Pensée Unique, l'Histoire à nouveau au banc des accusés

Je sais que je marche sur des oeufs, mais l'affaire est assez importante pour que j'y mette mon grain de sel. Hier, 20 février, l'historien britannique David Irving, 67 ans, auteur controversé du best seller « Hitler's War », un livre passé date dans lequel il avait contesté l'ampleur de la Shoah, a été condamné par un tribunal de Vienne à trois ans de prison pour avoir nié l'extermination des Juifs par les nazis. Notre homme, réputé pour ses déclarations chocs, avait été saisi de sa personne le 11 novembre 2005, dans la province de Styrie, sud de l'Autriche, où il était en transit. Le gros bras velu de la Justice l'avait alors emprisonné sur la base d'un mandat d'arrêt lancé en 1989 pour avoir nié l'extermination de six millions de Juifs par les nazis lors de deux discours prononcés en Autriche cette année-là.

Loin de moi l'idée de vouloir donner le moindrement de crédibilité à la thèse d'Irving, qui m'apparaît aussi farfelue qu'égarée. Dans ce délire, et en ce qui me concerne, nous avons assez de preuves cinématographiques et de témoignages archivistiques de toute nature pour être en mesure de nous faire une tête bien à nous, sans devoir pour autant et pour cela nous soumettre à des préceptes qui emmurent l'esprit au lieu de l'inciter à se dépasser. Le procès d'Irving, comme celui de la déportation du néo-canadien Zundel, cet immigré allemand pas très inspirant qui s'était acharné à nier également cette évidence, a ceci de malsain, qu'il coupe les langues au lieux de les délier et qu'il fait ressortir des réflexes vieux comme le monde, les réflexes de l'intolérance qu'on croyait ensevelis dans les derniers tourments de l'Inquisition.

Ne pas croire à la Shoah, est-ce plus criminel que de ne pas croire au Christ, en Dieu, à la fin du monde ou aux milliers de suppliciés de l'Inquisition ? Croire ou ne pas croire ? La question mérite d'être posée, et je vois mal un tribunal en train condamner celui ou celle osant se prétendre athée. « La vérité luit par sa propre lumière, et on n’éclaire pas les esprits à la lueur des bûchers » écrivait le Patriarche Voltaire aux termes d'une vie trépidante passée à dénoncer la tyrannie. Dans ce sens, je suis de ceux qui croient mordicus que l'expression de l’Histoire, qui est une manière de concevoir la marche de l'Humanité selon le prisme des préjugés d'une époque, ne devrait jamais être autrement qu’un art, un monde en soi et sans contrainte livré à l’appréciation d’un autre, une projection éminemment personnelle de l'homme dans l'univers.

Le malheur, c’est que l'Histoire est inévitablement récupérée par le politique sous des prétextes fallacieux qui n'ont dans la réalité des faits qu'un but : soumettre un monde au profit d’un autre en permettant à quelques êtres médiocres de dominer sur la masse insidieusement soumise aux diktats d'une pensée unique. Certes, le monde doit se souvenir de ces folies démentielles dont ma génération a été témoin, et nous avons tous, chacun à notre manière, l'impérieuse tâche de faire en sorte que cela ne puisse plus jamais se produire —encore là un projet plutôt qu'une réalité me direz-vous ! Mais emprisonner Irving n'empêchera pas la Terre de tourner et ne ralliera pas à la voix de la raison ceux qui partagent ses convictions destructrices. On emprisonne un corps, pas son esprit, si déviant soit-il. Et s'il est une chose que la raison de ce début de millénaire n'a nul besoin, c'est bien d'une contrainte pour en limiter les vues et les avenues, c'est bien de cette sorte de limite de la pensée qui a justement permis à des hommes et des femmes d'en tuer au moins six millions au nom d'une idéologie qui n'est rien d'autre que le fruit d'une pensée unifiée...

Akakia

dimanche, février 19, 2006

Le blog sur l'histoire des Métis de la Boréalie est ouvert

Pour y aller, il vous suffit de cliquer sur le lien « Métis de la Boréalie, historique » (< http://metisborealie.blogspot.com/ >), et le canot vous y amène par le grand fleuve Internet. D'ici une semaine, j'imagine en avoir terminé avec un montage plus approprié des textes. À vous de me dire s'il doit être ouvert à la discussion et s'il devrait être amélioré ?

Bon voyage et merci de vous intéresser à notre histoire...

Russel Bouchard

Bientot du nouveau, sur l'histoire du peuple métis de la Boréalie

Aujourd'hui, ceux qui ont déjà pris l'habitude de parcourir mon «délire», devront faire abstinence et se rabattre dans les commentaires où ils peuvent cependant continuer de délirer entre eux et selon leur bon désir. Désolé M'sieur Dames ! Je prends ma journée pour monter un deuxième blog que j'entends consacrer à la communauté métisse de Chicoutimi, peuple fondateur du Saguenay s'il en est un encore de ce monde. Comme vous le savez, le gouvernement du Québec a entamé, ces jours derniers, de parcourir le dernier droit devant le mener à la signature d'un traité avec les Ilnutsh et le gouvernement fédéral. Ce traité est injuste et inacceptable en ce qui nous concerne. S'il se conclue tel qu'ourdi à notre insu dans le document d'entente titré Approche commune, cela signifiera, rien de moins, la mort des droits du peuple métis de la Boréalie puisque celui-ci aura été dépouillé, par le truchement de magouilles étatiques, de son titre foncier du territoire (le titre aborigène) et, conséquemment, de tous ses droits inaliénables au profit de la communauté autochtone ilnut, qui ne représente pourtant que 1,6% de la population régionale.

Ce traité, c'est l'épitaphe de nos droits,
alors qu'il devrait en être les assises !

Le peuple métis ayant été écarté de sa destiné en 1856, par le gouvernement du Canada qui a éradiqué alors sa présence dans tous les documents officiels, dont le recensement fédéral de 1861, il m'apparaît donc d'une importance capitale de prendre le temps de le faire témoigner à nouveau à la barre de l'Histoire, en publiant l'opuscule que je lui ai consacré, l'an dernier, sous le titre : « La Communauté métisse de Chicoutimi : fondements historiques et culturels ».

Qu'on se le dise ! Nous étions là, en 1676, lorsque des étrangers sont venus ouvrir un poste de traite à Chicoutimi ; nous étions là, en 1763, lors de la Proclamation royale ; nous étions là en 1843, lorsque l'État colonial du Bas-Canada est venu faire arpenter notre territoire pour l'ouvrir à l'industrie forestière et à la colonisation agricole ; nous étions là en 1867, lorsque la Confédération canadienne a été signée ; nous étions là en 1982, lors du rapatriement de la Constitution canadienne ; et nous sommes encore là aujourd'hui, plus fiers et plus déterminés que jamais à ne pas rester sous le linceul mortuaire que les deux paliers de gouvernement et les chefs ilnutsh nous ont tissé alors qu'on vaquait à notre quotidien, paisiblement, en peuple libre et sans se méfier de l'épitaphe qu'on nous taillait dans les bureaux de l'État qui a pourtant pour mission sacrée de protéger tout son monde de la déchéance et de l'injustice...

Bon dimanche à vous.

Russel Bouchard

samedi, février 18, 2006

Nous savons maintenant ce que vaut la tête d'un caricaturiste danois !

Vous vous rappelez de l'appel à la mort lancé par G.W Bush, aux lendemains de l'historique 11 septembre, contre Ben Laden et les principaux suspects dont les têtes avaient été mises à prix pour 25 M$ US. Le Monde, qui se croyait libre et heureux dans son soi-disant devoir de neutralité et dans toute sa lâcheté, avait opiné par la bouche de ses chefs qui n'en finissaient plus de faire dans leurs frocs tellement ils étaient rendus odieusement muets. Bien peu à l'époque, même les journaux réputés les plus hardis, avaient osé défier ce cri de vengeance sortis de la bouche en rictus de ce dangereux pyromane du Texas qui faisait alors trembler la planète toute entière. Même si le Monde s'était tu à l'époque pour cause de trouille infinie et manque de confiance en leurs propres canons, le risque de dérapage d'une telle mise en scène n'en était pas moins réel et dangereux puisqu'il risquait de relancer une manière de justice expéditive qu'on croyait éradiqué au même titre que le bacille de la peste bubonique.

Ce genre de virus, on l'aura finalement compris, ne meurt pas ! La sottise humaine sera toujours un défi. Et ce qui devait arriver en son temps est hélas bel et bien arrivé ces jours derniers, dans le délire des fameuses caricatures de Mahomet le prophète, au nom de qui, un iman de malheur sorti d'une grotte pakistanaise et qui n'est guère mieux inspiré que son mentor du Texas, vient de mettre à prix, pour 1 M$... et une voiture, la tête de l'un de ceux qui ont caricaturé son prophète préféré. Bien que cette offre d'achat ne nous dit pas si le saint tueur sera payé en devises américaines ou canadiennes, et bien qu'on ne sache pas encore s'il recevra pour son saint crime une Cadillac ou une Volvo, on ne m'en voudra certainement pas de condamner avec autant de célérité que je ne l'avais fait à l'époque contre Bush et ses sbires (voyez, à cet égard, mon papier, « La dernière Croisade », publié dans l'enfilade de ce blog), cet insoutenable appel à la haine qui, non seulement nous fait craindre pour la suite du monde, mais salit l'image même du prophète, de la religion et de la culture dont elle se réclame.

C'est à se désoler d'être de ce temps et de cette humanité...

Akakia
18 février 2006

vendredi, février 17, 2006

Un peu de poésie ne tuera personne : S'inspirer n’est pas plagier

«... Faute d’admirer les Grecs et les Romains,
On s’égare en voulant tenir d’autres chemins.
Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue,
Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue ;
J’en use d’autre sorte et, me laissant guider,
Souvent à marcher seul j’ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage ;
Mon imitation n’est point un esclavage :
Je ne prends que l’idée, et les tours, et les lois
Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.
Si d’ailleurs quelque endroit plein chez eux d’excellence
Peut entrer dans mes vers sans nulle violence,
Je l’y transporte, et veux qu’il n’ait rien d’affecté,
Tâchant de rendre mien cet air d’antiquité.
Je vois avec douleur ces routes méprisées ;
Art et guides, tout est dans les Champs-Élysées.
J’ai beau les évoquer, j’ai beau vanter leurs traits,
On me laisse tout seul admirer leurs attraits...
Ils se moquent de moi qui, plein de ma lecture,
Vais partout prêchant l’art de la simple nature.
Ennemi de ma gloire et de mon propre bien,
Malheureux, je m’attache à ce goût ancien. »

La Fontaine, Épître à Huet, 1687.

Un âne au pays des étalons !

—« Russel Bouchard, pour ne point le nommer (et il n'a rien d'indépendantiste, ce sont donc des fédéralistes qui ont foutu le bordel dans nos forums) a commencé ici le petit jeu qu'il a poursuivi sur le forum du Conseil de la Souveraineté. [...] Allez voir le pays d'Akakia... c'en est pathétique tellement il prêche dans le désert. »
—Je nous ai débarrassé de Vandal-l'hystérique-capoté... Boneless Pogo, pour l'instant, il discute, il défend ses points de vue dans le respect, je n'ai donc aucun problème...
—Pour ce qui est de R. Bouchard-l'articulé qui se vante d'avoir écrit une pléthore de livres (payés de sa poche... compte d'auteur), il a voté libéral et vomit plus souvent qu'à son tour sur le projet d'indépendance, c'est donc un fédé... ET ici, les fédés, ils peuvent s'exprimer, s'ils sont respecteux et de bonne foi. Dans le cas contraire, allez hop, vas voir ailleurs si j'y suis...
—De toute façon, on a la paix depuis qu'il se prend pour Akakia... Fait plus trop de dommage, il parle tout seul...»

Patrick Bourgeois, forum « Le Québécois », propos du 13 et 16 février 2006

On ne peut pas dire que la grâce y est accouplé avec le bien dit. Mais c'est tout de même le textuel ! Après avoir banni tous ceux qui ne disaient pas comme eux et après s'être bien assurés que tous les survivants de ces lieux de rencontres se soient mis en rang bien serrés autour d'une idée sectaire pour chanter les bienfaits de la sainte Cause à l'unisson ; après avoir souillé leur propre lit, voilà que les administrateurs des forums voués à la cause de l'Indépendance du Québec font du lèche-vitrine dans les « blogs » de ceux-là mêmes qu'ils ont éjecté et voilà qu'ils se mettent à ânonner dans leurs dos sans que ceux-ci ne puissent se défendre là où ils sont injuriés et malmenés.

J'ai toujours eu comme principe premier de ne pas m'arrêter aux attaques viscérales et d'éviter au possible de donner une voix à la bêtise humaine. Mais il est des moments, quand la passion se bute à la plus simple des raisons, où il faut prendre le temps de bien marquer ses abattis et de dire aux ânes qui nous ruent de la sorte de leurs sabots crottés, qu'ils doivent passer leur chemin et qu'ils n'ont aucun intérêt à souiller les prés qui les nourrissent de leurs idées.

Dans le monde de la raison, nul n'a d'intérêt à ce que les sots soient rois. Mais quand les sots se prennent à rêver qu'ils sont les porteurs de la pensée moderne et que c'est par eux et par eux seuls que doit passer la libération d'un peuple, il importe de les ramener à l'ordre en leur rappelant que, dans la grande étable de l'Humanité, on ne mêle pas les bourriques avec les chevaux de race et que le mariage d'un âne avec une jument ne donnera jamais autre chose qu'un mulet infertile et sans progéniture ! Ceux et celles qui, depuis quelques jours, parcourent les « blogs des bannis », car c'est ainsi qu'on devrait les appeler, sont en mesure de comprendre, avec les attaques répétées de l'auteur de « Nos ennemis les médias » (voir la précédente citation –les fautes de français sont de lui !), l'ampleur du vide dans lequel lui et son écurie se sont précipités.

J’aurais préféré qu’il en soit autrement mais, tout compte fait, on a toujours plus de chance de s’en tirer indemne avec un hâbleur empoisonné bien identifié, bien en face et bien en joue, qu’avec un autre qu'on aimerait bien ignorer et passer outre mais qui n'a aucun sens des vertus de l'honneur, de l'excellence et de l'élégance. « Je sais bien que l’indifférence serait plus haute et plus digne, écrit un jour Zola à son ami Valabrègue avec qui il causait de cette sorte de contentieux, mais si nous ne foulons les autres aux pieds, soyez certain qu’ils passeront sur nos corps »...

Akakia
17 février 2006

jeudi, février 16, 2006

Abou Ghraib et Guantanamo, la honte de notre civilisation et un crime contre l'Humanité !

Ce matin, j'aurais mille et un sujets de réflexion à vous suggérer, tous plus passionnants les uns que les autres. J'aurais plus spécifiquement aimé vous causer de la nomination officieuse de M. Yves Fortier, ex-ambassadeur canadien à l'ONU, comme négociateur en chef pour le gouvernement du Québec dans le dossier de l'Approche commune ; que dis-je, il aurait été bigrement pertinent de vous causer de la réplique musclée dégobinée par l'industrie forestière —via les servilités du journal « Le Quotidien » qui est le journal de l'UQAC, l'un et l'autre les tapis des multinationales qui nous pillent sans vergogne— eu égard au dernier coup de hache du poète Richard Desjardins. Certes, ces sujets de l'heure sont d'une importance capitale pour nous, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais ils m'apparaissent d'une importance sans commune mesure avec le scandale des tortures perpétrées à répétition dans les prisons militaires d'Abou Ghraib, en Irak, et de Guantanamo, sur l'Île de Cuba.

Lorsqu'on découvre, jour après jour, l'ampleur insoutenable des tortures infligées par les troupes américaines et le Pentagone —« au nom de la Liberté » (de qui ?!)— dans des endroits qu'ils écrasent de leurs bottes crottées, on comprend finalement que l'Humanité est encore beaucoup plus un projet qu'une réalité. Pardonnez mon coeur sensible à cette sorte de chose qui n'appartient qu'au genre humain (la torture, l'insoutenable torture, cette dépravation de la civilisation), mais à voir, ce matin, les photographies de prisonniers irakiens humiliés, torturés, souillés, il m'est absolument impossible de me dégager de ces images d'atrocités sans vous exprimer tout mon dégoût de ces gestes et mon total mépris envers ceux qui les pratiquent.

Dans un rapport accablant qui vient tout juste d'être publié, un comité d'experts de la Commission des droits de l'homme de l'ONU conclue que le gouvernement américain doit fermer le cachot de Guantanamo dans les plus brefs délais. Des 520 prisonniers qui s'y retrouvent enferrés du cou aux pieds, depuis le va-en-guerre américain de 2001, il a été établi que seulement 17 d'entre eux ont été officiellement accusés d'un crime quelconque, alors que les autres y croupissent dans le pire des isolements, sans avoir de charges précises portées contre eux, sans avoir droit à un avocat, et sans aucun recours contre leurs bourreaux qui se moquent du monde, qui n'ont de la justice, de la fraternité et de la liberté qu'une bien piètre idée puisqu'ils en sont les entraves.

Ces agissements perpétrés par les maîtres du monde qui bafouent leur propre Constitution par le biais de leurs chefs, sont une injure à l'oeuvre de la Création elle-même. C'est la loi du lion et des chèvres qui se perpétue, la loi de la brutalité humaine sur la raison de l'humanité. Quand on est incapable de dominer par la raison, on use de la force si on est le plus fort ; et on a beau plaider à la face de l'Univers qu'on saura utiliser ce pouvoir des dieux avec humanité et modération, cela n'est qu'une figure de style, qu'une manière de désarmer les consciences ! Car l'usage de la force ne sera jamais rien d'autre qu'une contrainte de l'autre afin de le soumettre à la brutalité de sa loi.

Akakia
16 février 2006

mercredi, février 15, 2006

L'Approche commune : les Ilnutsh refusent toujours de reconnaître les droits du peuple métis de la Boréalie !

Beaucoup d'agitation du côté des Ilnutsh qui nous annoncent, ce matin, mine de rien, qu'ils (le Conseil tribal Mamuitum) ont trouvé, en la personne de Carl Nepton, la perle rare appelée à les représenter à la table de négociations en vue de la signature du traité (l'Approche commune). Cette annonce, pour ceux qui ne sont pas au parfum de toutes les subtilités, fait suite à celle du gouvernement du Québec qui a dernièrement confessé son intention de conclure ce dossier fumant avant la fin de la présente année —et sans les Métis ! À cet égard, d'ailleurs, le ministre délégué aux Affaires autochtones du Québec (Geoffrey Kelley) a fait savoir qu'il serait au Lac-Saint-Jean, jeudi prochain (donc demain), pour sonner le départ de ce dernier droit et devrait donc en profiter pour nous dévoiler le nom de son propre négociateur. Pour le gouvernement fédéral, rappelons enfin que c'est M. Gilles Thériault qui occupera le siège.

Ne manque plus que le négociateur des Métis des régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean–Côte-Nord, pour que la table soit pleine... et pour que ce traité soit constitutionnellement valide. Mais ça, c'est une toute autre affaire ! Interrogé à cet égard, M. Carl Nepton a tenu du reste à exprimer ce matin (in «Le Quotidien») une brutale fin de non-recevoir ; s'appliquant ainsi à perpétuer tout le mépris qu'entretiennent les chefs ilnuths contre les autres peuples autochtones (Métis et Canadiens français) avec qui ils partagent pourtant un territoire, une histoire et une condition humaine communes.

Loin d'apporter la paix chez nous, comme les instigateurs de l'Approche commune et comme les gouvernements nous l'avaient promis, ce traité, qui n'est pas encore signé et qui attise toujours les passions, a eu pour triste conséquence de braquer les uns contre les autres et de faire naître des tensions raciales dont nous étions jusqu'alors et par bonheur épargnés. Appelé à commenter ces dernières annonces, M. René Tremblay, porte-parole officiel de la Communauté métisse du Domaine-du-Roy et de la Seigneurie de Mingan (CMDRM), un représentant qui sait faire l'éloge de la retenue dans les pires circonstances, n'a pas caché sa... « lassitude » (ici, le terme est plein de finesse pour décrire une grande tension chez le peuple métis de la Boréalie) eu égard au mépris des représentants ilnuths qui nous disent d'aller nous faire voir chez les Grecs !

Cette fin de non-recevoir tous azimuts, est d'autant plus difficile à accepter du fait que le peuple ilnut, qui a lui-même souffert de l'ostracisme, s'applique aujourd'hui à faire subir les mêmes souffrances à un peuple frère, le peuple métis, un peuple avec qui il partage pourtant des racines, une histoire, un territoire et une condition humaine communes. Devant un tel mur de mépris, que faudra-t-il faire pour que les Ilnutsh et les paliers de gouvernements supérieurs comprennent la réalité métisse du Québec et de la Boréalie ? Que faudra-t-il faire, pour qu'ils acceptent leurs devoirs sacrés face à un peuple qui a le droit de vivre, un peuple du reste pacifique qui aspire au bonheur et qui ne fait, en somme, que se prévaloir de son droit à la fraternité humaine dont il se réclame et dont il entend participer ?

Faire souffrir un peuple en lui enlevant ses droits qu'on ne lui reconnaît pas, est une mort en soi. Le nier d'existence, en est une seconde qui fait la première encore plus atroce...

Russel Bouchard
15 février 2006

mardi, février 14, 2006

La dernière Croisade

Note de l'auteur : le texte date un peu (première version, 13 septembre, version finale 22 septembre 2001, celle-ci), mais je crois qu'il convient dans la foulée du débat sur les caricatures de Mahomet. Je le publie pour combler le voeu exprimer par une personne de ce forum. Lorsque je l'ai rédigé, c'était ma façon à moi de ne pas accepter la peur imposée —américaine cette fois-là— et pour prendre mes distances avec mes représentants politiques que je trouvais d'une inacceptable lâcheté. Je ne suis pas sans peur et sans reproche, loin de là, mais je suis d'avis qu'il faut surmonter cette émotion qui n'est pas bonne conseillère quand la raison est impliquée. C'est tout. Un dernier mot : rien n'a été changé, ni les mots ni les titres. À vous de faire la part des choses...

« In God we tru$t ! »
Jeudi soir dernier, 20 septembre, le président Bush a convié son peuple —et la planète toute entière— à emboîter le pas à sa puissante caravelle pour la dernière Croisade. Une guerre sainte ! Encore une ! La neuvième depuis le XIe siècle. La vertu et la croix imprimées au bout des canons. Nous voilà bien pris. «Vous êtes avec nous, [ou] vous êtes avec les terroristes», a-t-il proclamé urbi et orbi en début de discours; un cri de ralliement ultime qui a un désagréable relent de jugement dernier. Aucune fuite possible. C’est l’un, ou c’est l’autre : avec la phalange de l’armée céleste ou avec celle de l’ombre. Que chacun choisisse son camp avant que l’archange Michel sonne la charge.

Bien qu’on nous assure que « Dieu est avec nous ! », je trouve particulièrement confondant de me faire acculer au pied du mur au son des trompettes de Jéricho et de me faire servir une telle menace par le gardien de la liberté incarnée, pour servir les impératifs d’une troisième guerre mondiale déclarée contre un ennemi invisible et encore mal ciblé, sous le prétexte de sauver la démocratie et d’enrayer la terreur subie par une autre terreur, encore plus meurtrière celle-là. En un moment si crucial, si chargé d’émotions, je trouve tout à fait contradictoire qu’on tente ainsi de faire pression sur mon jugement, qu’on tente de m’empêcher d’être un individu nuancé, capable de réfléchir par moi-même malgré les menaces proférées de part et d’autre, d’être un citoyen du monde assuré de la pleine jouissance de ses libertés fondamentales, autorisé de dissidence et d’humanité. Une démocratie qui requiert l’unanimité avec autant de force pour agir, est-elle encore seulement une démocratie ?

Misère de l’Amérique, misère des riches. Je n’oublie pas !
Du reste, je ne suis pas un spécialiste de la problématique géostratégique particulièrement complexe qui nous confronte. Tout est si démesuré, il y a tant d’émotion dans l’air et la propagande si habile. Même que j’ai du mal à en saisir l’abécédaire le plus élémentaire. D’ailleurs, cette affaire est si ténébreuse, si démesurée, qu’on ne sera probablement jamais certain de ce qui s’est réellement passé. Un éclair de mort et d’horreur s’est abattu sur notre monde à 8 heures 56 du matin, mardi le 11 septembre dernier... et puis le temps a basculé. L’affaire ne peut en rester là, bien sûr ! Mais j’ai cru comprendre de ce coup de clairon particulièrement soigné, de cet appel engageant où le nom du Canada a d’ailleurs été totalement omis dans la liste des remerciements (ce qui m’a profondément heurté car j’y ai vu le mépris du maître), que c’est l’Amérique triomphante qui part en guerre au nom de Dieu, et qu’elle n’entend pas passer les commandes aux institutions internationales pourtant créées pour ce faire ; une O.N.U. et un Conseil de Sécurité des Nations Unis étrangement serviles et muets soit dit en passant, des institutions internationales appelées, de fait, à jouer un rôle de simple caution morale à l’assaut final de cette guerre hégémonique, des institutions suprêmes qui, espérons-le, auront à rendre des comptes un jour ou l’autre.

« God bless America ! »
Tout compte fait, c’était le discours d’un preacher du Texas, le discours de l’homme le plus puissant de la planète, le discours astiqué et à peine contenu d’un homme qui se croit, sans l’ombre d’un doute, investi d’une mission divine et qui, manifestement, n’entend pas remettre en question la moralité du capitalisme américain, les injustices criantes dont il ne cesse d’être coupable et le monstre du terrorisme international qu’il a engendré que dis-je, d’un terrorisme d’État qu’il a lui-même incarné et qu’il incarne encore lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts qui se confondent avec ceux d’Israël ; un monde de terreur, entendons-nous bien, que je répudie tout autant. Et parce que le passé est garant de l’avenir, parce que je sais ce que signifie la politique de la Terreur, parce que je n’entends pas tomber de Charybde à Scylla, je n’embarque pas ! Du moins pas pour le moment. Et surtout pas sous la menace. Je m’impose un temps de réflexion. Car je suis conscient qu’une fois la vengeance assouvie, une fois sa justice rendue (!), le vainqueur aura décuplé sa puissance, et sa botte sera encore plus lourde à supporter.

Dans un moment fort de son discours, M. Bush a qualifié d’«hostiles» les États et les régimes qui allaient refuser d’emboîter le pas à l’armada américaine. «Hostile» ! C’est justement le qualificatif qu’avait attribué, aux poches de résistance indiennes, le président Ulysses Grant avant de sonner la charge de cavalerie pour la dernière campagne de destruction massive entreprise dans les territoires indiens de l’Ouest américain, en 1874. Et nous savons la suite : l’Ouest américain séculaire mis à feu et à sang au nom de l’Amérique nouvelle, des milliers de femmes et d’enfants tués à bout portant, des milliers d’hommes dépouillés de leur dignité avant d’être abattus, Little Bighorn (Little Bighorn, Mr Powell !), Wounded Knee, les derniers bisons, l’assimilation d’une culture millénaire à une culture nouvelle, la fin d’une splendide civilisation, et le reste et le reste qui nous ont conduits jusqu’à aujourd’hui. Oui ! que « Dieu bénisse l’Amérique ! », car de toute son histoire elle n’en aura jamais eu un si pressant besoin...

« Infinite justice ! »
Au-delà de la souffrance qui afflige présentement le peuple américain et à laquelle je compatis de tout mon coeur, je tiens à prendre mes distances avec cette opération de « Justice infinie ! » qui tend de plus en plus vers un autre massacre assisté. Je n’aime pas les combats qui prennent l’allure de croisades. Certes, justice doit être faite pour les atrocités commises, pour les morts d’hommes, de femmes et d’enfants innocents, et un frein définitif doit être imposé à la menace du chaos. À n’en pas douter, il faut enrayer avec célérité la loi de la Terreur que d’aucuns s’appliquent à magnifier au nom d’Allah. Pour le principe et pour la nécessité de l’action, j’en suis. Mais encore faut-il savoir qui est l’ennemi? (Et à ce titre, souvenons-nous seulement des conclusions hâtives qui ont suivi l’attentat d’Oklahoma City, en 1995, alors que les autorités fédérales américaines avaient erronément privilégié la « piste musulmane » (sic).) Au reste, qui est terroriste et qui ne l’est pas ? Qui doit décider de l’établissement de la liste des gens, des groupes et des pays ciblés ? Quel tribunal, américain ou international, devra juger les criminels capturés vivants ? Est-ce la guerre des États-Unis ou celle du monde libre ?

« Mort ou vif », la formulation à faire frémir de l’avis de recherche et les 25$ millions de dollars placés sur la tête du principal suspect de l’horrible affaire du World Trade Center, par le président Bush quelques jours après l’attentat, est on ne peut plus grotesque ! C’est justement l’envers d’une « Justice infinie ! ». Parce que la Justice et les règles de Droit qui la sous-tendent sont tout ce qui est sensé nous protéger des exactions, des erreurs de jugement et des abus du plus fort, il est conséquemment hors de question que je donne mon appui moral à une campagne de lynchage à la Roy Bean.* « Si la fermeté est nécessaire dans les temps difficiles, nous rappelle avec beaucoup d’à-propos Louis XIV, l’homme le plus puissant de la planète en son temps, elle ne convient qu’autant qu’elle appuie la justice et la raison. » De fait, outrepasser ce principe de base sensé régir les rapports entre les uns et les autres, entre les individus et l’État, nous rabaissera immanquablement à la moralité de ceux qui ont commis les atrocités du 11 septembre 2001. Et c’est, je le redoute, nous amener devant le portique de l’enfer!

Si c’est cette philosophie politique qui domine désormais les événements, il y a rupture avec la règle absolue qui doit régir la justice des hommes, et les terroristes ont gagné sur le vrai fond de la guerre qu’ils nous livrent ; ils nous ont rabaissés à leur bas niveau, ils ont fait s’installer la loi du chaos et de la Terreur, le parapluie de la démocratie ne protège plus personne. Nous avons lieu d’être inquiet !...

Cela dit, ne serait-ce que pour m’assurer que ce risque soit écarté, j’aurais apprécié qu’on se donne le temps de débattre, de soupeser, d’imaginer une issue aux innocents qui devront périr pour les fautes des autres, pour laver l’effroi et l’humiliation, pour être contraints de vivre dans des enfers fabriqués de longue date pour le profit et avec le support de l’Occident bienheureux. Et s’il faut y aller pour neutraliser une fois pour toutes cet ennemi tapi dans l’ombre —après qu’on se soit entendu sur la manière d’éliminer les conditions qui leur ont donné leur pouvoir—, alors suivons les règles internationales que nous nous sommes données pour ce faire, et serrons les rangs avec le reste de la planète... mais derrière les institutions entretenues à cet effet depuis un demi-siècle pour nous parer du pire —et non derrière ceux qui se sont donné comme projet de devenir les maîtres du monde. De fait, si c’est la guerre des États-Unis d’Amérique, alors qu’ils la fassent et souhaitons-nous bonne chance, c’est le sauve-qui-peut ; et si c’est la guerre du monde libre comme il l’a maintes fois répété dans son allocution, alors qu’il procède comme si s’était selon. C’est peu branché sur le discours politiquement correct, c’est imprudent d’oser l’écrire par les temps qui courent, mais c’est ma vision des choses telles qu’elles se présentent aujourd’hui...

Russel Bouchard
Historien
22 septembre 2001

*Roy Bean, juge réputé de l’époque héroïque du Texas, qui s’est distingué par sa manière expéditive d’administrer la justice. Parole célèbre qu’il avait prononcée au terme d’un jugement arbitraire pour l’assassinat d’un manoeuvre chinois par un cheminot irlandais : « Il n’y a aucun empêchement majeur de tuer un Chinois. Plainte déboutée. » Clac !

Dans la foulée de Voltaire, « écrasons l'infame » !

« Nous osons croire, à l’honneur du siècle où nous vivons, qu’il n’y a point dans toute l’Europe un seul homme éclairé qui ne regarde la tolérance comme un droit de justice, un devoir prescrit par l’humanité, la conscience, la religion ; une loi nécessaire à la paix et à la prospérité des États. » Cf. «Avertissement des éditeurs de Kehl, au Traité sur la Tolérance, de Voltaire, 1763, vol. 38, p. 119.

« Écrasons l'infâme », ce cri du coeur de Voltaire contre l'intolérance sous toutes ses formes, a été lancé en 1759, dans le délire meurtrier de la Guerre de Sept Ans et de l'affaire Calas (1762, un négociant calviniste de Toulouse, accusé injustement du meurtre de son fils qui s'était manifestement suicidé ; l'homme fut roué et étranglé par la justice d'alors simplement pour ses croyances religieuses). À l'époque, Voltaire guerroyait contre le « despotisme de l'esprit » et la « rage de dominer », et il s'en prenait à l'intolérance qui passait par la monarchie de droit divin, la supersticion et le fanatisme religieux, autant protestant que chrétien. Comprenons, avec les derniers événements, que le monde n'a pas encore été soulagé de cette disfonction de l'humanité. C'était l'horrible époque de «Candide», le roman des romans, à mon avis l'oeuvre la plus achevée du Patriarche de Ferney. Un petit bouquin de rien du tout, que G.W Bush et consorts devraient lire et s'appliquer à comprendre, ce qui permettrait peut-être au galant, à sa blonde et à ses chats de respirer un peu...

Akakia

lundi, février 13, 2006

Les règles d'Akakia

La règle première de ce blog, c'est le respect des opinions et la tolérance ; la règle deux, c'est le respect des autres et de la différence ; la règle trois, la politesse. Les propos haineux et racistes, la menace et la vulgarité sont totalement proscrits. Tout propos qui contrevient à l'une de ces règles sera éliminé sans autre forme de procès. Échangeons rudement s'il le faut, mais proprement. Faisons-nous comme une sorte de bonheur d'être dignes et propres, faisons-nous comme une sorte de dignité d'être généreux. Un dernier mot : faites-nous apprécier pleinement votre opinion en la signant de votre nom...

Et, de grâce, ne nous salissez pas en «dompant» ici les délires du Conseil de la Souveraineté du Québec !

Akakia ou
Russel Bouchard

Les caricatures de Mahomet : NE CÉDONS PAS À LA MENACE !...

Chicoutimi, le 13 février 2006

L'affaire de la forêt et les petitesses de nos éditorialistes vendus à la cause des multinationales de la forêt (ce matin c'est Bertrand Tremblay, du Le Quotidien, qui tire son fiel sur le poète, alors que le journal n'a publié que des articles pro-industriels) pourra bien attendre une journée ; ce qui presse, c'est de prendre position ouvertement et rapidement dans l'affaire des caricatures de Mahomet. La peur, c'est le début de la tyrannie, et si nous laissons faire, nous subissons, nous perdons notre liberté de parole et nous sommes les esclaves de ceux qui ont intérêt à répandre cette peur.

Passez le message partout autour de vous ! Ces politiques —qui ne sont pas foutus de nourrir tout leur monde convenablement, car ceux qui font cela sont des politiques— ne peuvent toujours bien pas soumettre la planète toute entière avec des préceptes qui remontent à l'époque des Croisades. Plus nous serons à envahir les médias et l'Internet en dénonçant et en refusant ce régime de terreur, plus ils deviennent impuissants. Je vous soumets, ce matin, ma petite part de liberté et de courage, et j'exprime sans ambages mon refus de plier sous la menace. J'en appelle à la solidarité humaine pour la liberté des hommes et des femmes. Je vous demande de ne pas plier. Que tout cela soit bien clair !

Faites, chacun à votre manière, votre petit bout pour empêcher ce délire de s'étendre ; témoignez-nous, et témoignez-leur de votre refus, total et entier, de la tyrannie. Publiez quelque chose, ne serait-ce qu'un gros NON vibrant. Écrivez : « NON À CEUX QUI UTILISENT LE PRÉTEXTE DE LEUR PROPHÈTE POUR SOUMETTRE LA PLANÈTE ! ». Dieu, qu'il soit celui de Mahomet, de Jésus ou de Yaveh, n'a pas de parti politique, et s'il en avait un, s'il se présentait à une élection, je ne voterais pas pour Lui. On a toujours bien assez de problèmes avec les calamités de l'humanité sans le placer en tête de liste !...

Akakia

dimanche, février 12, 2006

Journal intime

Il faut refuser passionnément d’être autre chose que des humains, des êtres de mémoire, dignes, libres et faisant l’Histoire.
Russel Bouchard, Journal intime, 13 octobre 2003.

vendredi, février 10, 2006

La liberté d'expression, un privilège de rois au pays du Saguenay

NOTE de ce samedi 11 février 2006 :
Comme le journal «Le Quotidien » n'a pas voulu publier ma dernière lettre ouverte, le dossier est ouvert à tous ceux et celles qui aimeraient deviser sur cette question doublement controversée, entendons la surexploitation honteuse de la forêt du Québec, et les journaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean mortellement soumis envers les intérêts des multinationales...
Un dernier point : montrez-nous que vous méritez tout notre respect en signant votre commentaire de votre vrai nom.


***

La liberté d'expression, un privilège de rois au pays du Saguenay

Ce matin, 10 février 2006, dans le journal « Le Quotidien », l'ex-ministre Jacques Brassard publie une longue plaidoirie en faveur des industriels de la forêt et en remet sur le dos du poète Richard Desjardins. Intéressé à donner mon propre point de vue (je suis quand même l'auteur du seul livre qui relate une histoire exhaustive de la forêt au Saguenay*), j'ai envoyé, coup sur coup, deux papiers pour donner mon impression à ce journal et à d'autres, mais aucun n'a été publié à ce jour. « Le Quotidien », plus particulièrement, qui a donné la voix à son journaliste Louis Tremblay, au recteur Michel Belley, à Guy Chevrette et à Jacques Brassard (comprenez que toutes ces voix, sans exception, dénoncent Desjardins), n'a pas publié au préalable le feuilleton du poète (ce qui est encore plus troublant eu égard à la liberté d'expression). Pourtant, dans sa longue lettre aux Saguenéens, M. le recteur en appelle au « débat qui nous concerne », jugeant lui-même ce dossier « beaucoup trop sérieux pour laisser place à l'improvisation et à la démagogie ». Ce dont nous nous accordons avec lui et nous nous investissons dans cet esprit.

M. le recteur dit encore partout où il se commet que « quiconque veut interroger, remettre en question et même contester les avancées scientifiques de [ses chercheurs patentés] a la liberté et le privilège de le faire ». Jusqu'ici, on me permettra de nourrir un certain doute par rapport à la volonté réelle d'en débattre sur la place publique par les mêmes canaux médiatiques. Facile de vanter les mérites de la « liberté » de parole et du « privilège » de l'exprimer quand on est le seul a y avoir droit ! Doublement facile d'avoir raison dans un débat quand tous les intervenants tirent dans la même direction !!

Au lecteur de tirer ses propres conclusions...

Akakia

* Russel Bouchard, « Annales de l'industrie forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean (1945-2000) », (A compte d'auteur), Chicoutimi, 2004, 515 pages, 1250 notes et références en bas de page. Prix, 40$ l'unité, plus 8$ de frais d'expédition.

jeudi, février 09, 2006

« Haro sur le baudet » !!!

Par la plume in-habituellement vinaigrée de son recteur, M . Michel Belley, l'Université du Québec à Chicoutimi fustige Richard Desjardins dans les journaux du matin, et le somme de s'excuser auprès des chercheurs de l'UQAC qui, dit-il, « oeuvrent avec rigueur, depuis plus de 20 ans, à mieux comprendre notre forêt boréale afin d'en assurer la pérennité ». En effet, dans un pamphlet d'une rare intensité, le recteur rappelle au chanteur-poète abitibien que le milieu de ce haut savoir qu'il défend et représente de tous ses titres et prétentions, exige « rigueur, intégrité et humilité », et l'accuse, rien de moins, de « malhonnêteté intellectuelle » et de « démagogie ». Cela me rappelle soudainement une méchante fable où il est question d'animaux atteints d'une maladie qui a tout de la peste, « un Loup, quelque peu clerc » qui cherche un coupable, un peuple indolent qui n'en n'a rien à foutre tant qu'il n'en est pas personnellement atteint (de la peste), et un baudet sur qui pèse tous les soupçons.

Pour bien comprendre de quoi il ressort, on se rappellera que Desjardins, l'auteur de « L'erreur boréale », ce méchant gamin, qui fait la vie dure aux multipuissants de la forêt, a publié, la semaine dernière, dans les grands journaux du Québec, une série de six chroniques où il questionne, entre autres et avec beaucoup d'à-propos : 1, la bonne volonté du « Mystère » des Ressources naturelles du Québec dans les suites positives à donner au rapport Coulombe ; 2, l'industrie forestière, pour les rapines qu'elle n'a de cesse de perpétrer dans les derniers bouquets d'épinettes noires de la Boréalie québécoise ; 3, l'ex-ministre Guy Chevrette, passé de décideur de l'État à défenseur des intérêts des multis de la forêt (aussi bien dire vendeur de chars usagés) ; et 4,5,6, « Les «Docteurs Mailloux» de la foresterie boréale de l'Université du Québec de l'endroit [qui] vont essayer de faire avaler cette fraude intellectuelle aux éditorialistes du coin » afin que ces derniers puissent expliquer au bon peuple l'origine du problème —nommons les « environnementalistes » et les « Indiens », ces boucs-émissaires tous désignés...

Ce qui nous ramène au papier que j'ai personnellement rédigé la semaine dernière, en appui aux commentaires de Desjardins, papier qui, soit dit en passant, a été envoyé à tous les journaux du Québec, dont « Le Quotidien » du Saguenay. À ce jour, aucun des journaux sollicités n'a accepté de publier mon papier, préférant donner la tribune aux hérauts de l'industrie multipuissante qui semblent s'être donnés le mot pour écraser le poète écolo. Pour ceux qui ne vivent pas dans le fief de l'UQAC, des papetières et de l'Alcan, il faut savoir que le journal « Le Quotidien » est régulièrement pointé du doigt par les « écolos gauchistes » (le terme est de Jacques Brassard, un chroniqueur hebdomadaire du journal, qui a lui aussi l'assurance d'avoir toujours raison dans cette Maison), pour la vie facile qu'il fait aux développeurs, à l'Alcan et aux forestières, pour être l'appendice médiatique de l'UQAC, et pour être le chien de garde du statu quo de la désintégration régionale.

Et pour ceux qui ne connaissent pas les lettres de créances du recteur Michel Belley, il faut savoir que ce charmant garçon à qui j'ai eu plusieurs fois l'occasion de serrer la pince (!) n'est pas tout à fait libre de ses sentiments eu égard à l'industrie forestière qui sévit au Saguenay–Lac-Saint-Jean avec une grande aisance qui ne va pas sans le léchage de bottines de cette cohorte de petits commensaux qui se traînent à ses pieds. En effet, pour être en mesure de mieux juger des tenants et aboutissants de cette vive discussion, il me faut rappeler qu'en 1994 (Le Quotidien, 15 octobre 1994, p. 3), M. Belley agissait à la fois comme président d'Amisk (l'usine de panneaux gaufrés de Chambord) et professeur de finance de l'UQAC ; ce qui le place directement, sinon en conflit d'intérêt, du moins très très près des intérêts qui lient l'industrie forestière régionale à l'UQAC dont il fut du reste appelé à prendre la gouverne.

Désolé, M. le recteur, faudra repasser pour les remontrances allant à l'encontre de la « démagogie », pour la transparence dans le dossier fumant de la forêt, et pour la nature des principes moraux qu'on prétend vouloir défendre. Quand il s'agit de morale et d'affaires publiques, il y a un principe de base souverain voulant que quand on tir des roches, mieux vaut ne pas habiter une tour de verre...

Akakia

mercredi, février 08, 2006

La Boréalie, un pays en gestation...

Pour les nationalistes de la « nation civique franco-québécoise » qui ne digèrent pas mes commentaires sur la balkanisation du Québec, la grande presse nationale nous apprend ce matin que le maire de Kénora, petite ville du nord-ouest de l'Ontario, siège ces jours-ci sur un comité chargé d'évaluer la possibilité que sa région se sépare éventuellement de sa province et s'annexe à la voisine Manitoba. Pour les Ontariens, qui n'ont jamais été capables de se faire à l'idée de l'indépendance du Québec, imaginez ce que ce genre de projet peut signifier. Le virus québécois, comme la grippe aviaire dont on craint tant et si bien l'arrivée dans nos demeures, a muté pour devenir transmissible aux humains qui parlent franglais...

Selon ce qui ressort de la nouvelle officielle signée PC (Pierre Cantin !?!), il appert que la Boréalie ontarienne vit à peu-près les mêmes stress que la Boréalie québécoise, et qu'elle n'entend plus subir sans combattre la tiersmondisation de son économie. Tant qu'à faire dans la déchéance, se disent les pères de cette étude décapante, cessons d'être les vaches à lait de Toronto et de sa périphérie, et associons notre destinée à celle du Manitoba ; ce qui aurait pour conséquence magistrale de leur donner 11 députés, un poids infiniment plus significatif que les trois sièges qu'elle compte parmi les 105 de l'assemblée nationale.

Le cas de la Boréalie ontarienne n'est pas sans nous rappeler celui de la Boréalie québécoise, tiersmondisée par un mauvais programme de répartition de la richesse collective qui se fait au profit de Montréal. Dans cette foulée, on aura intérêt également à se rappeler, qu'il y a à peine six ans, en 1999, un député à la Chambre des Communes, André Harvey, du comté de Chicoutimi, prônait déjà la provincialisation de sa région, pour se libérer de l'étreinte métropolitaine (Montréal) qui s'emploie, avec un mortel succès, à sucer tout ce qui se produit au Nord et en périphérie.

Évidemment, le cas de la région de Kénora ne risque pas d'être décidé au cours du prochain mandat ni dans le suivant. Ce qu'il faut retenir cependant de ce programme sorti de la tête d'un groupe de décideurs crédibles, c'est l'existence d'une fracture canadienne nord-sud. Une fracture marquée par des disparités économiques endémiques de plus en plus visibles, des écarts qui se vérifient dans le processus de désintégration socio-économique de ces régions, fruit d'un mauvais programme de répartition de la richesse collective nationale et d'une péréquation déréglée qui permet aux grandes villes du sud de s'enrichir sur le dos des plus pauvres qui se retrouvent invariablement au nord.

Au rythme où vont les choses, les méfaits du réchauffement de la planète aidant, le nord polaire s'ouvrant à des perspectives nouvelles, les Indiens les Métis et les Canadiens français appelés au réveil ; eu égard, donc, à cette nouvelle réalité, il n'est pas interdit d'imaginer que la pauvreté canadienne, qui se retrouve justement dans sa nordicité, se retrouve autour d'une même table pour élaborer les articles d'une constitution souveraine marquant la naissance d'un nouveau pays, la BORÉALIE ! Dans le langage des historiens, on appelle cela une utopie, une utopie qui doit déjà en faire rêver plus d'un...

Akakia

mardi, février 07, 2006

Le Jonquiérois Jean-Pierre Blackburn accède au saint des saints, à Ottawa

Décidément, les régionaux n'ont rien perdu pour attendre. La nomination du député de Jonquière/Alma, Jean-Pierre Blackburn, au ministère du Travail, est un coup de maître qui risque de donner du fil à retordre au BLOC (et au PQ), lors de la prochaine et prévisible élection fédérale qu'on estime devoir se tenir d'ici deux ans, deux ans et demi tout au plus. Ce sang du terroir saguenéen qui sent bon l'épinette noire, donnera des parfums de Boréalie à ce parquet d'initiés qui se faisait dégénéré à force de venir de l'opposition bloquiste. De toute évidence, cette nomination qu'on s'était plu à attendre, est destiné à convaincre les Québécois qu'ils ont plus de chance de tirer leur épingle du jeu à Ottawa s'ils sont au pouvoir que s'ils n'y sont pas.

En tout cas, si j'étais Michel Gauthier (Roberval), le second du premier, condamné jusqu'à ce que mort s'ensuive à hurler et vociférer comme un déchaîné sur les banquettes de l'opposition ; oui, si j'étais ce Jeannois qui vit dans sa datcha de Gatineau et que j'avais vu ma majorité électorale fondre comme neige au soleil, j'aurais de quoi m'inquiéter. Et je le serais davantage si j'étais Gilles Duceppe et que je n'avais que des cris de désespoir à offrir à mes compatriotes. Car s'il fallait que les trois comtés du Saguenay–Lac-Saint-Jean passent au fédéral, ce serait là l'annonce d'une mort assurée pour son parti sinon pour l'Option et pour la sainte Cause...

Je vous aurai averti...

Akakia

lundi, février 06, 2006

Jim Prentice, nouveau ministre des Affaires Indiennes... et des Métis

Ça y est, le couperet est tombé ce matin (6 février), le premier ministre Stephen Harper a nommé M. Jim Prentice, député de Calgary-Centre, « ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien et interlocuteur fédéral auprès des Métis et des Indiens sans statut ».

Avec un titre long comme le bras, espérons que M. notre très honorable représentant ministérié auprès du Parlement fédéral saura bien représenter les intérêts des Métis du Québec, car c'est sur lui que reposent maintenant nos espoirs politiques (ce qui pourrait nous éviter d'avoir recours aux tribunaux pour faire valoir nos droits les plus fondamentaux). Pour ceux et celles qui, comme moi, ne savent encore ni d'Ève ni d'Adam de ce dernier venu dans le long house des nations autochtones du Canada, disons simplement que M. Prentice était, dans l'opposition, le représentant du PC en telle matière, et qu'il avait dû se défaire (lors de la dernière campagne électorale) des questions décapantes du Grand Chef Phil Fontaine qui lui reprochait ses déclarations pour le moins contradictoires eu égard au respect des derniers accords entre le fédéral et les Autochtones.

On aura intérêt à se rappeler également, que M. le très honorable ministre Prentice ne s'était pas privé pour pourfendre le gouvernement Martin, lors de la dernière campagne électorale, déclarant alors qu'on « ne [pouvait] pas faire confiance au gouvernement libéral à ce sujet, [et qu'un] gouvernement conservateur s’engagerait à instituer une réglementation stricte pour garantir que toutes les Premières nations ont accès à de l’eau potable. »

Maintenant qu'il y est, à lui de nous dire ce qu'il entend faire avec la question métisse, un problème en gestation qui ne demande qu'à s'envenimer depuis le prononcé du jugement Powley, à l'automne 2003.

Akakia
Le Métis

L'anthropologue Claude Lévi-Strauss et le racisme... culturel (sic !)

Commentant les propos de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, la chroniqueuse Catherine Clément écrit (in «Magazine littéraire», Hors-série no 5, 4e trimestre 2003, p. 17) : « Un pas plus loin. Un pas choquant, qui offense encore le catéchisme. Il est normal que les membres d’une communauté se placent au-dessus des autres, et les méprisent : sans quoi les valeurs culturelles s’effondrent. Les peuples dits « primitifs », voire, ce qui est pire, « les vrais », « les bons », « les excellents », voire ce qui est pire, « les hommes », alors que tous les autres sont « singes de terre » ou « oeufs de pou ». Racisme ? Non dit Lévi-Strauss. Protection est distance nécessaire. À vouloir tout réunir, on aseptisera tout. C’est ainsi que disparaissent les petits groupes dont il appelle de ses voeux la survivance, la résurrection et la protection : pour que les cultures existent dans leur diversité, il faut ne pas vouloir les unifier, et laisser entre elles cette bonne distance si difficile à préserver. Gardons, nous dit-il, le terme de racisme pour la doctrine qui confond culture et patrimoine génétique. De cette doctrine, il fait table rase. Mais il exige en contrepartie la protection des petits groupes et de leurs trésors menacés. » (C. Lévi-Strauss, « Lévi-Strauss, l’ethnologie ou la passion des autres »).

Bien dit et fondamentalement vrai. Mais quelqu’un, un Parisien comme lui, par exemple, qui observe des groupements ethno-culturels de l’extérieur à ceux-ci, comme des rats de laboratoire, peut se permettre cette appréciation. Sa culture, à lui, n’est pas menacée. Mais quelqu’un qui vit cette menace, qui vit le drame de sa propre disparition en tant que membre d’une culture, par rapport à une autre —les Métis et les Canadiens français du Saguenay–Lac-Saint-Jean, par exemple, contre les Ilnutsh qui profitent d'une faveur politique outrancière par les temps qui courent— ne le peut radicalement pas. Ce serait contribuer à leur propre mort culturelle. Et c'est ce qui est en train de nous arriver...

Akakia

Avis aux visiteurs

Étant tout à fait novice dans ce mode de communications, encore malhabile à naviguer dans mon propre blog, j'en appelle à votre indulgence en ce qui a trait à la publication de vos messages. Croyez bien qu'il ne s'agit aucunement de sensure de ma part, mais d'une simple capacité de gérer cet arrivage. J'imagine avoir réglé d'ici peu ce problème et pouvoir faire mieux...

Merci de votre compréhension.
Akakia

dimanche, février 05, 2006

Cherche éditeur pour mon prochain livre

Chicoutimi, le 5 février 2006,
Bonjour à la France.
C'est dimanche. Il est huit heures du matin, j'ai fini mon petit déjeuner (quatre tosses et deux cafés crème). Le chat (Menuet) me fait les yeux doux en ronronnant pendant que la neige joue devant la grande vitre de mon bureau, sis au deuxième étage de ma maison. Pour les Français qui ne me connaissent ni d'Ève ni d'Adam, je suis écrivain bien connu dans mon milieu et je travaille présentement à l'introduction d'un livre de correspondances que j'entretiens depuis 1990 avec l'un des vôtres, un Levionnois, né à Langrune-sur-Mer, en 1941, et vivant aujourd'hui à Versailles. C'est mon ami, mon meilleur pour mieux dire, et c'est pourquoi j'entends titrer mon livre « Lettres à mon ami Levionnois : de Chicoutimi à Versailles en passant par le XVIIIe »). 

Je cherche à étendre ce lien d'amitié avec la France de mes amours par la publication de ce livre qui sera accompagné du journal intime de mon voyage en France, en 2001. Si le coeur vous en dit et si vous connaissez un éditeur intéressé à vivre cette aventure livresque, faites-m'en part par retour de courriel. En discuter n'engage à rien...

Mes amitiés à vous et à vos chats...

Russel Bouchard

samedi, février 04, 2006

Éloge à Voltaire : le désastre de Lisbonne

Russel Bouchard, in « Plaisir de dire d'écrire et dédire », 2003.

Cette époque me tue, j’en souffre, je doute de la suite et je le dis. Ce que nous traversons est absolument atroce et d’aucuns nous promettent qu’il faut pratiquer la patience et l’abandon car c’est là, plaident-ils, le passage obligé avant d’accéder au meilleur des mondes. Pas question de me laisser emporter pour autant par un optimisme désarmant, un optimisme dans lequel tout ce beau monde s’abandonne puisqu’il est à la mode de dire qu’il faut vivre d’espoir et de courage, qu’il faut voir positif, être zen.

Puisqu’on nous assure que le monde auquel nous aspirons et pour lequel nous nous préparons est définitivement meilleur que celui-ci, il faut donc admettre que nous vivons dans le pire des mondes et que le meilleur est à venir, bien que le pire pourrait encore nous affliger. « On a besoin d’un Dieu qui parle au genre humain. L’optimisme est désespérant. C’est une philosophie cruelle sous un nom consolant », écrit Voltaire à ce sujet dans une correspondance du 18 février 1756. « Il est démontré, poursuit-il dans son fabuleux « Candide », que « tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles », ce qui est cruellement vrai, et « que les choses ne peuvent être autrement ; car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement la meilleure. [...] Par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien, ont dit une sottise », et il leur fallait dire plutôt « que tout est au mieux ».

Cela dit, l’espoir n’est pas de prétendre que tout va pour le mieux quand on sait le contraire ; et l’optimisme n’est pas de se détourner du combat qui s’offre à nous sous prétexte que le pire peut survenir encore à tout moment pour s’imposer sur les décombres de l’humanité. Si on fait mine de voir le monde actuel sur un beau côté quand il n’y est pas, s’il suffit de dire que tout est bien quand la souffrance marque la mesure, il faut alors convenir que même la mort ne saura nous délivrer du malheur. Et « on ira de malheur en malheur », comme le dit encore le philosophe des Lumières qui a de la difficulté à accuser le choc du désastre de Lisbonne où ont péri, en novembre 1755, environ 60,000 personnes ; et on ira de malheur en malheur vu que c’est là la destinée de l’humanité, vu que c’est dans cet état qu’on se porte pour le mieux depuis que les portes du paradis perdu, où logeait alors le meilleur des mondes, se sont refermées derrière notre grand-père Adam, après qu’il eût été convaincu, par une sotte femme, qu’il pouvait accéder à quelque chose de meilleur à ce qui était déjà fort bien. [...]

Pensée du jour à méditer

« Quiconque trouve du plaisir à marcher au pas en rangs serrés au son de la
musique, est pour moi d’emblée un objet de mépris.
Son cerveau ne lui a été donné que par erreur, la moelle épinière lui aurait
amplement suffit ». Albert EINSTEIN
VOLTAIRE À FERNEY
26, Grand' Rue
01210 Ferney-Voltaire

P.-S. À vous d'en faire vôtre, de la récupérer, de la passer aux autres avant que je la remplace par une autre. À défaut d'inspiration quotidienne et du temps que cela nécessite pour publier des commentaires de fond, ce sera ma manière à moi de rendre vivant ce blogue. AKAKIA

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Réaction d'un ami lecteur :
C'est une bonne idée, Russel !
Cette pensée de Einstein, l'orsqu'il était à sa fenêtre et regardait passer les soldats de l'armée allemande, est ma préférée ! Au cours des années je l'ai transformée en : « En regardant ces jeunes soldats, sous ma fenêtre, marcher au pas en rangs serrés au son de la musique et des tambours, je me dit qu'ils n'ont nul besoin de cerveau, une moelle épinière leur suffit. »
Courtoisie : Zach Geebello

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Réaction d'un ex-militaire :
Bon Matin Russel
J'aime bien ta dernière pensée du jour :
Ce bon vieil Einstein avait bien raison…
Je suis un ancien militaire de carrière et, effectivement, on ne nous enseigne pas à penser mais seulement à obéir aux ordres.
Ton site est très bien et très inspirant. Bon travail !
Amicalement.
Simon
Montmagny, sous le verglas !

Réponse de Russel : C'est un ami, Guy Vandal, qui a le mérite de ce blogue. N'y connaissant strictement rien en cette matière, c''est lui qui l'a monté pour moi. Il faut le féliciter pour ce travail...

vendredi, février 03, 2006

L'Approche commune : dispute raciale entre citoyens de la Haute Cote-Nord et Ilnutsh

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le projet de Traité contenu dans le protocole d'entente signé par les deux paliers de gouvernements supérieurs et les Ilnutsh (une nation fictive, soit dit en passant, créée grâce au mercenariat des historiens et des anthropologues amérindianophiles), n'a pas fini de susciter la controverse et d'attiser le racisme auprès des populations régionales directement impliquées.

Comme gâchis social et politique et comme instrument de décadence sociétale, difficile de faire mieux ! Moins de deux ans après la signature de l'entente préliminaire (le 30 mars 2004), alors que le ministre délégué aux Affaires autochtones du Québec (Geff Kelley) se cherche toujours une manière de nous l'enfoncer par derrière, on nous apprend que les citoyens de la municipalité de Forestville et de la MRC de la Haute Côte-Nord se sont vus spolier leurs droits d'exploitation des ressources hydrauliques par le ministère des Ressources naturelles qui a décidé de réserver, en exclusivité, cette richesse à une poignée d'Indiens qui seraient bien mal foutus de démontrer leurs liens ancestraux avec ceux qui ont accueilli Jacques Cartier, en 1534. L'article qui suit, signé Shirly Kennedy, parle de lui-même et témoigne d'un dérapage historique que j'avais personnellement prédit dans un texte publié le 31 mars 2004 dans le journal « Le Quotidien », sous le titre « Approche commune : l'acte de décès de notre collectivité ». Voyez plutôt :

««« Une importante assemblée publique aura lieu à Forestville le mercredi
1er février prochain à compter de 19 heures à la salle Ginette B. Sirois
du complexe Guy-Ouellet de Forestville, afin de permettre aux citoyens
d’établir un plan d’actions stratégiques afin de contrer l’offensive de
la première nation de Betsiamites et son chef Raphaël Picard.
Situées en plein cœur de Forestville, les chûtes des 4 et 5 milles sont
convoitées par le chef Picard qui a entrepris des travaux visant
l’aménagement de deux mini-centrales. Ce dernier a également confirmé
que sa communauté sera le seul promoteur, le seul investisseur et le
seul bénéficiaire pour ce projet.
Étant donné que la signature de l’entente de principe par les
gouvernements et les autochtones confèrent à ces derniers des droits sur
tout le territoire, la démarche actuelle de Raphaël Picard est non
souhaitable pour la région selon certains citoyens qui craignent que ce
modèle risque de s’étendre à d’autres niveaux tels que dans le domaine
de la forêt, la faune, les mines, l’eau potable, la pêche, etc. Il
semble de plus que le titre aborigène des autochtones aurait priorité
même sur les propriétés privées et municipalisées. Les lois juridiques
du Québec et du Canada, qui semblent légitimer toutes prises de
propriété et de revendications territoriales par les autochtones,
démontrent qu’en droit et en fait, n’ont plus selon toute vraisemblance,
aucun pouvoir de défense du droit des non-autochtones.
C’est pourquoi la situation d’incertitudes et d’instabilité sociale dans
laquelle les gouvernements ont plongé la région en relation avec la
démarche antidémocratique entourant la question de l’approche commune et de l’entente de principe d’ordre général inquiète grandement les
citoyens qui croient que la démocratie a préséance sur tous les faits
historiques, politiques et économiques.
Shirley Kennedy »»»

Les Montréalais ne pourront faire seuls l'Indépendance !

Lettre d'un Métis Saguenéen au nationaliste Gilles Rhéaume

M. Rhéaume (Gilles),
Depuis une semaine maintenant, les Nationalistes du Québec se confondent dans les analyses de la défaite électorale du BLOC, car défaite inquiétante il y a réellement eu en effet le 23 dernier, je ne vous le fais pas dire. Chacun y va de sa petite analyse, le nez en l'air, la condamnation au bout du verbe, en méprisant les électeurs de la Capitale qui ont massivement glissé à droite, et en tentant de trouver une explication qui soit tout sauf conjoncturelle. Et si le résultat des élections, à Québec, trouvait une part de son explication dans la fracture entre Montréal et le reste du Québec ? Y avez-vous seulement pensé ? Pour bien réfléchir à la question, je vous invite à considérer également la victoire du PC, dans Jonquière/Alma, où le candidat élu (Jean-Pierre Blackburn) a pu profiter de l'appui important de têtes d'affiches indépendantistes, considérées jusqu'ici comme des inconditionnels.

Je parcours ces forums (dont ceux du « Conseil de la Souveraineté du Québec », du « Le Québécois » et de l'AAQ) depuis environ trois mois, et j'y ai découvert un véritable clivage (qui se dégrade d'ailleurs) entre la vision montréalisante de l'indépendance du Québec et celle des régions. Le mépris et l'arrogance des maîtres de ces forums écorchent ; l'un d'eux, celui du « Le Québécois », a même été jusqu'à nous bannir sans autre forme de procès pour avoir été décapant, et avoir persisté à dire en dehors du discours officiel (bannir d'un forum de discussion, c'est quand même pas rien !). Voyez simplement votre propre comportement à l'égard de ceux qui, comme moi et bien d'autres, tentent de vous faire comprendre que le Québec n'est pas Montréal (l'eut-il du reste déjà été qu'il ne l'est plus !).

Ne vous en déplaise M. Rhéaume, le Québec, c'est évidemment Montréal, mais c'est aussi les autres : Montréal (l'Île et la Montérégie), l'autre Sud (la Laurentie), le Centre (la Boréalie) et le Nord (la Jamésie). Pas deux Québec en un comme il a déjà été écrit et publié ; mais quatre voire cinq Québec en un ! Et, cela étant, la population québécoise n'est pas tout à fait franco-québécoise, dans le sens de la multi-ethnicité comme les Montréalais de la « nation civique » (sic) l'estiment et la désirent. La société québécoise a radicalement changé depuis 1980, et davantage depuis 1995. De monolithique qu'elle était, elle est devenue multi-ethnique, multi-culturelle, multi-confessionnelle, multi-linguistique. S'il y a des arrivants que le Québec se doit d'intégrer et d'inviter à sa Cause comme doit le faire une société tolérante et ouverte, ce dont je me réclame, il y a également une diversité ethno-culturelle autochtone plus au nord (Métis, Indiens, Inuits, Canadiens français), une autochtonie —incontournable— que vous prenez erronément comme acquise. Mais c'est s'enfermer dans le rêve et la pensée magique que de voir encore le Québec comme cela, féal vassal de Montréal (la rime n'est pas voulue), soumis au diktat de la Métropole en perdition. Les Montréalais ouvrent leur coeur à la multi-ethnicité Montréalaise qu'ils ont du reste créé et qui est fort louable en soi, mais ils refusent —dans la réalité des faits— de reconnaître celle qui grouille au nord, à l'ouest et à l'est, la réalité profonde, historique, sociologique, économique et culturelle.

Et pour comprendre cette réalité qui est en train de muer sous vos yeux, vous avez besoin de nous entendre, nous les régionaux. Vous devez vous ouvrir au lieu de vous recroqueviller dans votre confortable univers. Pas de trouver une manière de nous faire taire, comme vous êtes en train de le programmer (il suffit de vous lire dans vos forums, pour apprécier votre errance à cet égard), mais plutôt d'entrer en contact avec nous, avec générosité et ouverture d'esprit. Présentement, nous (les « TDC de Fédéralistes », comme vous nous appelez, simplement parce que nous refusons de penser comme vous) sommes le seul lien d'échanges que vous avez avec une réalité qui vous échappe, la réalité extra-montréalaise. Ce serait une erreur que de nous pousser à fermer nous-mêmes le contact avec vous et avec vos médias électroniques (car j'y suis presque). Nous venons d'ailleurs de le faire avec les forums de l'AAQ (Alliance autochtone du Québec), une organisation de plus en plus montréalisée que vous tentez d'infiltrer et qui n'entend pas plus cette réalité que vous.

Plus nous avançons dans le temps, plus le fossé entre vous et nous s'élargit, une réalité qui risque de se sacraliser dans le résultat de la prochaine élection fédérale. Comprenez cela. Je vous aurai averti en toute amitié !

Akakia

Le Dr Akakia -passez le mot...

Les journaux officiels boudent tout ce qui sort du rang et du langage ampoulé dont ils se font les propagateurs ; qu'à cela ne tienne, profitons de ce nouvel univers internétois pour nous libérer des journaux officiels et nous parler entre nous...

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le bonhomme, sachez simplement que le premier Akakia du nom fut médecin de François 1er et que son petit-fils fut celui de Louis XIII, un roi de France que j'affectionne plus particulièrement pour son courage, son esprit de sacrifice et l'unité qu'il a donnée à la nation française (à laquelle nous faisions du reste partie à l'époque). En un autre temps, Akakia fut le pseudonyme qu'employa Voltaire pour ridiculiser Maupertuis dans un pamphlet d'une rare intensité titré la « Diatribe du docteur Akakia », à l'époque où le Patriarche de Ferney faisait des génuflexions à la cour de Frédéric II, roi de Prusse, un philosophe qui aimait les poèmes, Voltaire... et ses jeunes tambours ! C'est ce coup de langue de vipère génial, qui m'a d'ailleurs inspiré dans la rédaction du pamphlet « La calotte », une dénonciation des divagations d'un généalogiste mal inspiré, qui s'est du reste perdu dans le désert de la « nation civique franco-québécoise », l'épitaphe de la nation canadienne-française et le cimetière de la nation québécoise tout court...

Mon blogue est donc déjà accessible. Je vous invite à le visiter de temps à autres, laissez-moi un mot au passage si vous en avez le goût (et le courage), et laissez votre marque de visite. Prière de prendre note que je ne retiendrai aucunement les messages haineux, inélégants, bourrés de fautes de français et mal inspirés, de même ceux qui ne seront pas identifiés du nom réel et de l'adresse courriel du signataire (je m'engage toutefois à ne pas dévoiler l'un et l'autre si vous me le demandez et à signer du pseudonyme de votre choix). On a le courage de ce que l'on pense et de ce que l'on dit, ou on se tient pénard en s'abreuvant du courage et de la vérité des autres...

Je vous demande de passer le mot aux autres. Voici mon numéro de blogue (http://akakia.blogspot.com/) qu'il vous faut inscrire dans vos signets.

Russel Bouchard ou Akakia

L'Hydro-Québec, ou le retour de la menace !

Chicoutimi, le 3 février 2006

La nouvelle sortie dans Le Quotidien de ce matin (« Les Innus ne veulent pas de barrage »), concerne la remise à l'ordre du jour du projet de construction d'un barrage sur l'Ashuapmushuan. Comme on sait, le gouvernement du Québec (à l'époque péquiste) avait demandé à la population régionale, voilà dix ans à peine, de choisir entre le projet de la Péribonka et celui de l'Ashuapmushuan pour ajouter une centrale de plus à notre réseau hydroélectrique déjà surchargé. La population blanche et autochtone, solidement interpellée par la voix du gros bon sens, avait alors choisi de construire cette future unité sur la rivière Péribonka, parce que déjà souillée par trois grosses centrales (Chute du Diable, Chute à la Savane et Chute des Passes) ; ce qui fut fait avec beaucoup d'empressement.

Maintenant qu'elle a ce qu'elle voulait, l'H.-Q. (dans la réalité des faits, une multinationale américaine par les dettes faramineuses qu'elle a contractées envers les banques US de la Nouvelle-Angleterre) ressort le dossier de l'Ashuapmushuan, toujours en laissant miroiter des emplois qui ne viendront jamais. Ce projet est insoutenable sur le plan environnemental et totalement inacceptable pour les régionaux qui trouvent qu'ils ont assez donné à la Patrie, à l'H.-Q et aux industriels venus du sud.

Alors, à la voix des écologistes qui dénoncent le retour de cette menace de destruction massive (au nom des retombées économiques régionales et des milliers d'emplois qui ne viendront jamais, car un barrage n'est pas taxé sur le territoire en question mais à Québec, et ne produit, dans la réalité des faits, aucune jobbe permanente), s'ajoute donc ce matin, dans le journal Le Quotidien, la voix des Ilnutsh qui en profitent pour s'affirmer sur le plan territorial, ce qui leur permet de remettre l'Approche commune dans les gros titres des journaux. C'est tout. Et les gens n'y voient que du feu.

Il y a les pro-jobbe$ et pro-contrat$ (des chômeur$ qui ont faim et des opportuniste$ sans vision d'avenir souqués par les élu$ du Haut du Lac ayant à leur tête le ministre libéral de Roberval, Karl Blackburn), et il y a ceux qui jugent, à juste titre, que la rivière Ashuapmushuan est un joyau du patrimoine hydrique qu'il faut préserver pour les générations futures. Inutile de préciser que je fais partie de ceux et celles qui considèrent ce projet comme une menace environnementale à la fois insoutenable et injustifiable, un leurre économique qu'il faut s'empresser de dénoncer, et une autre duperie de l'État québécois envers les régionaux tiermondisés que nous sommes !...

Akakia

mercredi, février 01, 2006

La forêt publique du Saguenay–Lac-Saint-Jean sous respirateur artificiel

Chicoutimi, le 2 février 2006
« La population de plus de 250 villes et villages forestiers au Québec sont en train de se rendre compte que leur ressource [forestière] a été gérée non pas en fonction de ce que la forêt peut produire, mais en fonction de la capacité de produire des usines », écrit Richard Desjardins, dans un décapant post-mortem qu'il fait de la Commission Coulombe, et qu'il a réussi à publier in extenso dans différents journaux du Québec. Voilà, pour le moins, un constat pas bien encourageant qui risque de mettre de l'encre dans la plume de l'ex-ministre péquiste, Jacques Brassard, ex-collègue parlementaire et ami d'alcôves de l'ex-ministre Guy Chevrette, grand chasseur d'orignacs, pourfendeur de la modération et ennemi viscéral des artistes, des « écolos gauchistes » et du gros bon sens.

Les commentaires de Desjardins coulent des sources de l'Évidence et les faits qu'ils dénoncent lui donnent, hélas, raison ! Ce que l'auteur de « L'erreur boréale » écrit aujourd'hui est, en effet, de la plus stricte réalité concernant, à la fois, les agissements condamnables de cette pieuvre industrielle et l'attitude comparse du club des ministres du gouvernement du Québec (toutes options confondues). Les architectes patentés de la forêt québécoise ont beau raconter qu'il se coupe 20% moins de bois chez nous, au Saguenay–Lac-Saint-Jean (qui fournit du reste 25% de la matière ligneuse produite annuellement au Québec, bien que cette région ne possède que 16% du potentiel forestier commercial et qu'elle ne retire qu'environ 7% d'emplois liés, une perte de 30% par rapport à l'an 2000) ; il n'empêche que le cortège funèbre de camions gorgés de copeaux, de pitounes, de planches et de deux par quatre, n'a pas baissé son rythme malgré les gémissements de l'ex-ministre Chevrette associés à ceux de son ex-collègue Brassard, dégommés la même journée du mois de janvier 2002 et devenus, depuis, hérauts des exploitants.

Comme résident de Chicoutimi établi le long de la route Ste-Anne–Tadoussac, je puis témoigner de ce que je vois d'heure en heure, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois : malgré le discours rassurant du ministre actuel, le nombre et le rythme de camions chargés de bois et de copeaux augmente au lieu de diminuer ; ce qui a changé et ne cesse de changer, ce sont la taille des arbres qu'ils transportent, toujours plus petits, le nombre des usines forestières en activité dans notre région qui a rétréci comme une peau de chagrin, et le nombre des emplois liés à cette industrie, qui s'est littéralement effondré.

Cela étant, je m'associe à Richard Desjardins pour dénoncer : 1- l'incurie gouvernementale en matière de foresterie québécoise et en matière de redistribution de la richesse collective ; 2- pour demander qu'on mette un frein le plus rapidement possible à cette rapine assassine où l'État québécois sert de gardien d'enclos au profit des multinationales du bois et du papier ; 3- pour demander une enquête publique sinon judiciaire eu égard au copinage mafieux des parlementaires qui, après avoir représenté les intérêts des Québécois en tant qu'élus du peuple, oeuvrent maintenant comme conseillers et défenseurs des intérêts de l'industrie ; et 4- pour demander au gouvernement du Québec de reprendre le contrôle de cette ressource nationale majeure et « de créer une sorte de Régie des forêts, indépendante et du gouvernement et des compagnies ».

Russel Bouchard,
Historien
(auteur du livre « Annales de l'industrie forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean » (2004)
et coauteur du collectif « Le Pays Trahi » (2001)
Chicoutimi